Contre-point…
Comme si la vague coupait l’eau, retroussait le sable, redessinait l’ourlet de la laisse de la mer, en effaçant les châteaux de sable…
Le soleil raie la vitre des nuages, éclabousse les mottes de sable, étend le voile de la mariée, danse avec l’écume de la vague, qui émousse l’estran
Il ne suffit pas de pointer la cible, le geste accompagne la flèche, arc tendu vers l’infini avant d’aller à l’essentiel
Toi la terre et moi l’eau, qui s’enfonce dans tes labours, creuse des sillons dans les méandres de ton lit, ride ta surface minérale, en attendant que poussent les graines, diwan…
Les enfants écrivent avec la main des oiseaux, enfoncent la plume dans l’encrier de leurs songes afin de capter le sens des mots
Les rameaux de varec’h détachés par les tempêtes échouent sur la laisse de mer, bâton de réglisse que le sable entortille afin de dessiner ses arabesques
Courbure de la feuille ou du geste. Qui essaie en vain de cadrer l’autre ? Rien n’apaise les sentiments lorsque le désir incline à s’envoler vers l’abstraction, à sortir de soi
Le trait comme une virgule, trait d’esprit ou signe d’évasion, plume d’ange qui égrène le vent, cet amant impossible à saisir à la volée. Vibrations du point virgule, lorsque le point s’échappe et va à la ligne.
Je veux voir tes veines couler entre mes doigts,
résister à la houle des mots sans faire front, onduler le geste, courber la ligne en autant d’arabesques, avec des points de suspension…
La course des cheveux dans le vent
traversant les arbalètes de la pluie
Des feux follets de tendresse pour sortir l’épine au coeur de l’ouvrage
lorsque tout chavire
Ce sont les mots qui disent le pays. Les touches de couleur du peintre aussi.
C’est par le corps que ce pays se rencontre et inscrit sa trace, la pression du regard et des doigts au centre de la page, la confrontation de la terre et de l’estran entre les lignes de vie. L’expire de la pensée
Je ne sais d’autre chemin que de vivre cette expérience physique et poétique pour en effleurer l’âme.
La confrontation des contrastes, la présence de l’insolite. Des taureaux furieux traversent des torrents de pluie.
Guy Prigent
9 janvier 2020
On peut espérer, début juillet, sur le tertre du festival, face à la mer, t’entendre dire ces deux très beaux textes. Grand merci à toi pour cette belle contribution.
Amitiés.
Jean Pierre