Il y a des façons de slamer ses ballades
Qui résonnent un peu comme un grand corps malade.
Il y en plein d’autres. Ça n’a pas d’importance,
L’essentiel pour les mots, c’est d’en trouver le sens,
Qu’on y mette des rimes, qu’on y préfère l’humeur,
Qu’on lise son poème ou quelque grand auteur,
L’important c’est d’oser, c’est d’oser pour donner
Le texte que l’on a envie de fredonner.
Il y a des façons de scander dans les rues
Qui bourdonnent au son des illusions perdues.
On chante des slogans qui gueulent nos misères
Puis on hurle à la paix pour dénoncer les guerres.
Ça peut être en manif avec les poings levés
Ou pour dire aux parents qui nous ont élevés
Ce qu’on a sur le cœur, ce qu’on a dans la main
Ce qu’on a dans le sang, c’est notre bien commun.
Il y a des façons pour lire au coin du feu
Sur ton de confidence quand on est amoureux.
Mais dans certains endroits, il est mieux de se taire,
Demander : ‘’C’était bien ?’’, ça peut vraiment déplaire.
Il y a des façons de dire à nos gamins
‘’Profite de ton âge et amuse toi bien,
N’écoute pas toujours ce que disent les grands’’.
Il faut savoir garder un peu d’âme d’enfant.
Il y a des façons que je ne comprends pas.
Celles des rois des cons qui ne se savent pas.
Qui sont des beaux parleurs aux phrases entourloupées
Qui ne nous trompent plus en chimères épopées.
Qu’importe les révoltes et les façons de dire
Qu’importe les sonnets qui chantent les désirs.
Ce qui compte est d’avoir tous les jours de l’audace
Et de pouvoir se voir le matin dans la glace.
Il y a des façons de combattre le vice
En rappant pour celui qui souffre d’injustice.
On peut aller taguer sur les murs qui sont tristes
Sans pour autant se croire parvenu un artiste.
Il y a des façons de parler des discrets
Qui sans contre partie, sans le moindre intérêt
Nous ont accompagné juste pour qu’on soit mieux
Quand on était malade ou bien nécessiteux.
Il y a des façons comme il est des endroits
Dont on fait nos quartiers, où l’on va quelques fois
Pour dire la liberté d’expression que l’on veut.
Ils sont bien ces moments où les yeux dans les yeux
On clame et on entend ce qui était caché.
Mais une fois parti, il ne faut rien lâcher,
Les mots dans les tiroirs ne sont que des malades.
Il y a tant de façons de slamer ses ballades.
Dominique Mongodin