Une brume épaisse sur la baie,
Ambiance humide ce matin sur le chemin littoral,
Trois cabas à misère
Son seul bien apparent
Le vieil homme sans cheveux blancs,
Miroir d’épave sur mer plate,
Se tient prostré, le dos rond,
Regardant avec force ce béton
Qui ne veut plus de lui.
Il dort à la belle étoile
Sur un banc
Bravant le froid mordant,
le brouillard qui s’invite en novembre.
Même le mot bonjour lui est indifférent,
Qu’on lui fiche la paix après tout!
Les belles étoiles sont des conneries! murmure-t-il.
Et il continue à regarder sans fin la mer monter.
De l’autre côté du chemin on dresse
une belle table,
Nappe blanche et bouquets de fleurs rouges
Pour mettre en gourmandise acteurs et techniciens
Qui tournent un film de pub pour que les bien portants
Se goinfrent un peu plus à Noël.
Mais lui… cela fait bien longtemps qu’il n’a plus le goût
de la friandise.
Le brouillard s’épaissit,
la mer se rétrécit.
Il se fige dans sa solitude.
Jean-Pierre Billois, novembre 2017 (poème et photographie)
Beaucoup d’humanité et de sensibilité dans ces mots simples qui disent, dans leur vérité, le dénuement et la solitude. Une musique triste et grise perce sous cette image: » Miroir d’épave sur mer plate », image magistralement illustrée par la photographie qui accompagne le texte.