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Festival en poésie "LA HOULE DES MOTS : EXIL, EX-ILE , Je ne suis pas d'ici, je ne suis plus d'ailleurs". 25,26,27,28 juillet 2024 à Saint-Jacut-de-la-Mer.-
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« Tout feu, tout flamme » thème de l’apéro-poétique de la rentrée. Vendredi 27 septembre à 18h30. Bar- restaurant La Goélette.
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Flammes de fées
Flammes flamboyantes. Fleurs affleurées.
Flancs affligés des femmes effarées.
Forces flagrantes. Flous affriolants.
Flaques flottantes. Forfaits édifiants.
Affreux farfadets des forêts effacées.
Forçats affolés par les effets des fées.
Écrit par Marie Nizet (19 janvier 1859 – 10 mai 1922)
Je vous aime, mon corps, qui fûtes son désir,
Son champ de jouissance et son jardin d’extase
Où se retrouve encor le goût de son plaisir
Comme un rare parfum dans un précieux vase.
Je vous aime, mes yeux, qui restiez éblouis
Dans l’émerveillement qu’il traînait à sa suite
Et qui gardez au fond de vous, comme en deux puits,
Le reflet persistant de sa beauté détruite. […]
Je vous aime, mon coeur, qui scandiez à grands coups
Le rythme exaspéré des amoureuses fièvres,
Et mes pieds nus noués aux siens et mes genoux
Rivés à ses genoux et ma peau sous ses lèvres…
Je vous aime ma chair, qui faisiez à sa chair
Un tabernacle ardent de volupté parfaite
Et qui preniez de lui le meilleur, le plus cher,
Toujours rassasiée et jamais satisfaite.
Et je t’aime, ô mon âme avide, toi qui pars
– Nouvelle Isis – tentant la recherche éperdue
Des atomes dissous, des effluves épars
De son être où toi-même as soif d’être perdue.
Je suis le temple vide où tout culte a cessé
Sur l’inutile autel déserté par l’idole ;
Je suis le feu qui danse à l’âtre délaissé,
Le brasier qui n’échauffe rien, la torche folle…
Et ce besoin d’aimer qui n’a plus son emploi
Dans la mort, à présent retombe sur moi-même.
Et puisque, ô mon amour, vous êtes tout en moi
Résorbé, c’est bien vous que j’aime si je m’aime.
Celles et ceux qui avaient écrit ou choisi des poèmes qu’ils ou elles n’ont pas pu lire faute de temps, sur le thème « Tout feu, tout flamme », peuvent, s’ils ou elles le souhaitent, les publier sur le site , afin de les faire partager à tous, au même titre que ceux qui ont été lus en public.
(Rappelons, pour « les passeurs », qu’en ce qui concerne les auteurs édités et toujours vivants, nous ne pouvons publier leurs textes sans leur autorisation. Pour ce qui est des auteurs décédés, leurs œuvres tombent dans le domaine public, 70 ans après leur décès. Elles sont alors exemptes de droits d’auteurs et peuvent être publiées librement sur le site.)
Le feu sous la glace
Il y a maintenant longtemps que je connais
Le bleu de ton regard et le pli de ta bouche,
La chaleur de ta main qui, lorsqu’elle me touche
Me trouble de sa paume; et soudain, je renais…
Je suis alors crinière au dos brun des poneys;
Je suis un chemin creux que le soir effarouche,
Je suis un aubépin refleuri sur sa souche,
Je suis un poitrail nu refusant le harnais.
Tu ne peux pas savoir que mes airs raisonnables
Dissimulent trop bien mes désirs indomptables,
Derrière des regards lointains, indifférents.
Je ne suis pas modeste, et je ne suis pas sage :
Je rêve, chaque nuit, qu’en tes bras tu me prends
Et que tes tendres doigts dégrafent mon corsage.
Yvonne Le Meur Rollet(2006)
Le portrait
(Merci à Murielle Guérin pour la lecture)
Parlez-moi sans me la nommer
De la personne que vous aimez
Le plus au monde. Je vous dirais
Sans hésiter : ‘’Je la connais.’’
Votre langage m’est étranger
Mais dans le ton de votre voix
J’entends que les mots sont chargés
Des sentiments qui sont en moi.
Évoquez pour moi le plaisir
Que vous éprouvez à l’idée
De la retrouver. Du désir
Qui va jusqu’à vous obséder.
Racontez-moi ses confidences
Que vous ne voulez pas trahir.
Expliquez-moi que sa présence
Vous manque autant qu’elle vous inspire.
Dites-moi tout de sa douceur
Quand elle vous parle de voyages
Que dans ses yeux sont les couleurs
Des jours heureux et du partage.
Décrivez la moi, traits par traits
Avec les mots qu’elle sait vous dire
Je reconnaîtrais son portrait
Dans sa tendresse et son sourire.
Mimez ses gestes prévenants
Quand elle pose l’un de ses bras
Sur votre épaule doucement
Alors que vous n‘y croyez pas.
Nous n’avons pas la même idylle
Mais nous avons la même chance
L’imaginer nous est facile,
L’amour n’a pas deux apparences.
À chaque relecture je suis épatée par la subtilité de ce poème, merci Dominique pour ce partage.
Le Phénix
Je suis le dernier sur ta route
Le dernier printemps la dernière neige
Le dernier combat pour ne pas mourir
Et nous voici plus bas et plus haut que jamais.
Il y a de tout dans notre bûcher
Des pommes de pin des sarments
Mais aussi des fleurs plus fortes que l’eau
De la boue et de la rosée,
La flamme est sous nos pieds la flamme nous couronne
A nos pieds des insectes des oiseaux des hommes
Vont s’envoler
Ceux qui volent vont se poser.
Le ciel est clair la terre est sombre
Mais la fumée s’en va au ciel
La ciel a perdu tous ces feux.
La flamme est restée sur la terre
La flamme est la nuée du cœur
Et toutes les branches du sang
Elle chante notre air
Elle dissipe la buée de notre hiver.
Nocturne et en horreur a flambé le chagrin
Les cendres ont fleuri en joie et en beauté
Nous tournons toujours le dos au couchant
Tout a la couleur de l’aurore.
(Paul Eluard)
Enthousiasme (texte lu par Yvonne Le Meur-Rollet)
En Grèce ! en Grèce ! adieu, vous tous ! il faut partir !
Qu’enfin, après le sang de ce peuple martyr,
Le sang vil des bourreaux ruisselle !
En Grèce, à mes amis ! vengeance ! liberté !
Ce turban sur mon front ! ce sabre à mon côté !
Allons ! ce cheval, qu’on le selle !
Quand partons-nous ? Ce soir ! demain serait trop long.
Des armes ! des chevaux ! un navire à Toulon !
Un navire, ou plutôt des ailes !
Menons quelques débris de nos vieux régiments,
Et nous verrons soudain ces tigres ottomans
Fuir avec des pieds de gazelles !
…/…
De votre long sommeil éveillez-vous là-bas,
Fusils français ! et vous, musique des combats,
Bombes, canons, grêles cymbales !
Eveillez-vous, chevaux au pied retentissant,
Sabres, auxquels il manque une trempe de sang,
Longs pistolets gorgés de balles!
Je veux voir des combats, toujours au premier rang !
Voir comment les spahis s’épanchent en torrent
Sur l’infanterie inquiète ;
Voir comment leur damas, qu’emporte leur coursier,
Coupe une tête au fil de son croissant d’acier !
Allons !… – mais quoi, pauvre poète,
Où m’emporte moi-même un accès belliqueux ?
Les vieillards, les enfants m’admettent avec eux.
Que suis-je ? – Esprit qu’un souffle enlève.
Comme une feuille morte, échappée aux bouleaux,
Qui sur une onde en pente erre de flots en flots,
Mes jours s’en vont de rêve en rêve.
Tout me fait songer : l’air, les prés, les monts, les bois.
J’en ai pour tout un jour des soupirs d’un hautbois,
D’un bruit de feuilles remuées ;
Quand vient le crépuscule, au fond d’un vallon noir,
J’aime un grand lac d’argent, profond et clair miroir
Où se regardent les nuées.
J’aime une lune, ardente et rouge comme l’or,
Se levant dans la brume épaisse, ou bien encor
Blanche au bord d’un nuage sombre ;
J’aime ces chariots lourds et noirs, qui la nuit,
Passant devant le seuil des fermes avec bruit,
Font aboyer les chiens dans l’ombre.
Victor Hugo
(dans le recueil « Les Orientales », publié en 1829)