On sait que la mémoire
retouche sans vergogne
le passé qu’on protège
comme un riche butin.
Pour évoquer l’enfance, on parle de fontaines
de prunelliers en fleurs, de pontons vermoulus,
de cerisiers pillés, d’arcs et de sarbacanes,
de livres interdits, de secrets entrevus…
Oubliés les vaccins,
les toux, les engelures,
la poudre Marie-Rose
qui vient à bout des poux,
l’énurésie tenace,
les larmes retenues,
les talons écorchés
par des souliers trop courts ?
Ces souvenirs enfouis ne sont pas effacés,
mais ce ne sont pas ceux
que l’on veut retrouver.
Poème lu par Marie-Laure Dauly