Je pense encore parfois
A cette boîte noire
Accueillant la lumière argentique
Capture mystique de mes gestes passés
Intime réceptacle de mes actes oubliés
Attracteur étrange de mes pensées romantiques
En écho, ma vieille armoire où se nichent tout au fond
Un sac de vérités inavouées
Linge blanc et linge sali,
Odeur de lavande, de confiture moisie
Chambre aimée, haïe, témoin de ma vie,
De mes dépits, de mes rencontres,
De mes montagnes de solitude,
De mes espoirs, de mes attentes désincarnées
La vitre déformée de ma fenêtre
Recueille la buée de ma bouche
Et, j’écris ton nom à l’index
Et le fixe intensément des yeux
Avant qu’il ne disparaisse.
La chambre du poète
De plus en plus souvent, je rêve qu’un poète
m’invite à partager sa chambre sous les toîts
Dans l’étroite mansarde
où des rimes volètent
il murmure les vers qu’il compose pour moi.
J’aime quand il me dit :« Partons à l’aventure!»
Sans perdre un seul instant,
il hisse la voilure
et nous filons au vent ,
enroulés dans nos draps.
Notre coque éraflée
s’échoue près d’une plage
où le sable étincelle et réchauffe nos mains.
Alors nous oublions le brouillard de novembre
et notre lit se coiffe
d’un riche baldaquin.
Le matin, au réveil, dans le froid de la chambre,
je remonte sur nous la courtepointe usée.
Notre vieux lit bascule au milieu des mots tendres
inventés dans la nuit par mon poète aimé.
.
Yvonne Le Meur -Rollet- 25 Novembre 2022
Pour la première fois,
elle m’invite chez elle, à l’heure du goûter.
Je découvre une chambre au vieux plancher ciré,
une table, des livres ,
des piles de cahiers
et, poussé près du mur, uu étroit lit bien fait
sous un édredon vert .
C’est un jour de novembre,
de feu de cheminée,
de sourires qui tremblent dans l’odeur du café.
Elle m’offre des pommes
cueillies dans le jardin de sa maison d’école,
tandis que passe en boucle un disque de Brassens…
Je rentre seul chez moi sous une pluie glacée,
je la désire tant que je pourrais pleurer.
Elle a voulu me lire des vers d’Apollinaire
alors que je rêvais
d’elle nue dans mes bras,sous son édredon vert.
Yvonne Le Meur-Rollet
Tu meus les cent kilos de la porte cochère
Qui grince aux souvenirs de son passé bourgeois,
À la révolution, aux années de jachère.
Tu traverses la cour au pavés de guingois.
Le vestibule étroit qu’éclaire une coupole
Comme une cathédrale aux vitraux d’un autre âge
N’est plus qu’un lieu banal de la mégalopole
Où l’on ne voit plus rien; ce n’est plus qu’un passage.
Parfois un bruit de clés! C’est l’homme du premier :
Un bien joli garçon qui est célibataire.
Et quand tu croiseras le beau primesautier
Tu lui balbutieras un salut ordinaire.
Le sac de course est lourd, six niveaux à monter
Que l’escalier de bois grimpe en colimaçon.
Ici pas d’ascenseur. Tu devras t’arrêter.
Tu apprécies l’étage où vit le nourrisson.
La pause à son palier devient une routine
Qui t’indique s’il est assoupi ou repu.
Quelquefois sa Maman lui chante une comptine
Puis tu reprends ton lent assaut interrompu.
Tu arrives enfin en haut de la montagne
Dans ton antre secret, à moitié sous le toit,
Dix-huit mètres carrés. L’été la chaleur gagne,
L’hiver le froid sévit dans le petit endroit.
Tu ouvres l’oculus, c’est déjà le printemps.
Tu revois tes parents et alors tu souris
À la rue qui murmure et tu aimes ce temps
Où tu prends du plaisir à dominer Paris.
J’ai envie de m’endormir profondément
De me laisser emporter par des licornes
Aux crinières d’or, de croiser dans les vents
Les lutins malicieux, l’arlequin en bicorne.
Je veux pour une nuit me cacher dans les toiles
De Monet, de Vinci, de Modigliani,
Me dissimuler entre les mats et les voiles
De Colomb, de Gama et autre Tabarly.
Je veux m’étendre dans les pages de Rimbaud
Me laisser caresser par les mots écorchés
De Charles Baudelaire et de Victor Hugo.
Je veux une nuit pleine de songes indécents
Et me réveiller dans un monde en paix.
J’ai envie de m’endormir profondément.
Dans ma chambre, éveillé,
Le soleil m’envoie un messager
Qui traverse mes draps amidonnés
Et la douce respiration de l’air
Entre par la fenêtre ouverte,
Court sur mon être au repos.
La douce brise d’une aube nouvelle
Éveille le trépas de mes sens
Qui agonisent d’une longue nuit
Oubliée de ma conscience.
L’esprit est comme le duvet
De ma litière céleste
Et se délecte de fluide de vie,
Il se confond en l’immobilité
D’une matière tacite :
LA CHAMBRE OPTIQUE
Je pense encore parfois
A cette boîte noire
Accueillant la lumière argentique
Capture mystique de mes gestes passés
Intime réceptacle de mes actes oubliés
Attracteur étrange de mes pensées romantiques
En écho, ma vieille armoire où se nichent tout au fond
Un sac de vérités inavouées
Linge blanc et linge sali,
Odeur de lavande, de confiture moisie
Chambre aimée, haïe, témoin de ma vie,
De mes dépits, de mes rencontres,
De mes montagnes de solitude,
De mes espoirs, de mes attentes désincarnées
La vitre déformée de ma fenêtre
Recueille la buée de ma bouche
Et, j’écris ton nom à l’index
Et le fixe intensément des yeux
Avant qu’il ne disparaisse.
Jean-Bernard Vivet Saint-Suliac, 22 novembre 2022
La chambre du poète
De plus en plus souvent, je rêve qu’un poète
m’invite à partager sa chambre sous les toîts
Dans l’étroite mansarde
où des rimes volètent
il murmure les vers qu’il compose pour moi.
J’aime quand il me dit :« Partons à l’aventure!»
Sans perdre un seul instant,
il hisse la voilure
et nous filons au vent ,
enroulés dans nos draps.
Notre coque éraflée
s’échoue près d’une plage
où le sable étincelle et réchauffe nos mains.
Alors nous oublions le brouillard de novembre
et notre lit se coiffe
d’un riche baldaquin.
Le matin, au réveil, dans le froid de la chambre,
je remonte sur nous la courtepointe usée.
Notre vieux lit bascule au milieu des mots tendres
inventés dans la nuit par mon poète aimé.
.
Yvonne Le Meur -Rollet- 25 Novembre 2022
Le visiteur déçu
Pour la première fois,
elle m’invite chez elle, à l’heure du goûter.
Je découvre une chambre au vieux plancher ciré,
une table, des livres ,
des piles de cahiers
et, poussé près du mur, uu étroit lit bien fait
sous un édredon vert .
C’est un jour de novembre,
de feu de cheminée,
de sourires qui tremblent dans l’odeur du café.
Elle m’offre des pommes
cueillies dans le jardin de sa maison d’école,
tandis que passe en boucle un disque de Brassens…
Je rentre seul chez moi sous une pluie glacée,
je la désire tant que je pourrais pleurer.
Elle a voulu me lire des vers d’Apollinaire
alors que je rêvais
d’elle nue dans mes bras,sous son édredon vert.
Yvonne Le Meur-Rollet
Mon enfant de septembre
A Patrice de La Tour du Pin
Tu es mon enfant de septembre
enfant de l’espace étoilé
enfant sauvage dans ma chambre
tombé d’un voilier dérouté.
Mes deux bras en nacelle tendre
et ma peau, tapis d’envolée
ont calmé ta chute, mon ange,
tu t’es laissé apprivoiser.
L’œil aux aguets, scrutant le monde
agile enfant des nuits ventées
as-tu vu s’engouffrer mon ombre
telle une ancre, pour te lester ?
Michèle PETTAZZONI
Dans ma chambre d’hôpital
Ma mère ma détresse
ma mère sans tendresse
dans la chambre où je crie
dans l’asile où je vis …
tu es ma nuit.
Je dors et je m’enfuis
je dors et je construis
une enfance nouvelle
une histoire irréelle …
tu me souris.
Et mes yeux s’émerveillent
et tes yeux me révèlent
un amour infini
un amour immortel …
tu es ma vie.
Dans le vide qui suit
je plonge sans rappel.
Quelle étrange folie
cette attente éternelle …
et sans oubli.
Michèle PETTAZZONI
L’étudiante
Tu meus les cent kilos de la porte cochère
Qui grince aux souvenirs de son passé bourgeois,
À la révolution, aux années de jachère.
Tu traverses la cour au pavés de guingois.
Le vestibule étroit qu’éclaire une coupole
Comme une cathédrale aux vitraux d’un autre âge
N’est plus qu’un lieu banal de la mégalopole
Où l’on ne voit plus rien; ce n’est plus qu’un passage.
Parfois un bruit de clés! C’est l’homme du premier :
Un bien joli garçon qui est célibataire.
Et quand tu croiseras le beau primesautier
Tu lui balbutieras un salut ordinaire.
Le sac de course est lourd, six niveaux à monter
Que l’escalier de bois grimpe en colimaçon.
Ici pas d’ascenseur. Tu devras t’arrêter.
Tu apprécies l’étage où vit le nourrisson.
La pause à son palier devient une routine
Qui t’indique s’il est assoupi ou repu.
Quelquefois sa Maman lui chante une comptine
Puis tu reprends ton lent assaut interrompu.
Tu arrives enfin en haut de la montagne
Dans ton antre secret, à moitié sous le toit,
Dix-huit mètres carrés. L’été la chaleur gagne,
L’hiver le froid sévit dans le petit endroit.
Tu ouvres l’oculus, c’est déjà le printemps.
Tu revois tes parents et alors tu souris
À la rue qui murmure et tu aimes ce temps
Où tu prends du plaisir à dominer Paris.
Envie de dormir
J’ai envie de m’endormir profondément
De me laisser emporter par des licornes
Aux crinières d’or, de croiser dans les vents
Les lutins malicieux, l’arlequin en bicorne.
Je veux pour une nuit me cacher dans les toiles
De Monet, de Vinci, de Modigliani,
Me dissimuler entre les mats et les voiles
De Colomb, de Gama et autre Tabarly.
Je veux m’étendre dans les pages de Rimbaud
Me laisser caresser par les mots écorchés
De Charles Baudelaire et de Victor Hugo.
Je veux une nuit pleine de songes indécents
Et me réveiller dans un monde en paix.
J’ai envie de m’endormir profondément.
L’éveil
Dans ma chambre, éveillé,
Le soleil m’envoie un messager
Qui traverse mes draps amidonnés
Et la douce respiration de l’air
Entre par la fenêtre ouverte,
Court sur mon être au repos.
La douce brise d’une aube nouvelle
Éveille le trépas de mes sens
Qui agonisent d’une longue nuit
Oubliée de ma conscience.
L’esprit est comme le duvet
De ma litière céleste
Et se délecte de fluide de vie,
Il se confond en l’immobilité
D’une matière tacite :
L’instant y est élément sensoriel.
Hervé Outil