A l’horizon

Là où finit la terre
Là où commence le ciel
une trouée d’air

Là où finit la terre
Là où commence le ciel
j’habite ce peut-être
cette faille de l’être

L’horizon
la frontière du jour
au-devant de soi-même

l’horizon
l’onde de matière
la chambre du poète

Un pas en avant
Un pas en arrière
Il n’y a de frontières
qu’en moi-même

Les mots tombent dans l’escarcelle

Seule m’appartient
l’avancée que je fais
à la lisière du réel.

Anne Bihoreau, Saint-Malo

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Enfantillages

Enfant, longtemps j’avais peur
du loup, des sorcières et du noir.
Qui m’a dit, les loups c’est fini,
y en a plus, même sous les lits ?
Et hop, j’ai chassé le loup de ma vie.
Qui m’a dit, les sorcières c’était hier,
y en a plus, même aux cimetières ?
Et hop, j’ai chassé la dernière.
Et le noir ?
Je l’ai fondu dans mille couleurs :
bleu nuit, jaune soleil, rouge ardeur …
Et hop, mon noir s’est changé en Renoir

Écoutez ce que je vais vous dire :
-sans corps – sans couleur – muette –
chevauchant un balai sans tête,
tapie dans ma demeure à l’ombre d’un vieux loup
fondue dans le chaudron des nuits,
– LA PEUR –
Et hop, la Peur se cache et joue, puérile,
à me faire PEUR !

Michèle Pettazzoni

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Enfants aventuriers

Sur l’amas des rochers
De la tour Solidor
Deux grands aventuriers
Recherchaient un trésor
De coquilles d’hermite.
Fouillant parmi les failles
Du cahot de granit
Ils faisaient des trouvailles.

Alors, riches de peu
Ils se dressaient devant
Leur glorieuse aire de jeu
Et ils bravaient le vent.

Dominique Mongodin

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Sans faille

La fille à fleur de l’âge et fraîche d’innocence
S’éveille dans la grange où la lumière avance
Elle étend tout son corps dans l’herbe qui la cerne
Mêlant dans ses cheveux quelques brins de luzerne.

Les yeux toujours mi-clos, elle sent son amant
Qui bien avant le jour repartit en laissant
Dans ses mains le cadeau d’un peu de sa sueur
Et sur sa bouche rose un baiser plein d’ardeur.

Il promit à l’enfant qu’elle n’était qu’hier
Qu’il reviendra ce soir, humble et malgré tout fier
Avec un bouquet blanc d’œillets pour son sourire
Et des poèmes doux qu’il aimera lui dire.

Elle doute un instant et s’étonne à prier
Que ce qu’a dit sa mère est faux au parolier.
C’est un homme sincère et droit qu’elle a séduit.
Il viendra, c’est certain, sans attendre la nuit.

Puis le jour se fait long et triste de travail
Les heures sont des poids plus lourds que le poitrail
Qu’elle avait sur ses seins, qu’elle voyait briller.
Puis soudain, elle entend des pas sur le gravier.

Dominique Mongodin

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Bataille

Je n’ai pas trouvé d’accordailles
Au fond de mon intimité
Ni dans mon cerveau en pagaille,
Mon âme est torturée.

Au fond de mon intimité,
Mes idées noires ferraillent,
Mon âme est torturée,
Ma vie en pièces se détaille.

Mes idées noires ferraillent
Mes regrets dans la brèche engouffrés,
Ma vie en pièce se détaille
Comme les morceaux d’un navire fracassé.

Mes regrets dans la brèche engouffrés,
Tels les flots dans la faille,
Comme les morceaux d’un navire fracassé
Mes remords s’écaillent.

Tels les flots dans la faille
Le bleu de mes yeux s’est noyé
Mes remords s’écaillent,
Débordant d’eau salée

Le bleu de mes yeux s’est noyé,
Ma résistance défaille
Au fond de mon intimité
Je n’ai pas trouvé d’accordailles.

Louise Montagne – avril 2024

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Un ou une nouvelliste a écrit pour vous : Lecture à Haute Voix par Henri-Noël Mayaud d’une sélection de textes de Katherine Mansfield. Mercredi 26 avril à 17h30

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