Deux tasses de faïence aux décors printaniers
Sont pleines de tisane et de fumant thé vert.
Auprès du tête-à-tête une assiette à dessert
Propose des biscuits et quelques financiers.
Le salon est rempli d’odeur de chèvrefeuilles.
Près de l’âtre fumant l’ambiance est confortable,
Les fauteuils sont profonds à coté de la table
Où sont posés en vrac des livres, des recueils.
Tout est désormais là, propice aux évasions
Dans un rythme inégal où l’urgence est bannie
Et le blanc l’ennemi de la graphomanie.
Les feuilles de papier bruissent sous les crayons.
Entre deux gâteaux secs et des tas de ratures
Nécessaires souvent pour trouver le mot juste
Un sonnet se dévore un quatrain se déguste
Et l’on parle de pieds, de rime et de césures.
Le temps laisse la place au silence parfois
Alors d’un œil brillant, ébloui par un vers
Une phrase découvre un nouvel univers
Que son auteur partage avec un air matois.
La courte heure prévue durera trois fois plus
On a remis de l’eau lentement à bouillir
Et du bois pour sauver le feu de défaillir
Puis la main réécrit comme on fait l’angélus.
Avant de s’en aller dans le froid hivernal
On corrige et l’on lit une dernière fois
Sous les crépitements des buchettes de bois
Et l’on part en serrant sur soi son arsenal.
Dominique Mongodin