Je suis le dernier sur ta route
Le dernier printemps la dernière neige
Le dernier combat pour ne pas mourir
Et nous voici plus bas et plus haut que jamais.
Il y a de tout dans notre bûcher
Des pommes de pin des sarments
Mais aussi des fleurs plus fortes que l’eau
De la boue et de la rosée,
La flamme est sous nos pieds la flamme nous couronne
À nos pieds des insectes des oiseaux des hommes
Vont s’envoler
Ceux qui volent vont se poser.
Le ciel est clair la terre est sombre
Mais la fumée s’en va au ciel
Le ciel a perdu tous ces feux.
La flamme est restée sur la terre,
La flamme est la nuée du cœur
Et toutes les branches du sang
Elle chante notre air
Elle dissipe la buée de notre hiver.
Nocturne et en horreur a flambé le chagrin
Les cendres ont fleuri en joie et en beauté
Nous tournons toujours le dos au couchant
Tout a la couleur de l’aurore.
Paul Éluard, extrait du recueil « Le Phénix », paru en 1951
Passeuse de poésie, Yvonne Le Meur-Rollet.