Opter pour la simplicité sera souvent aller vers la sincérité
Bannir les oripeaux, les joyaux, les grelots
Ouvrir la vérité, casser le fabriqué
Aller à l’essentiel, mépriser les faux nez
Savoir alors tout bien considéré
Qui est celui qu’on aime et qu’on veut regarder
Un peu d’humanité et de chagrin caché
Ou un bloc miroitant pétri de fausseté
Des esprits éminents ont exprimé l’idée
Que la simplicité habillait les niais
C’est une erreur grossière, sachons bien distinguer
La finesse, l’intuition, la perspicacité
De l’esprit embrouillé perdu dans la conformité
Car la simplicité met au défi bien des complexités
Elle démêle les fils autant que les idées
Et ne s’arrête enfin qu’à l’épure du vrai
Lorsque chercher encore serait mentir et se dissimuler
Sans fard et sans effets, visant l’honnêteté
Elle se trouve plus forte en s’étant dépouillée
Merci Dominique de nous avoir fait partager ta réflexion sur la simplicité qui permet « d’aller à l’essentiel « après avoir banni » les oripeaux, la joyaux, les grelots » Tu as su trouver les mots pour évoquer « l ‘épure du vrai ». et mettre en valeur « la finesse, l’intuition, la perspicacité » qui s’opposent au « clinquant « ,au » fabriqué » , à « la fausseté » et à « la conformité ». Tu as bien raison de t’élever contre ceux qui ont « exprimé l’idée que la simplicité habillait les niais ».
De plus en plus souvent, les pas de ma mémoire
Mènent à cette cour, à l’ombre du tilleul,
Où le pelage roux d’un très vieil épagneul
Glisse vers le ruisseau que le clair soleil moire.
Ma mère sur le seuil, brandissant l’écumoire,
Hampe de mousse rose aux reflets de glaïeul,
M’appelait d’un signal entendu de moi seul :
« S’il te plaît, viens m’aider !… Je range mon armoire ».
Les pots de prunes d’or, les coulis de cassis,
Sagement s’alignaient, dans un ordre précis,
Prometteurs de desserts et de goûters de prince.
Les bonheurs d’autrefois exhalent leurs odeurs :
Prisonniers du placard dont l’ample porte grince,
Ils chuchotent des mots parfumés de pudeurs.
Yvonne Le Meur-Rollet
dans le recueil « Sur les sentiers de la mélancolie »-2019
J’suis pas un bouffon qu’a grandi / dans un’banlieue à graffiti
Moi, j’suis un gars du bord de mer/ et j’suis pépère
Tous les jours/ été comme hiver/ je vois la mer…
« La poésie,/ c’ goss’ il aim’ça »
Disait l’ instit’/d’l’écol’ primaire
« Mais l’orthograph’/ et la grammaire
C’est pas la pein’,/ ça rentre pas,
Ce qu’il préfèr’/lui, c’est la mer ! »
Il ajoutait:/ « Pour les devoirs
C’est jamais fait/ car tous les soirs
Il attrap’vit’ /son épuisette
Pour aller pê/cher la crevette
Avec son pèr’/ j’peux rien y faire »
J’ai pas beaucoup/ aimé l’ collège,
C’était pas cool… Et d’puis – j’abrège –
J’m’occup’ des moul’ / sur les bouchots…
Moi qui rêvais/ de piloter
De grands bateaux…/ J’ram’ au bas d’l’eau…
Car la marin’ /est sinistrée
On n’embauch’ plus/ d’puis bell’lurette
Bien obligé/ de m’contenter
D’un vrai boulot/d’proximité,
A marée bass’/ sept jours sur sept.
Mon ch’min caress’/l’ bord de la mer
J’ vois s’envoler/ tous les oiseaux
Qui pass’l’hiver/ au fond d’ l’estuaire…
Et qu’il fass’froid,/ ou qu’il fass’chaud
J’respir’ de l’iod’/ et du grand air.
« T’es un sportif,/ un écolo,
Toi, tu réchauff’/pas la planète »
M’a dit un type / un cadr’ high-tech’
Qui d’puis qu’la cris’/ touch’les bobos
Se retrouv’à sec/ sans un kopeck.
« Quell’chanc’ t’as mec/ de vivr’dans c’ bled »
M’répèt’ un gus/ qui vient camper
En minibus/ tous les étés
Et rest’des heur’/ face à la mer
En s’empiffrant/ d’moul’ marinières.
J’suis pas un bouffon qu’a grandi/ dans un’ banlieue à graffiti
Moi j’suis un gars du bord de mer/ et j’suis pépère
J’écris du slam , et je jubil’/ dans ma presqu’île.
Ce matin j’ai vu presque une île,
au milieu de l’eau,
au milieu du ciel,
diluée sur l’horizon.
J’avais rencart à dix heures pile
avec des oiseaux,
devant l’éternel,
partage d’une oraison…
Une fois de plus Michèle, sur le ton de la confidence, tu parviens à exprimer des sentiments profonds en employant des mots simples qui, par cette magie dont tu as le secret , composent la petite musique douce-amère de l’amour et de la peine.
–
Vous et Moi
Sur le quai d’une gare
Quelques pas seulement nous séparent
Bientôt viendra le moment de l’Adieu
Entre nous ce fut si simple
L’esquisse d’un sourire
L’échange d’un regard
Une main tendue qui n’est pas refusée
Entre nous ce fut joyeux
Joyeusement simple, simplement joyeux
Peut-être parce que nous avions si peu de temps
Peut-être parce que nos coeurs en hiver
Découvraient Etonnés le goût du bonheur
Entre nous pas de serments éternels
Juste la promesse de vivre Vous et Moi chaque minute, chaque seconde, chacune des millièmes de secondes qui nous étaient donnés comme si elles étaient les dernières de nos vies
Sans passé sans avenir
Nous n’avons partagé
Que ces quelques instants
Volés au crépuscule désenchanté de nos vies
Instants fragiles
Si précieux à nos yeux
Que rien ni personne
N’auraient pu en briser l’harmonie
Vous et Moi
Sur le quai d’une gare
Pour la dernière fois
Vos mains douces et légères
Effleurent en tremblant mon visage
Quelques mots à peine murmurés
Et puis lentement
Vous vous éloignez sans vous retourner.
La vie de l’autre est un mystère
Pour celle qui le regarde
En silence
Du haut de son balcon
L’homme qu’elle aime est au jardin.
Il peint en vert
Des chaises de métal rouillé.
Tout se passe bien pendant une heure,
Puis la pluie commence à tomber.
Il se met à l’abri
Sous un auvent étroit
Tout en pestant contre le mauvais temps.
Un peu plus tard
Attendant que le soleil revenu
Ait fini de sécher les gouttes tombées sur la peinture
L’homme va regarder la mer
Au-delà de la barrière.
Cela dure un moment…
Puis il replonge son pinceau
Dans le pot
De peinture verte
Sans un mot.
( Yvonne Le Meur-Rollet , dans le recueil « La façade des jours ». inédit)
Un bol entre les mains,
Souffler sur un café chaud
Derrière la fenêtre,
Regarder au loin se dégourdir,
Les premiers rayons du soleil.
Endosser un vieux manteau,
Nouer un cache col autour de son cou,
Chausser les bottes en caoutchouc
Et partir voir la mer.
Flâner sur la plage,
Humer l’odeur iodée
Du goémon mouillé
Et avaler goulûment
L’air frais venu du large.
S’amuser des oies sauvages
Qui montent et qui descendent
Sur le manège des vaguelettes
S’échouant près du rivage.
S’attarder sur la crête des vagues
Frangée d’écume blanche,
Sur la découpe d’un rocher là bas.
Ecouter le ressac,
Le flux des petits rouleaux
Mourant dans les coquillages,
L’appel d’une mouette,
Le souffle du vent sauvage
Sur la dune à peine éveillée.
Lever le nez rougi
Pour boire le soleil timide
Et se dire en fermant les yeux
Qu’est-ce qu’on est bien ici !
Tout ce que tu exprimes dans ce poème Louisette, je le ressens régulièrement quand je me promène le long des plages et, comme toi, je me dis: » Qu’est-ce qu’on est bien ici! »
Avec des mots simples et bien choisis, tu rends un très bel hommage à notre presqu’île .
Maman posait devant elle,
Sur la grande table en bois
Tous les ingrédients nécessaires à sa recette.
Pour ne pas perdre une miette,
Je buvais tous ses gestes
Et sur le bord de la table,
Attentive ,je posais ma joue…..
Autour de l’échine ,sur un lit de saindoux,
Dans le grand plat ovale,
Généreusement disposées
Les pommes de terre, en gros carrés,
Jouaient des coudes
Dans la foule des quartiers d’oignons.
Une fois salée ,poivrée, beurrée
Arrosée avec application,
La viande sans attendre, disparaissait
Dans la gueule béante
Du vieux fourneau émaillé ……
Je humais les effluves, les odeurs
De graisse grillée ,de sauge et de beurre
De jus caramel, d’ail puissant
Que cette viande en cuisant,
Diffusait dans la modeste cuisine
Et ces arômes gourmands,
Ces parfums alléchants,
Réjouissaient mes narines ……
Quand maman posait le rôti
Dans son plat sur la table,
Le plus savoureux des repas
S’offrait à mes yeux.
La croûte grésillante, ruisselante de jus,
Les patates dorées
Les oignons croustillants,
Promettaient un festin sans pareil.
Alors ,mes papilles en éveil
Félicitaient le rôti du dimanche:
« Tu as l’air bien bon toi
Je vais me régaler! »
Derrière ses mots simples,
il conserve un trésor
qu’il engrange en silence et au fil des saisons
sous l’épais capiton de son regard très bleu
et de sa bouche close.
Il écoute le vent dansant dans les vieux trembles
et respire l’odeur des algues sur l’estran.
Il caresse souvent des galets dans ses paumes
creuses comme les vagues
que l’écume festonne.
Il observe de loin les oiseaux qui se posent
sur les grands troncs flottés déposés par la nuit…
Remontant les sentiers,
il cueille les prunelles
que le gel a fripées
sur les haies de novembre.
Sous ses semelles craquent
les herbes de l’hiver
quand, bravant les frimas,
il marche sur la dune
en soufflant dans ses mains.
Attentif aux émois précoces du printemps,
il débusque toujours les premières jonquilles
dans les prairies gorgées des pluies de février.
Il réjouit sa langue
des fleurs de chèvrefeuille
et déguste les pousses
de l’oseille sauvage, aux premiers jours d’avril.
Il salue des deux bras
les bavardes bernaches
qui s’en vont retrouver leur Sibérie natale
après avoir passé plusieurs mois dans la baie.
Et lorsque juin arrive, il marque la Saint-Jean
en retaillant les palmes
de sa haie de lauriers.
Pour fêter dignement le quatorze juillet
il dispose au salon un bouquet bleu-blanc-rouge,
et de son canapé,
il suit le défilé sur les Champs-Élysées,
fredonnant pour lui seul le Chant des Légionnaires
qu’il ponctue, en riant, de gestes cadencés.
Et puis, par les soirs d’août,
il s’adosse au pignon de sa maison trop grande
et regarde filer les nuages rosés
qui plongent au couchant derrière la colline.
Il passe alors ses doigts sur ses joues un peu grises
et se rappelle ceux qui sont partis ailleurs,
impatients et rieurs, conduisant des berlines
aux criardes couleurs,
ou qui ont pris des cars, des trains, des corbillards,
sans même un au revoir.
Il leur parle tout bas et leur dit simplement :
« Je ne vous oublie pas, je prends juste mon temps… »
Simplement je suis là
Tu peux parler ou te taire
Simplement je suis près de toi
Dans la paix ou dans la guerre
Tu peux compter sur moi
Que tu chantes ou que tu désespères
Je suis toujours avec toi
Que tu partes dans la vie solitaire
Mon esprit accompagne tes pas
Partout où tu es, j’existe
Tu es une partie de moi
La plus belle
Celle dont je suis fière
Simplement sur cette terre
Tu es là
Et longtemps, longtemps, après moi.
Je voudrai, en ce début d’année 2021, remercier les auteurs qui nourrissent de leurs poèmes cette rubrique de notre site qui, je le sais, est très visitée. Merci donc aussi aux nombreux lecteurs et visiteurs qui osent discrètement ouvrir cette page. Discrètement car ils ne laissent aucune trace de leur passage. C’est bien dommage car un petit commentaire même laconique permettrait de créer du lien entre auteurs et lecteurs. Alors Amis de la poésie communiquer dans cet espace en commentant à votre guise les poèmes qui vous surprennent, vous entraînent vers d’autres rives…
C’est vrai
je n’avais rien à dire.
Alors
j’ai laissé ma fenêtre
grande ouverte.
Les deux rideaux se sont chargés des mouvements
des émigrés,
tandis que moi je m’efforce
d’éclairer la nuit
avec une seule
orange.
Je remercie celles qui ont fait d’aimables commentaires sur mes textes et je félicite les auteurs des choix thématiques. La fenêtre, tout particulièrement a éclairé le sombre décembre. Que la simplicité fasse long feu et nous réchauffe longtemps, au moins jusqu’au printemps !
Annie COLL
La simplicité
Opter pour la simplicité sera souvent aller vers la sincérité
Bannir les oripeaux, les joyaux, les grelots
Ouvrir la vérité, casser le fabriqué
Aller à l’essentiel, mépriser les faux nez
Savoir alors tout bien considéré
Qui est celui qu’on aime et qu’on veut regarder
Un peu d’humanité et de chagrin caché
Ou un bloc miroitant pétri de fausseté
Des esprits éminents ont exprimé l’idée
Que la simplicité habillait les niais
C’est une erreur grossière, sachons bien distinguer
La finesse, l’intuition, la perspicacité
De l’esprit embrouillé perdu dans la conformité
Car la simplicité met au défi bien des complexités
Elle démêle les fils autant que les idées
Et ne s’arrête enfin qu’à l’épure du vrai
Lorsque chercher encore serait mentir et se dissimuler
Sans fard et sans effets, visant l’honnêteté
Elle se trouve plus forte en s’étant dépouillée
Dominique Verdé de Lisle
Merci Dominique de nous avoir fait partager ta réflexion sur la simplicité qui permet « d’aller à l’essentiel « après avoir banni » les oripeaux, la joyaux, les grelots » Tu as su trouver les mots pour évoquer « l ‘épure du vrai ». et mettre en valeur « la finesse, l’intuition, la perspicacité » qui s’opposent au « clinquant « ,au » fabriqué » , à « la fausseté » et à « la conformité ». Tu as bien raison de t’élever contre ceux qui ont « exprimé l’idée que la simplicité habillait les niais ».
Parfums d’enfance
(ou Bonheurs simples)
De plus en plus souvent, les pas de ma mémoire
Mènent à cette cour, à l’ombre du tilleul,
Où le pelage roux d’un très vieil épagneul
Glisse vers le ruisseau que le clair soleil moire.
Ma mère sur le seuil, brandissant l’écumoire,
Hampe de mousse rose aux reflets de glaïeul,
M’appelait d’un signal entendu de moi seul :
« S’il te plaît, viens m’aider !… Je range mon armoire ».
Les pots de prunes d’or, les coulis de cassis,
Sagement s’alignaient, dans un ordre précis,
Prometteurs de desserts et de goûters de prince.
Les bonheurs d’autrefois exhalent leurs odeurs :
Prisonniers du placard dont l’ample porte grince,
Ils chuchotent des mots parfumés de pudeurs.
Yvonne Le Meur-Rollet
dans le recueil « Sur les sentiers de la mélancolie »-2019
Une vie simple
( Slam du bord de mer)
J’suis pas un bouffon qu’a grandi / dans un’banlieue à graffiti
Moi, j’suis un gars du bord de mer/ et j’suis pépère
Tous les jours/ été comme hiver/ je vois la mer…
« La poésie,/ c’ goss’ il aim’ça »
Disait l’ instit’/d’l’écol’ primaire
« Mais l’orthograph’/ et la grammaire
C’est pas la pein’,/ ça rentre pas,
Ce qu’il préfèr’/lui, c’est la mer ! »
Il ajoutait:/ « Pour les devoirs
C’est jamais fait/ car tous les soirs
Il attrap’vit’ /son épuisette
Pour aller pê/cher la crevette
Avec son pèr’/ j’peux rien y faire »
J’ai pas beaucoup/ aimé l’ collège,
C’était pas cool… Et d’puis – j’abrège –
J’m’occup’ des moul’ / sur les bouchots…
Moi qui rêvais/ de piloter
De grands bateaux…/ J’ram’ au bas d’l’eau…
Car la marin’ /est sinistrée
On n’embauch’ plus/ d’puis bell’lurette
Bien obligé/ de m’contenter
D’un vrai boulot/d’proximité,
A marée bass’/ sept jours sur sept.
Mon ch’min caress’/l’ bord de la mer
J’ vois s’envoler/ tous les oiseaux
Qui pass’l’hiver/ au fond d’ l’estuaire…
Et qu’il fass’froid,/ ou qu’il fass’chaud
J’respir’ de l’iod’/ et du grand air.
« T’es un sportif,/ un écolo,
Toi, tu réchauff’/pas la planète »
M’a dit un type / un cadr’ high-tech’
Qui d’puis qu’la cris’/ touch’les bobos
Se retrouv’à sec/ sans un kopeck.
« Quell’chanc’ t’as mec/ de vivr’dans c’ bled »
M’répèt’ un gus/ qui vient camper
En minibus/ tous les étés
Et rest’des heur’/ face à la mer
En s’empiffrant/ d’moul’ marinières.
J’suis pas un bouffon qu’a grandi/ dans un’ banlieue à graffiti
Moi j’suis un gars du bord de mer/ et j’suis pépère
J’écris du slam , et je jubil’/ dans ma presqu’île.
Yvonne le Meur-Rollet ( 2017)
Ce matin j’ai vu presque une île,
au milieu de l’eau,
au milieu du ciel,
diluée sur l’horizon.
J’avais rencart à dix heures pile
avec des oiseaux,
devant l’éternel,
partage d’une oraison…
CJT
Simplement l’entendre
Je suis bêtement venue l’entendre,
répète-le
cent fois
veux tu ?
Redis-le à tête fendre,
redis-le … que tu ne m’aimes plus.
Mon cœur a besoin de l’entendre
encore et encore
un peu plus.
Mon cœur a besoin de t’entendre
pour battre
un peu moins … à ta vue.
Michèle PETTAZZONI
Une fois de plus Michèle, sur le ton de la confidence, tu parviens à exprimer des sentiments profonds en employant des mots simples qui, par cette magie dont tu as le secret , composent la petite musique douce-amère de l’amour et de la peine.
–
Vous et Moi
Vous et Moi
Sur le quai d’une gare
Quelques pas seulement nous séparent
Bientôt viendra le moment de l’Adieu
Entre nous ce fut si simple
L’esquisse d’un sourire
L’échange d’un regard
Une main tendue qui n’est pas refusée
Entre nous ce fut joyeux
Joyeusement simple, simplement joyeux
Peut-être parce que nous avions si peu de temps
Peut-être parce que nos coeurs en hiver
Découvraient Etonnés le goût du bonheur
Entre nous pas de serments éternels
Juste la promesse de vivre Vous et Moi chaque minute, chaque seconde, chacune des millièmes de secondes qui nous étaient donnés comme si elles étaient les dernières de nos vies
Sans passé sans avenir
Nous n’avons partagé
Que ces quelques instants
Volés au crépuscule désenchanté de nos vies
Instants fragiles
Si précieux à nos yeux
Que rien ni personne
N’auraient pu en briser l’harmonie
Vous et Moi
Sur le quai d’une gare
Pour la dernière fois
Vos mains douces et légères
Effleurent en tremblant mon visage
Quelques mots à peine murmurés
Et puis lentement
Vous vous éloignez sans vous retourner.
Elisabeth Thomas-Loridan – le 19 / 01 / 2021
» Ce fut si simple »… et tellement précieux pourtant.
Très beau texte, subtil, riche et complexe malgré la simplicité revendiquée
Histoire simple
La vie de l’autre est un mystère
Pour celle qui le regarde
En silence
Du haut de son balcon
L’homme qu’elle aime est au jardin.
Il peint en vert
Des chaises de métal rouillé.
Tout se passe bien pendant une heure,
Puis la pluie commence à tomber.
Il se met à l’abri
Sous un auvent étroit
Tout en pestant contre le mauvais temps.
Un peu plus tard
Attendant que le soleil revenu
Ait fini de sécher les gouttes tombées sur la peinture
L’homme va regarder la mer
Au-delà de la barrière.
Cela dure un moment…
Puis il replonge son pinceau
Dans le pot
De peinture verte
Sans un mot.
( Yvonne Le Meur-Rollet , dans le recueil « La façade des jours ». inédit)
Bonjour et meilleurs voeux à vous
Voici 3 poèmes simples ou simples poèmes
Le poème révèle-t-il l’âme
ou bien l’âme révèle -t-elle le poème?
Le poème est-il simple ?
ou bien
un simple poème ?
***********
Vivre
Apprend-on jamais à vivre ?
pour le futile
A vivre sans blêmir
sans outrages au bon goût
A vivre pour la lumière
et la bonté
***********
L’ eau
Le matin, je donne de l’eau aux fleurs
aux plantes de la cour
C’est un geste solennel
apaiser la soif, désaltérer
Et je reçois en échange
je ne sais quoi
comme une onde de volupté
Les fleurs sont belles
la journée peut commencer
***********
A bientôt
Annie Coll
LE BONHEUR TOUT SIMPLEMENT
Un bol entre les mains,
Souffler sur un café chaud
Derrière la fenêtre,
Regarder au loin se dégourdir,
Les premiers rayons du soleil.
Endosser un vieux manteau,
Nouer un cache col autour de son cou,
Chausser les bottes en caoutchouc
Et partir voir la mer.
Flâner sur la plage,
Humer l’odeur iodée
Du goémon mouillé
Et avaler goulûment
L’air frais venu du large.
S’amuser des oies sauvages
Qui montent et qui descendent
Sur le manège des vaguelettes
S’échouant près du rivage.
S’attarder sur la crête des vagues
Frangée d’écume blanche,
Sur la découpe d’un rocher là bas.
Ecouter le ressac,
Le flux des petits rouleaux
Mourant dans les coquillages,
L’appel d’une mouette,
Le souffle du vent sauvage
Sur la dune à peine éveillée.
Lever le nez rougi
Pour boire le soleil timide
Et se dire en fermant les yeux
Qu’est-ce qu’on est bien ici !
Louise Montagne -14 janvier 2021-
Tout ce que tu exprimes dans ce poème Louisette, je le ressens régulièrement quand je me promène le long des plages et, comme toi, je me dis: » Qu’est-ce qu’on est bien ici! »
Avec des mots simples et bien choisis, tu rends un très bel hommage à notre presqu’île .
L’hiver en toute simplicité (quatre haïkus)
____________________________________________
Les mouettes tournent
Le pré à demi gelé
Une mer hostile
____________________________________________
Oiseaux sur les fils
Notes noires de l’hiver
Portées dans les airs
____________________________________________
Branches dénudées
Une seule feuille au faîte
Chimiothérapie
____________________________________________
Le soleil d’hiver
Un rêve d’été transperce
La branche dormante
____________________________________________
Michèle PETTAZZONI
LE RÔTI DU DIMANCHE
ET LES PATATES AUTOUR.
Maman posait devant elle,
Sur la grande table en bois
Tous les ingrédients nécessaires à sa recette.
Pour ne pas perdre une miette,
Je buvais tous ses gestes
Et sur le bord de la table,
Attentive ,je posais ma joue…..
Autour de l’échine ,sur un lit de saindoux,
Dans le grand plat ovale,
Généreusement disposées
Les pommes de terre, en gros carrés,
Jouaient des coudes
Dans la foule des quartiers d’oignons.
Une fois salée ,poivrée, beurrée
Arrosée avec application,
La viande sans attendre, disparaissait
Dans la gueule béante
Du vieux fourneau émaillé ……
Je humais les effluves, les odeurs
De graisse grillée ,de sauge et de beurre
De jus caramel, d’ail puissant
Que cette viande en cuisant,
Diffusait dans la modeste cuisine
Et ces arômes gourmands,
Ces parfums alléchants,
Réjouissaient mes narines ……
Quand maman posait le rôti
Dans son plat sur la table,
Le plus savoureux des repas
S’offrait à mes yeux.
La croûte grésillante, ruisselante de jus,
Les patates dorées
Les oignons croustillants,
Promettaient un festin sans pareil.
Alors ,mes papilles en éveil
Félicitaient le rôti du dimanche:
« Tu as l’air bien bon toi
Je vais me régaler! »
Louise Montagne -11 janvier 2021-
Le vieux sage
Derrière ses mots simples,
il conserve un trésor
qu’il engrange en silence et au fil des saisons
sous l’épais capiton de son regard très bleu
et de sa bouche close.
Il écoute le vent dansant dans les vieux trembles
et respire l’odeur des algues sur l’estran.
Il caresse souvent des galets dans ses paumes
creuses comme les vagues
que l’écume festonne.
Il observe de loin les oiseaux qui se posent
sur les grands troncs flottés déposés par la nuit…
Remontant les sentiers,
il cueille les prunelles
que le gel a fripées
sur les haies de novembre.
Sous ses semelles craquent
les herbes de l’hiver
quand, bravant les frimas,
il marche sur la dune
en soufflant dans ses mains.
Attentif aux émois précoces du printemps,
il débusque toujours les premières jonquilles
dans les prairies gorgées des pluies de février.
Il réjouit sa langue
des fleurs de chèvrefeuille
et déguste les pousses
de l’oseille sauvage, aux premiers jours d’avril.
Il salue des deux bras
les bavardes bernaches
qui s’en vont retrouver leur Sibérie natale
après avoir passé plusieurs mois dans la baie.
Et lorsque juin arrive, il marque la Saint-Jean
en retaillant les palmes
de sa haie de lauriers.
Pour fêter dignement le quatorze juillet
il dispose au salon un bouquet bleu-blanc-rouge,
et de son canapé,
il suit le défilé sur les Champs-Élysées,
fredonnant pour lui seul le Chant des Légionnaires
qu’il ponctue, en riant, de gestes cadencés.
Et puis, par les soirs d’août,
il s’adosse au pignon de sa maison trop grande
et regarde filer les nuages rosés
qui plongent au couchant derrière la colline.
Il passe alors ses doigts sur ses joues un peu grises
et se rappelle ceux qui sont partis ailleurs,
impatients et rieurs, conduisant des berlines
aux criardes couleurs,
ou qui ont pris des cars, des trains, des corbillards,
sans même un au revoir.
Il leur parle tout bas et leur dit simplement :
« Je ne vous oublie pas, je prends juste mon temps… »
Yvonne Le Meur-Rollet 10 janvier 2021
Merci d envoyer votre poésie.
Dans tous ces tourbillons, reste l inouï de la poésie !
Elle est velours…
Présence
Simplement je suis là
Tu peux parler ou te taire
Simplement je suis près de toi
Dans la paix ou dans la guerre
Tu peux compter sur moi
Que tu chantes ou que tu désespères
Je suis toujours avec toi
Que tu partes dans la vie solitaire
Mon esprit accompagne tes pas
Partout où tu es, j’existe
Tu es une partie de moi
La plus belle
Celle dont je suis fière
Simplement sur cette terre
Tu es là
Et longtemps, longtemps, après moi.
Michèle PETTAZZONI
Je voudrai, en ce début d’année 2021, remercier les auteurs qui nourrissent de leurs poèmes cette rubrique de notre site qui, je le sais, est très visitée. Merci donc aussi aux nombreux lecteurs et visiteurs qui osent discrètement ouvrir cette page. Discrètement car ils ne laissent aucune trace de leur passage. C’est bien dommage car un petit commentaire même laconique permettrait de créer du lien entre auteurs et lecteurs. Alors Amis de la poésie communiquer dans cet espace en commentant à votre guise les poèmes qui vous surprennent, vous entraînent vers d’autres rives…
C’est vrai
je n’avais rien à dire.
Alors
j’ai laissé ma fenêtre
grande ouverte.
Les deux rideaux se sont chargés des mouvements
des émigrés,
tandis que moi je m’efforce
d’éclairer la nuit
avec une seule
orange.
Yannis Ritsos.
Je remercie celles qui ont fait d’aimables commentaires sur mes textes et je félicite les auteurs des choix thématiques. La fenêtre, tout particulièrement a éclairé le sombre décembre. Que la simplicité fasse long feu et nous réchauffe longtemps, au moins jusqu’au printemps !
Annie COLL