Cette saison 2022-2023 inaugure une nouvelle forme des apéros poétiques. Trois moments sont prévus.
- Lecture imposée par le thème.
- Découverte et coup de coeur pour un poète.
- Un poème- monde (un poème pour dire le fracas du monde)
Cette saison 2022-2023 inaugure une nouvelle forme des apéros poétiques. Trois moments sont prévus.
Absence
Tu ne poseras plus
Près du café qui fume
La frêle rose rouge cueillie sous la fenêtre,
Tu ne souriras plus à la course affolée
D’une fourmi gourmande
Attirée par l’odeur sucrée des confitures
Dégoulinant des trous des tartines grillées.
Tu ne lanceras plus en ouvrant grand la porte
Qui s’accroche toujours aux franges du tapis :
« Descends vite…Viens voir ! Le muguet est fleuri ».
Tu ne m’aideras plus à étendre le linge
Et nous ne rirons plus, ensemble, tous les deux,
Quand le vent fou fera voler les nappes blanches
Au-dessus du vieux mur où la treille s’égare.
Tu es là-bas, si loin sous ta dalle bien lisse
Et si proche pourtant
Juste au bord de mes yeux.
Yvonne Le Meur-Rollet
( Posté pour Marie-Hélène Hudelist)
Des petits riens
A travers la fenêtre tombent des flocons blancs par centaines,
Calme, douceur, beauté, ouate…
Petit a petit, les cailloux ont disparu,
l’herbe devient blanche , plus d’allées ,
plus de repères, les arbres se transforment,
les branches s’allongent,
le jardin est un fantôme,
mon esprit s’enrubanne,
ces milliers de petits riens,
ont construit une œuvre, un tapis entier,
sans trous, sans crevasse, sans ourlet, sans faille,
une immensité blanche fragile
prête a fondre et a disparaître
pour remonter vers le ciel.
Marie-Hélène Hudelist
23 septembre 2022
D’abord un point
D’abord un point
mou
sensible
humide
d’abord un point.
Puis quelques gouttes d’eau
qui gerbent,
qui s’amassent,
dans le creux d’une impasse,
puis quelques gouttes d’eau.
Soudain un trou … une chasse,
une source filante
débordante
vorace,
soudain un trou, une chasse.
Et un geyser qui trace
au milieu de l’impasse
un espoir
un ru vert
et enfin le geyser.
Le geyser pointe droit
de la bouche de sable
une bouche géante
une bouche qui saigne.
Et le geyser efface
le sang
les larmes
les traces
Seuls les mots les remplacent
ils bondissent
ils éclatent …
Des mots
fins
durs
brillants
Et les mots … des diamants.
Michèle PETTAZZONI
La surprise
Il m’a demandé un baiser
juste un baiser sur sa joue creuse
comme on donne au petit enfant
un bisou sur sa joue heureuse.
Il était vieux et cancéreux
couché sur un lit d’hôpital.
Il était maigre, il avait mal…
Il a murmuré : « un baiser ».
Venue avec quelque dossier
ma bouche sur sa peau d’ivoire…
Quand je suis retournée le voir
il était mort, c’était trop tard.
Il était vieux et cancéreux,
j’étais jeune et pleine d’envies…
Bien sûr je n’avais pas compris
combien on peut aimer la vie.
Michèle PETTAZZONI
Je ne sais pas, je ne peux rien
Il est aussi secret que son domaine est grand
C’est lui qui est géant et moi qui suis petit
Ce qu’il a vu jamais ne pourra être dit
Je roule entre mes doigts un grain de sable blanc.
Je mesure le temps qui me sépare de lui
M’imaginant alors capable de compter
Il crisse dans ma main et je dois accepter
Que son éternité n’a d’égal que l’ennui.
Ils sont aussi brillants qu’ils me sont éloignés
Si loin et si présents, éclairant nuits et jours
Témoins intemporels et muets pour toujours
J’observe l’univers des astres alignés.
C’est sur la plage d’Omaha Beach en Normandie que j’ai photographié ces petits riens……..