« La main » vendredi 29 avril à 18h30 au Bretagne
« La main » thème de l’apéro poétique du mois d’Avril, au Bretagne.
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« La main » vendredi 29 avril à 18h30 au Bretagne
Les mains de ma mère ( prose poétique)
Les mains de notre mère aux paumes de velours ont bercé notre enfance de ses tièdes caresses …
Au fil des ans, ses mains revêtues de tendresse ont coiffé les cheveux de ses filles rebelles aux tresses et barrettes, soigné rhumes et toux, consolé des détresses et pansé plaies et bosses…
Ses mains ont recousu des ourlets et des poches, brodé des initiales aux angles des mouchoirs de ses fils exilés dans la nuit des dortoirs.
Elles ont écrasé parfois de lourdes larmes au bord de ses paupières gonflées par les chagrins. Elles se sont nouées d’angoisse et d’impatience dans l’attente si longue précédant les retours.
Ses mains souvent salies d’encre rouge et de craie se sont égratignées en taillant les lilas et les rosiers grimpants. Elles ont supporté les gerçures du froid, ont tisonné des braises, et rallumé des feux…
Plus tard, pour oublier les peines de la vie les longues mains fantasques et blanches de ma mère ont écrit des chansons, composé des poèmes qui ont taché ses doigts du bleu des souvenirs.
Jusqu’à son dernier jour, j’ai savouré la chance de tenir dans ma main la longue main tremblante qu’elle glissait confiante dans le creux de mon bras, quand nous nous promenions, en accordant nos pas.
Dans ma paume aujourd’hui, ma mémoire retient la chaleur de ses doigts, enfermés dans les miens.
Yvonne Le Meur-Rollet (avril 2022)
Des mains et des liens
Quand je suis né un beau matin
des mains m’ont aidé à sortir
du ventre chaud où le destin
place les êtres à venir.
De ces deux mains je ne sais rien
hors de portée des souvenirs
nu au monde d’un tour de main
digne du vœu d’un magicien.
Etaient-elles jeunes ou vieilles
mains inconnues guettant l’éveil ?
Auront-elles coupé tant de liens
que fatiguées elles reposent
où d’ultimes mains les déposent
quand le cordon de vie s’éteint …
Michèle PETTAZZONI
Mains en guerre
Tant de mains qui s’unissent
ou se tordent en vain
Des mains qui s’amollissent
ou n’attendent plus rien
Des mains qui se flétrissent
dans l’aube qui survient
après des nuits supplices
pour des cœurs sur la main .
Mains qui lancent des bombes
en un seul tour de main
Mains qui violent en nombre
qu’aucune main n’éteint
Mains qui préfèrent l’ombre
aux jours des assassins
Mains qui creusent leurs tombes
effroyables jardins !
Pour ces mains qui s’étreignent
… aux mains sans lendemains,
ces jeunes mains qui saignent
sillons rouges lointains,
ma main signe impuissante
et tremble pour demain
Michèle Pettazzoni
Des deux mains, au soir
Voilà que mon regard
Se porte sur mes mains
Dont la peau de lézard
Prend les tons de l’airain.
Sur mes rides je vois
Une belle finesse
Que j’ignorais je crois
Au temps de ma jeunesse.
Itinérances
Parcourent les vallées
Sillonnent les montagnes
S’étirent sur les crêtes
Contournent les collines.
Se glissent sur les flancs
Hésitent aux carrefours
Évitent les ravins
Et les gouffres obscurs.
Poursuivent les corniches
Traversent les forêts
S’étalent dans les plaines
Flottent aux océans.
S’écroulent aux parois
Des falaises laiteuses
Et plongent dans les sables
De déserts oasiens.
S’égarent au hasard
Des chemins tortueux
Se perdent au dédale
Des sentiers de campagnes.
Prolongent les rivières
Les eaux jusqu’aux estuaires
S’étendent sur les grèves
Aux couleurs tropicales.
Vallonnent sur les tertres
Rampent sur les adrets
S’allongent vers l’horizon
Disparaissent et reviennent.
S’encanaillent aux bois
Serpentent dans les arbres
Se penchent sur les nids
Cueillent les fruits des haies.
Rougissent aux caprices
Des prairies fleurissantes
Et planent sur les gués
De ponts imaginaires.
Se perdent dans les lieux
Des plus secrets décors
S’aventurent aux méandres
D’intimes paysages.
Détournent le regard
À l’abord d’un lagon
À l’affut d’une quête
À l’approche d’un rivage.
Volent sur les étangs
Emportées par les airs
Et coulent dans les mers
Au milieu des sirènes.
Elles vont de conquêtes
En trouvailles complices
Explorent les trésors
Lascives attentives.
Et vaguent vagabondent
En pays inconnus
Sensibles à tout vent
Éprises de passion.
Elles guident les unes
Et les autres se tiennent
S’influencent nous couvrent
Et nous découvrent : nos mains.