« Regard » thème de l’apéro-poétique du mois d’avril, re re re confiné…

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22 réponses à « Regard » thème de l’apéro-poétique du mois d’avril, re re re confiné…

  1. Michèle PETTAZZONI dit :

    VOS YEUX

    J’avais le cœur rempli d’amère solitude
    Traînant un morne ennui, lourdement en tous lieux
    Mes vingt ans étaient faits de trop de lassitude
    J’étais seule toujours parmi la multitude
    N’ayant pas vu vos yeux.

    Je souffrais de n’avoir personne pour m’entendre
    De sentir mon cœur lourd quand tous étaient joyeux
    Lorsqu’on parlait d’amour, je croyais bien comprendre
    Mais ce n’était qu’un leurre et ce n’était qu’attendre
    N’ayant pas vu vos yeux.

    Un jour, ce fut divin!… je vous vis sur ma route
    Et tout mon cœur ardent battit, mystérieux.
    J’avais l’âme ravie, étonnée, en déroute…
    Je ne sus même pas qu’elle se donnait toute
    Au regard de vos yeux.

    Que m’importe aujourd’hui douleur, ennui, tristesse
    Et tout ce qui nous fait le cœur lourd, soucieux!
    Qu’importe qu’on m’oublie et que l’on me délaisse
    Que l’abandon m’entraîne en sa morne détresse
    Puisque j’ai vu vos yeux.

    Eva Senécal, poète canadienne
    1905-1988

  2. MONGODIN Dominique dit :

    Premier rendez-vous

    Je ne savais de toi que quelques photos floues:
    Réalité virtuelle d’écrans interposés.
    Pas le moindre contact ni de baisers aux joues,
    Je nous sentais si proches et pourtant éloignés.

    Tout est parti de rien, rien que d’un épicentre
    Mon désir grandissait sans te voir ni t’entendre,
    Soubresauts dans le cœur, gargouillis dans le ventre,
    Souffle court, haletant à ne faire que t’attendre.

    Puis tu m’es apparu(e) et ton corps s’est glissé
    Sous mon regard soyeux, pour la première fois,
    Jusqu’à mes mains tendues lorsque tu as crié.

    Regard sur ta peau nue que je n’osais toucher
    Alors que j’ignorais pour lequel de nous trois
    Mes larmes s’écoulaient à n’en jamais sécher.

    • Yvonne dit :

      Merci Dominique pour ce magnifique poème qui fait naître beaucoup d’émotion, quand on découvre que ce premier rendez-vous d’amour est celui d’un père ou d’une mère avec un enfant attendu et intensément désiré.

  3. Yvonne Le Meur-Rollet dit :

    Le regard de Vincent

    Souvenir d’une visite à La Cathédrale d’images des Baux de Provence, en 2008.Cette année-là, les oeuvres de Van Gogh étaient projetées en diaporama, sur les parois de calcaire des anciennes carrières

    Que cherchait donc Vincent en traversant la France ?
    Sans doute voulait-il rencontrer les saisons,
    Découvrir les maisons, entre haies et jardins,
    Et les gestes des gens penchés sur leurs travaux …
    Mais il cherchait surtout les ciels et la lumière
    Qu’il découvrit enfin sur les rives du Rhône…

    Aujourd’hui, il est là,
    Juste au coeur des Alpilles,
    Et ses yeux très clairs brillent
    Aux parois des carrières,
    De cette flamme intense
    Qui nous scrute et nous trouble…

    Sur les hauts murs de craie,
    Tous ses tableaux défilent
    En une longue danse
    Tandis que la musique de Satie ou Saint-Saens
    Emplit la cathédrale, au rythme des images.

    Sous les yeux de Vincent,
    Des oliviers se tordent,
    Et leurs troncs noirs défilent
    Sur les coteaux ocrés.
    …/..
    Des champs d’abricotiers
    Ou d’amandiers en fleurs
    Cloisonnent des ciels bleus,
    Et de lourds tournesols se penchent dans des vases

    Sous les yeux de Vincent, une nuit étoilée
    S’enroule, somptueuse, enluminant le fleuve
    De liquides reflets, longues soieries noyées.
    …/…
    Dans les yeux de Vincent, sous son chapeau de paille,
    Dorment des moissonneurs étendus côte à côte
    A l’ombre d’une meule.
    Cet homme et cette femme, peuvent s’aimer d’amour,
    Ils ne se touchent pas. Ecrasés de fatigue,
    Ils attendront le soir pour s’enlacer enfin.

    Dans le regard du peintre, et sur sa barbe rousse,
    Des rangs de vignes rouges s’embrasent dans le soir.
    Des chemins en automne
    Nous mènent aux jardins des longues promenades
    Où les ombres des femmes
    Passent sous les grands arbres .
    …/…
    Le regard de Vincent brouille nos yeux de larmes
    Tandis qu’un violoncelle,
    Fait monter sous les voûtes
    Une suite de Bach qui pleure et puis s’apaise .

    Dans les prunelles bleues,
    Passent une maison jaune,
    Des corbeaux dans les blés,
    Des cafés, des terrasses ,
    Des iris violacés, serrés entre des buis,
    Le cloître de l’asile aux allées de graviers,
    La route aux grands cyprès menant à une église,
    Un semeur au couchant quand le soleil se noie.

    Et toutes ces splendeurs,
    Lumières fragmentées, aveuglantes richesses
    D’un talent torturé par des douleurs secrètes,
    Sont comme des fenêtres
    Qui permettent de voir plus loin que le réel…

    Yvonne Le Meur-Rollet

    _________

  4. Louise Montagne dit :

    LA SIRENE
    Comment ne pas succomber
    Quand j’ai croisé son regard,
    Qui aurait pu briser le charme envoûtant
    De ses flaques sauvages
    De ses grands yeux verts d’eau
    pareils à l’océan;
    Qui aurait pu m’empêcher d’aimer
    cette figure de proue décrochée du navire
    et ses cheveux dorés, éclatant en soleil
    Autour de son visage.

    Je n’ai pu résister à l’appel de la sirène
    Sans retenue j’ai levé l’ancre
    Et poussé par le vent du large,
    Je suis allé à l’abordage
    De ce regard sans fond.
    J’ai navigué comme un bouchon
    Sur les vagues de ses yeux mouillés,
    Corps et âme je me suis noyé
    Dans les abysses de son horizon.

    Louise Montagne-avril 2021-

  5. Elisabeth Loridan dit :

    Mais le jour s’est levé

    A quoi bon ressasser le malheur à quoi bon ?
    A quoi bon dire encore et encore le drame
    Le drame de notre monde ?
    Sa laideur
    Crois-tu qu’on ne la voit pas ?
    Mais on n’en peut plus de t’entendre.

    Allez ferme les yeux
    Laisse-toi aller à rêver
    Oublie les images qui se bousculent dans ta tête
    Et glacent ton coeur
    Oublie les visages de ces enfants au regard vide se mourant de faim
    Oublie ces enfants au regard brillant de vie mais aux corps abîmés à jamais
    Oublie ces hommes et ces femmes chassés de leur pays marchant dans des rues devenues soudain silencieuses
    Oublie ces ombres incertaines massées derrière des barbelés
    Fixant l’objectif d’un regard étonné
    Etonnés d’être encore Vivants
    Mais pour combien de temps ?

    Allons c’est assez ! Cesse ta litanie du malheur !
    Oublie-les
    Réchauffe ton cœur à tes rêves
    Et dis-nous enfin le bonheur

    J’ai joué le jeu
    J’ai fermé les yeux
    Et j’ai dit ce qui m’passait par la tête
    Des petits pas sur le sable
    Le rire d’un enfant
    Les petits pas ce seraient les siens
    Cet enfant qui rit
    Ce serait le mien
    Le doux murmure du vent
    Le bruit des vagues qui se meurent doucement
    Le chuchotement de voix amies le soir venu
    Des regards qui s’invitent
    Une balade sur une île déserte
    Avec l’amour retrouvé
    Un jour de plein soleil
    Une nuit d’été
    La tête dans les étoiles

    J’ai partagé mes rêves avec eux toute la nuit
    Ce fut doux, drôle, joyeux
    La vie comme je rêverais qu’elle soit….

    Ils m’ont cru guérie

    Mais le jour s’est levé
    Les rêves s’en sont allés
    Je n’avais rien oublié

    Il ne suffit pas de fermer les yeux
    Pour oublier
    Ces visages au regard vaincu
    Pour oublier
    La peur de voir dans leurs yeux ma propre défaite.

    Elisabeth Thomas-Loridan le 6 / 04 / 2021

    *J’ai écrit ce texte en pensant à mes amies et mes proches qui me disent souvent « Mais pourquoi tu écris « si triste » ? ». Je ne sais trop quoi leur répondre. Ils me disent beaucoup aimer voire préférer mes textes drôles (en particulier celui où j’imagine le dialogue entre un Ours polaire et sa femme : il est drôle au niveau de la forme mais pas du tout sur le fond, comme quoi…). Alors voilà pour essayer de leur répondre j’ai imaginé ce dialogue à la manière du dialogue qui oppose l’homme de guerre à la Mère furieuse dans Stabat Mater Furiosa de J.P Siméon, texte inspirant et que j’aimerais dire encore et encore tant malheureusement il est toujours d’une si douloureuse actualité (j’en avais dit des extraits lors du deuxième Festival de Poésie).

    • Yvonne Le Meur-Rollet dit :

      Oui, je me souviens de cette lecture des extraits du poème de J-P Siméon que tu avais cité lors d’un de nos apéros poétiques. Je l’avais recherché sur internet pour pouvoir le lire et le relire…
      Merci pour ce nouveau texte qui nous rappelle qu’il « ne suffit pas de fermer les yeux pour oublier ».

  6. MONGODIN Dominique dit :

    Le chat et le soleil

    Le chat ouvrit les yeux,
    Le soleil y entra.
    Le chat ferma les yeux,
    Le soleil y resta.

    Voila pourquoi, le soir,
    Quand le chat se réveille,
    J’aperçois dans le noir
    Deux morceaux de soleil.

    Maurice Carême

  7. Yvonne Le Meur-Rollet dit :

    Regards sur une vie ( pantoum)

    La rivière, là-bas, s’étire
    Entre les chênes émondés.
    L’orme, penché sur l’eau, soupire,
    Rameaux et branches dénudés.

    Entre les chênes émondés,
    Le jour est passé sans sourire.
    Rameaux et branches dénudés,
    C’est un soir où l’automne expire.

    Le jour est passé sans sourire,
    Mes espoirs se sont envolés.
    C’est un soir où l’automne expire,
    Sous des regrets froids et voilés.

    Mes espoirs se sont envolés,
    Est-il d’autres mots pour le dire?
    Sous des regrets froids et voilés
    Ton visage aimé se déchire.

    Est-il d’autres mots pour le dire?
    Les serments se sont effrités.
    Ton visage aimé se déchire,
    Au long des pontons désertés.

    Les serments se sont effrités,
    Reste un reflet que je désire…
    Au long des pontons désertés,
    La rivière, là-bas, s’étire.
    Yvonne Le Meur-Rollet

  8. Michèle PETTAZZONI dit :

    Aveu

    Je l’ai vue en Egypte
    du Caire à Assouan
    au pied du mont Fuji
    dans le cœur d’un volcan.

    Je l’ai vue dans le ciel
    aux couleurs de nectar
    dans la fleur qui s’éveille,
    sur l’aile du canard.

    Je l’ai vue,
    époustouflante,
    la beauté éperdue
    de ce monde

    Michèle PETTAZZONI

  9. Pervenche Mahé dit :

    Lève toi, Regarde toi

    Lève toi, Regarde toi,
    Tu illumines les yeux des gens,
    Par des pépites en couleurs d’émoi,
    Par la poésie des mots en fragment.

    Réveille toi, Délivre toi.
    Dans ton sang coule la vie en tourment,
    Dans tes larmes scintille la joie,
    Dans ton regard vit une âme d’enfant.

  10. Pervenche Mahé dit :

    Regard d’enfant

    Un parapluie retourné
    Devient un incroyable lieu de vie
    Où les poissons nagent ensemble

    Un couple de yeux, une vision,
    Tellement de visions dans ce monde,
    Tellement de façon de voir les choses,
    Tellement de choses à apprendre, désapprendre,

    Apprendre à regarder différemment,
    Apprendre à regarder sans jugement,
    Apprendre à savourer l’instant présent,

    Comme un regard d’enfant.

  11. MONGODIN Dominique dit :

    Dans les yeux

    J’imagine,
    J’imagine un regard que je ne connais pas.
    Un regard qui me capte dans sa douce puissance.
    Deux yeux que je surprends à réduire la distance.
    Je pense,
    Je pense à l’œil profond qui ne s’adresse qu’à moi
    Et me couve et me veut désirer protéger
    Qui me susurre sans mot l’envie de m’héberger.

    Je vois,
    Je vois l’éclair saillant qui n’est pas équivoque,
    Qui montre sans le dire l’attirance naissante.
    C’est un regard qui voile une âme caressante.
    Je sais,
    Je sais un œil complice, intime, qui me provoque,
    Qui m’invite à comprendre toute sa profondeur
    Et partage pour moi sa confiante douceur.

    Je découvre,
    Je découvre un regard qui ne sait pas tricher,
    Mais me dit ce qu’aucun n’est parvenu à dire
    Par le langage des mots ou celui d’un sourire.
    J’aime,
    J’aime la confession, derrière les yeux cachée,
    Qui me donne, au-delà de son invitation,
    La promesse d’une vie ou d’une heure de passion.

  12. Pervenche Mahé dit :

    Battre des cils

    Ose du bout des cils,
    Balayer la vie,
    Caresser les poussières,
    Glisser sur les dunes.

    Ose au delà de tes cils,
    Aimer la vie, la nuit,
    Courir dans les clairières,
    Apprivoiser la lune.

    Ose le temps d’une éclipse de cils
    Croire que tout est possible.
    Sais tu que….lorsque que battent tes cils,
    Ma vie s’anime, mon coeur s’active…Est ce visible…

    Je te regarde vivre, entre mes cils,
    Je danse sur le ton silencieux
    Du doux battement de tes cils,
    Viens, ose te regarder à travers mes yeux.

    Ose t’aimer, plus que je t’aime!

    Lorsque la lumière décline et que mes cils s’inclinent,
    Je te devine, je t’imagine, je te dessine…
    Les yeux plongés le noir, ta lumière me guide et prend racine.

    Regarde, mais regarde toi… Tu brilles! tu m’illumines…

  13. Cadeau d'Annie Coll dit :

    Pyrénées catalanes

    J’écoute le torrent
    son cristal m’arrache à moi-même
    son effervescence m’emporte
    dans le jaillissement de l’écume

    Le lointain devient proche
    la montagne enlace la mer
    ensemence le ciel

    Les émotions bouillonnent
    dans l’ivresse des musiques
    les rêves absolus se confondent
    se répondent

    Je sais que j’attendais
    depuis toujours
    ce qui était sous mes yeux

    la sincérité du cœur

    dans la profusion du torrent

  14. Cadeau d'Annie Coll dit :

    A Vienne

    Dans une taverne
    Cassa romana
    L’Italien qui servait
    avait un air délicat

    Quand, après-dîner, confuse
    je ne trouvai plus mon porte-monnaie
    il me proposa avec un sourire
    de ne pas m’inquiéter
    de revenir payer le lendemain

    Le deuxième soir
    Je vins à la même table
    son service était ailleurs

    Il se précipita
    prit mon billet
    alluma la bougie
    me fixa avant de regarder la flamme

    Son regard me troubla tant
    que je n’osai le lui rendre.

  15. Cadeau d'Annie Coll dit :

    François Nadaud

    J’ai revu mon ami après de longues années d’absence.
    il fut difficile de retrouver sa maison
    perdue dans les bois

    Quand je le trouvai déjeunant dans son atelier
    Il fit
    comme si nous ne nous étions jamais quittés

    Nous interrogions nos visages
    tandis que nos mots
    se disaient autre chose

    J’ai parcouru son jardin parsemé de sculptures
    Vu
    le bois bien coupé
    soigneusement rangé

    C’était dans un vallon du Boischaut sud
    où j’avais vécu
    autrefois

    Dans cette nature vibrante
    il parlait de sa vie tranquille
    du temps qui passe

    la vie va si vite, disait-il

    et il y a tant à faire

  16. LORIDAN Elisabeth dit :

    Un matin d’hiver

    Elle est assise à même le sol
    Un sol dur et froid
    Il a gelé cette nuit
    De l’autre côté de la rue
    Je l’observe
    Je l’ai déjà vue
    Mendier ailleurs dans la ville
    Visage fermé
    Murmurant des mots que je devinais hostiles
    Mais ce matin tournée vers les passants
    Qui la frôlent sans même lui jeter un regard
    Je la vois vaciller, frémissant de froid
    Dans ses yeux je surprends une lueur de détresse
    Mais très vite elle se redresse
    Sans un mot sans une larme
    Elle restera là assise à même le sol jusqu’à la relève.

    Quelques instants plus tard
    Lorsque je lui tendrai un croissant
    Elle l’acceptera en souriant
    Me remercie-t-elle pour mon geste
    Si dérisoire soit-il
    Ou pour le regard que nous avons alors échangé ?

    Elisabeth Loridan

  17. Michèle PETTAZZONI dit :

    Regards croisés

    L’un est rieur, éclair de charme,
    pépites d’or, attise-flamme.
    L’autre d’un seul rai ravit l’âme,
    chanson de vie, bel oriflamme.
    Celui-là, vert bleu, tombeur,
    nous fait chavirer de bonheur.
    Ceux-ci, glaçants et suspects,
    nous transpercent d’un sombre trait.
    Certains fuient comme des voleurs,
    l’approche douce est de rigueur…

    Et puis le tien, par-dessus tout
    qui m’aime sens dessus-dessous !

    Michèle PETTAZZONI

  18. Billois dit :

    Un grand merci à tous ceux qui écrivent pour cette rubrique. Je sais que vos textes sont appréciés et je pense que nous pourrions envisager une publication papier. C’est une idée partagée par un certain nombre d’entre nous. Je vous promets que nous en discuterons au sein du Conseil d’Administration de notre association.

    Une autre idée , facile à mettre en oeuvre, serait que, en ces temps difficiles, vous lisiez vos textes par téléphone aux personnes qui en feraient la demande.
    N’hésitez pas à vous exprimer librement sur ces propositions.
    Bien poétiquement.

    JP Billois

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