Celui de mon enfance,
potager luxuriant chez ma grand-mère denise,
ou je me régalais de fraises et de cerises.
Plus tard il y eu celui de mon grand-père
qui chaque automne gaulait les noix,
pommes et poires cueillies en abondance
remplissait le cellier d’un parfum enivrant
que je garde en mémoire.
Encore plus tard,
la création de notre premier jardin,
ou il fallut imaginer, construire, planter,
le potager avec sa corde a linge,
bordure de fleurs, arbres fruitiers, arbustes.
admiration des premières fleurs et bourgeons,
c’était chez nous, notre jardin-plaisir
Pour moi jardin est synonyme de
bonheur,
de fleurs,
d’odeur,
de couleur,
de sueur,
de goût,
de soleil,
de légumes,
de cuisine,
de repas,
de régal,
de chapeau de paille,
d’arrosage,
d’une profusion de fleurs et de légumes. Milou avril 2025d’outils,
Dans ma mémoire flottent
les lambeaux délavés de mon enfance triste :
le jardin étriqué
devant notre maison tout au fond d’une impasse,
l’allée de gravier gris crissante sous les pas
des hommes transportant le cercueil de mon père,
et le soulagement de le savoir parti
après tant de douleur, de cris et de colères.
Puis les longs jours d’été où, seul près du portail,
je tournais lentement les pages d’un atlas
en attendant ma mère qui rentrait toujours tard
d’un travail mal payé chez un expert-comptable.
Pour déjouer l’ennui sous les lilas chétifs,
je faisais des maquettes de biplans miniatures
que j’accrochais, très fier, au plafond de ma chambre. /…./
Quand le soleil d’avril faisait luire les toits,
je rêvais de voler au-dessus de la ville
pour découvrir d’en haut les rhododendrons fiers
qui dépassaient des murs des grands jardins fermés
tout gonflés de mystères.
Yvonne Le Meur-Rollet
(dans le recueil « Et maintenant que mes mains tremblent »
Autres textes sur le thème, présentés par des « passeurs »:
Un poème de Raymond Queneau, par Michèle Pettazzoni,
Un poème de Louise Glück, poétesse américaine, par Marie-Laure Dauly
Deux poèmes de Guillevic, par Stéphanie Noirard
Un poème de Rimbaud, par Josette Coco
Un poème de Baudelaire ( en marge du thème, mais si beau!…),par Gérard Nalpas.
Deux poèmes extraits du recueil ‘Poèmes de Ninette’, par Pierre Duchon
Pour vous obliger de penser à moi
D’y penser souvent, d’y penser encore
Voici quelques fleurs, bien modeste envoi
De très humbles fleurs qui viennent d’éclore.
Ce ne sont pas là de nobles bouquets
Signés de la main de savants fleuristes
Liés par des nœuds de rubans coquets
Bouquets précieux, chefs-d’œuvre d’artistes.
Ce sont d’humbles fleurs, presque fleurs des champs
Mais ce sont des fleurs simples et sincères
Des fleurs sans orgueil, aux libres penchants
Des fleurs de poète, à deux sous, pas chères.
J’aurais mieux aimé de riches bijoux
Que ce souvenir vraiment trop champêtre
Bagues, bracelets, féminins joujoux
J’aurais mieux aimé…Vous aussi, peut-être.
Mais du moins ces fleurs, ce modeste envoi
Ces très humbles fleurs qui viennent d’éclore
Vous diront tout bas de penser à moi
D’y penser souvent, d’y penser encore.
Après trois ans
Paul Verlaine
Ayant poussé la porte étroite qui chancelle,
Je me suis promené dans le petit jardin
Qu’éclairait doucement le soleil du matin,
Pailletant chaque fleur d’une humide étincelle.
Rien n’a changé. J’ai tout revu : l’humble tonnelle
De vigne folle avec les chaises de rotin…
Le jet d’eau fait toujours son murmure argentin
Et le vieux tremble sa plainte sempiternelle.
Les roses comme avant palpitent ; comme avant,
Les grands lys orgueilleux se balancent au vent,
Chaque alouette qui va et vient m’est connue.
Même j’ai retrouvé debout la Velléda,
Dont le plâtre s’écaille au bout de l’avenue,
– Grêle, parmi l’odeur fade du réséda.
J’aime le coquelicot
Sauvage et rigolo
tête sanguine et fière
réjouie de lumière.
Pétales qui se froissent
quand des doigts cadenassent
les tiges roturières
n’aspirant qu’au plein air.
J’aime les coquelicots
ne mourant pas idiots
entre rose et palace
dans les jardins de classe.
Ils affrontent limaces
foudres et torrents d’eau,
et jamais ne se lassent
de naître coquelicots.
Jardins
J’ai connu des jardins à chaque étape de ma vie.
Celui de mon enfance,
potager luxuriant chez ma grand-mère denise,
ou je me régalais de fraises et de cerises.
Plus tard il y eu celui de mon grand-père
qui chaque automne gaulait les noix,
pommes et poires cueillies en abondance
remplissait le cellier d’un parfum enivrant
que je garde en mémoire.
Encore plus tard,
la création de notre premier jardin,
ou il fallut imaginer, construire, planter,
le potager avec sa corde a linge,
bordure de fleurs, arbres fruitiers, arbustes.
admiration des premières fleurs et bourgeons,
c’était chez nous, notre jardin-plaisir
Pour moi jardin est synonyme de
bonheur,
de fleurs,
d’odeur,
de couleur,
de sueur,
de goût,
de soleil,
de légumes,
de cuisine,
de repas,
de régal,
de chapeau de paille,
d’arrosage,
d’une profusion de fleurs et de légumes. Milou avril 2025d’outils,
Le jardin de ma mémoire
Dans ma mémoire flottent
les lambeaux délavés de mon enfance triste :
le jardin étriqué
devant notre maison tout au fond d’une impasse,
l’allée de gravier gris crissante sous les pas
des hommes transportant le cercueil de mon père,
et le soulagement de le savoir parti
après tant de douleur, de cris et de colères.
Puis les longs jours d’été où, seul près du portail,
je tournais lentement les pages d’un atlas
en attendant ma mère qui rentrait toujours tard
d’un travail mal payé chez un expert-comptable.
Pour déjouer l’ennui sous les lilas chétifs,
je faisais des maquettes de biplans miniatures
que j’accrochais, très fier, au plafond de ma chambre. /…./
Quand le soleil d’avril faisait luire les toits,
je rêvais de voler au-dessus de la ville
pour découvrir d’en haut les rhododendrons fiers
qui dépassaient des murs des grands jardins fermés
tout gonflés de mystères.
Yvonne Le Meur-Rollet
(dans le recueil « Et maintenant que mes mains tremblent »
Autres textes sur le thème, présentés par des « passeurs »:
Un poème de Raymond Queneau, par Michèle Pettazzoni,
Un poème de Louise Glück, poétesse américaine, par Marie-Laure Dauly
Deux poèmes de Guillevic, par Stéphanie Noirard
Un poème de Rimbaud, par Josette Coco
Un poème de Baudelaire ( en marge du thème, mais si beau!…),par Gérard Nalpas.
Deux poèmes extraits du recueil ‘Poèmes de Ninette’, par Pierre Duchon
Le jardinier des Roses
Quand on est jardinier
Autour de soi l’on veille.
Avant de l’égayer
Il faut dresser la treille.
Quand on est jardinier
Le sol est un trésor
Utile à travailler
Après chaque pluie d’or.
Quand jardinier l’on est
C’est pour nourrir la Terre !
Dans le plus grand secret,
Le jardinier s’affaire.
À l’hiver il se fend
Pour protéger du froid
De ce fou vent d’Autan
Ou celui de Noroît.
Au printemps il espère
Les riches floraisons
De la Rose trémière
Sous les premiers rayons.
L’été le contredit ;
Torride il est sans fleur.
Mais il se ressaisit
Et reprend le labeur.
Dès l’automne il retaille.
Il pince les gourmands
Puis il pose la paille
Sur les pieds des sarments.
Au fil des ans les plants
Dans les sillons s’élèvent
Sous les yeux bienveillants
Du protecteur des sèves.
Vient un bourgeon de Rose
En Août, au plein soleil.
Sous l’astre se compose
Un spectacle vermeil.
Alors, le jardinier
Confusément regarde
S’éclore le rosier
Dont il n’a plus la garde.
Quand on nait d’une Rose
On est d’un jardinier
Qui jamais ne s’expose
En sauveur de rosier.
Il est toujours présent
Bien qu’étant à l’écart
Pour d’un conseil aidant
Montrer tout son égard.
Puis un jour on découvre
D’où nous vient cette grâce
Qui dans nos jardins s’ouvre
Et jamais ne s’efface.
La couleur ou l’odeur
Qui pour vous se répand
Est celle du bonheur
Semé sur votre arpent.
Prenez un jour le temps
De planter un rosier
Pour offrir aux enfants
Les joies d’un jardinier.
Envoi de fleurs
(Poème de Henri Bernard-1898)
Pour vous obliger de penser à moi
D’y penser souvent, d’y penser encore
Voici quelques fleurs, bien modeste envoi
De très humbles fleurs qui viennent d’éclore.
Ce ne sont pas là de nobles bouquets
Signés de la main de savants fleuristes
Liés par des nœuds de rubans coquets
Bouquets précieux, chefs-d’œuvre d’artistes.
Ce sont d’humbles fleurs, presque fleurs des champs
Mais ce sont des fleurs simples et sincères
Des fleurs sans orgueil, aux libres penchants
Des fleurs de poète, à deux sous, pas chères.
J’aurais mieux aimé de riches bijoux
Que ce souvenir vraiment trop champêtre
Bagues, bracelets, féminins joujoux
J’aurais mieux aimé…Vous aussi, peut-être.
Mais du moins ces fleurs, ce modeste envoi
Ces très humbles fleurs qui viennent d’éclore
Vous diront tout bas de penser à moi
D’y penser souvent, d’y penser encore.
Après trois ans
Paul Verlaine
Ayant poussé la porte étroite qui chancelle,
Je me suis promené dans le petit jardin
Qu’éclairait doucement le soleil du matin,
Pailletant chaque fleur d’une humide étincelle.
Rien n’a changé. J’ai tout revu : l’humble tonnelle
De vigne folle avec les chaises de rotin…
Le jet d’eau fait toujours son murmure argentin
Et le vieux tremble sa plainte sempiternelle.
Les roses comme avant palpitent ; comme avant,
Les grands lys orgueilleux se balancent au vent,
Chaque alouette qui va et vient m’est connue.
Même j’ai retrouvé debout la Velléda,
Dont le plâtre s’écaille au bout de l’avenue,
– Grêle, parmi l’odeur fade du réséda.
Paul Verlaine, Poèmes saturniens
Salon de jardin
Nous étions quatre amis,
quatre potes unis,
rigolade au jardin,
le ciel toujours serein.
Ça nous kif’ la musique,
en life musiciens,
il faut quitter sa chaise,
un concert serait bien.
A Paris lança l’un,
au Bataclan demain,
un pour tous, trois pour un,
moi j’ai raté le train…
La chanson de l’absence,
la table en est témoin,
ses chaises retournées
vers un ciel inhumain !
Michèle PETTAZZONI
Les coquelicots
J’aime le coquelicot
Sauvage et rigolo
tête sanguine et fière
réjouie de lumière.
Pétales qui se froissent
quand des doigts cadenassent
les tiges roturières
n’aspirant qu’au plein air.
J’aime les coquelicots
ne mourant pas idiots
entre rose et palace
dans les jardins de classe.
Ils affrontent limaces
foudres et torrents d’eau,
et jamais ne se lassent
de naître coquelicots.
Michèle PETTAZZONI