J’ai crié des slogans pleins d’espoir et de rage
«Pas la guerre, l’amour » ! « Bravons les interdits ! »
Et nos voix proclamaient « Sous les pavés, la plage ! »
Tandis qu’un président condamnait la chienlit.
Le vacarme des mots a bousculé l’Histoire
dénoncé des abus, condamné des puissants.
Et leur vivace écho persiste en nos mémoires
grâce aux nombreux écrits, journaux et documents.
Les mots sont des trésors, lumineux et sonores
répétez les bien fort, pour ne pas oublier
que Zola publia « J’accuse » dans L’Aurore
et que Jaurès mourut au nom des libertés.
Maintenant tous ces mots, je ne peux plus les lire.
Sur la page imprimée, ils sont au garde-à-vous,
ils ne me font pas signe, ils n’ont rien à me dire,
cortèges d’inconnus minuscules et flous.
Et pourtant chaque fois qu’une voix les réveille, ,
les faisant s’échapper des pages endormies,
la grisaille du jour brusquement s’ensoleille :
je retrouve les mots qui éclairaient ma vie.
Yvonne Le Meur-Rollet. 25 janvier 2024
Poème lu par Dominique Mongodin