Espoir

La saison de moisson est enfin arrivée.
Mais les gelées les grêles et les soleils de plomb
Ont dévasté mes champs durant toute l’année,
Plus le moindre sarment pas le moindre bourgeon.

Si mes intenses pleurs n’ont pas pu irriguer
Les sillons de mes sols hérités de parents
Que sont belles pourtant ces lignes étirées
À qui j’ai apporté autant d’amendements.

Les mottes de glaise aussi dures que roche,
Les cultures brûlées à cœur me consternent.
Plus un seul brin d’herbe, pas un soupçon d’ébauche,
Pas une goutte d’eau, plus rien dans les citernes.

Tous mes silos sont vides. J’ai été trop cigale
Aux jours d’abondance. Je croyais que le temps
Se montrerait clément. Il en fut plus fatal.
La disette est là. La pauvreté s’entend.

Même aux chemins creux habitués de richesses
Pas un seul champignon à exhiber ses spores,
Pas une dent de lion, pas une seule vesce.
Tout est triste désert me navre me déplore.

Ma tête me fait mal et mon corps s’exténue.
Mon œil se fatigue mon âme se disperse.
Marchant depuis longtemps sur les glanes aigües
Je n’ai plus la force de reprendre la herse.

Je cherche la pivoine sur mes arpents sacrés
Puis le coquelicot terrassé par la peine.
C’est alors que je vois un ovule de blé.
C’est mon dernier espoir. J’urine sur la graine.

Je viendrai le matin, bien avant la rosée,
Guetter l’apparition de perlées sur les chaumes.
Je sucerai alors la paille desséchée
Pour mettre sur le vit l’eau crachée dans ma paume.

Dominique MONGODIN

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