« L’étranger » thème de l’apéro-poétique du mois de Juin vers d’autres horizons…

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18 réponses à « L’étranger » thème de l’apéro-poétique du mois de Juin vers d’autres horizons…

  1. Jean Pierre Billois dit :

    débattu dans le texte qui suit avec un « e » bien entendu.

  2. Jean Pierre Billois dit :

    La saison des apéros poétiques 2020-2021 est désormais achevée. Presqu’île en poésie remercie chaleureusement tous les auteurs qui ont publié chaque mois dans cette rubrique . Il y a quelques mois je vous soumettais l’idée d’une publication de vos poèmes dans un recueil collectif. Cette idée sera débattu lors d’un prochain Conseil d’administration. Nous vous tiendrons au courant.
    Alors à très bientôt pour une nouvelle saison.
    D’ici là bonnes vacances poétiques à tous.
    Bien à vous.
    Jean Pierre Billois.

  3. LORIDAN Elisabeth dit :

    Les socquettes blanches

    En habits du dimanche
    Jupes plissées,socquettes blanches
    Elles nous voyaient arriver dans leur école
    Qui n’était pas encore la nôtre
    Et qui ne le serait jamais vraiment

    Nous venions d’un ailleurs
    Souvent très proche
    Parfois juste de l’autre côté de la rive
    Nous avions le même âge qu’Elles
    Mais déjà plus la même insouciance
    Comme Elles nous avions la peau blanche
    Semblables à Elles nous pensions être
    Mais leurs regards nous disaient
    que nous n’étions pas des leurs
    Dans nos habits démodés et nos gestes empêchés
    Sans doute étions-nous un peu étranges à leurs yeux
    Sans doute leur faisions-nous un peu peur

    Nous n’avions pas choisi d’être nomades
    Pas choisi de vivre dans des meublés provisoires
    Et d’attendre le prochain départ
    Mais c’était ainsi
    Notre père pour fuir le souvenir de sa misère
    Et la peur du lendemain
    Nous aurait emmenées au bout de la Terre
    Si le bout de la Terre avait été la promesse de jours meilleurs
    Son histoire n’était pas la nôtre
    Mais elle l’était devenue
    Enfants nous savions déjà
    Que la vie peut être un fardeau
    Parfois lourd à porter

    Face aux regards moqueurs et aux quolibets
    Ma soeur se taisait
    Moi je serrais les poings
    Prête à rendre coup pour coup

    Depuis beaucoup de temps a passé
    Les petites filles aux yeux tristes
    Un peu ridicules dans leurs habits du dimanche
    Jupes plissées, socquettes blanches
    Se sont enfin posées
    Mais de cette enfance intranquille
    Leur reste une secrète douleur au coeur
    Qui ne s’éteindra qu’avec elles.

  4. Dominique Mongodin dit :

    Inéluctable étrangère

    Voilà une étrangère qui m’étreint doucement
    Car pour me conquérir, du temps il lui faut prendre.
    Elle se propose à moi imperceptiblement
    Puis s’éclipse soudain, je m’étonne à l’attendre.

    Je perçois son pouvoir qui monte crescendo
    Elle sait hanter mon cœur et me pourrir le sang
    Me fait courber l’échine du poids de son fardeau
    Elle me poursuit parfois, me provoque souvent.

    De ses incitations, je suis dans la méfiance
    Mais il m’arrive aussi de me laisser tenter
    De céder à son charme et à sa nonchalance
    Puis je retiens mes gestes avant de la quitter.

    Quand je parviens à fuir son emprise sur moi
    Elle s’adonne à d’autres, sans doute plus fragiles
    Ceux-là sont dans l’urgence pour un jour ou un mois
    Puis elle se représente face à moi, indocile.

    Je sais qu’elle gagnera, me fera succomber
    Que je lâcherai prise devant ses tentations
    Tant elle sera habile à me faire tomber.
    Je me ferai surprendre par manque d’attention.

    Certains soirs je pressens qu’elle voudra me garder
    Un lendemain matin au milieu de ma couche
    Et que dans ses bras froids je devrai m’attarder
    Perdu dans ses étreintes, victime de sa bouche.

    Dominique Mongodin

  5. Michèle PETTAZZONI dit :

    Aux larmes citoyens !

    Derrière la télé
    le monde d’à côté
    comme une autre planète
    où la mort se répète.
    Le spectacle fait peur
    avec ou sans couleur
    cinéma-vérité
    devant nos yeux blasés.
    Un air de déjà vu
    ou déjà entendu
    sommes-nous concernés
    par les gens d’à côté ?
    On voit à la télé
    les faces ravagées
    ça gène, ça déplaît
    au moment du dîner
    que ça sent le malheur
    tous ces gens de couleur
    si nombreux, sans papiers
    qui crèvent anonymes
    derrière nos vitrines.
    « Ils resteraient chez eux
    ils seraient plus heureux »
    pense-t-on magnanime,
    en pantoufles sans frime !
    Et soudain un dilemme,
    une pensée, un blême…
    Ils fuient car c’est l’horreur
    oui… c’est bien pire ailleurs
    que faire dans ce cas ?
    Charybde ou bien Scylla ?
    Ces humains sacrifiés
    si c’était mon village
    mon quartier… à la nage ?
    Ces êtres n’ont plus rien
    aux larmes citoyens !
    Paraît qu’on est tous frères ?
    Un œil crève l’écran
    qui guette et nous attend…

    slam

    Michèle PETTAZZONI

  6. Michèle PETTAZZONI dit :

    Etrange étranger

    La nuit lançait ses rets,
    lourds comme la vie,
    sur Lisbonne assoupie.
    Corps et ville se consumaient d’ennui
    dans les braises attiédies d’un brasero éteint.
    La lune, absente d’elle-même,
    luisait dans un ailleurs sans fin…

    Sous mes pas, d’autres pas,
    sous le ciel, l’autre passe,
    est passé, trépasse…
    Des limbes de son passé, des traces,
    poèmes, mots en surface…
    Et je m’accroche à eux,
    seule dans mes impasses.

    Certains rêvent de lui
    qui tant rêva sa vie,
    remarchent sur ses terres
    fuyant les mêmes farces…
    Ici gît Pessoa, que plus rien ne tracasse,
    étranger comme un frère
    dans sa châsse de roi !

    Michèle PETTAZZONI

  7. Michèle PETTAZZONI dit :

    Marianne et le griot

    Sensible à sa lumière,
    sensible à son parfum,
    sensible à ses manières,
    sensible à ce voisin.

    Sensible à sa pâleur,
    toute blanche est sa main
    sur sa main de couleur
    sans papiers et sans pain.

    Sensible à sa chaleur,
    sensible à son chagrin,
    sensible à cette peur
    qu’ont tous ceux qui n’ont rien.

    Sensible à cet ailleurs
    d’un sourire sans frein …
    Deux yeux accroche-cœur
    emportent ses refrains.

    Michèle PETTAZZONI

  8. Yvonne Le Meur-Rollet dit :

    Tu étais l’étrangère
     
    Tu es arrivée dans mon île
    Un jour d’avril.
    Tu chantais
    Toutes les chansons
    Que je jouais sur ma guitare.
    Tu m’as apporté à boire
    Un vin très doux que je ne connaissais pas.
    Tu m’as raconté une histoire
    D’amour fatal, de mari jaloux et de philtre sournois.
    Le navire de nos  nuits a trouvé un abri
    Au fond de mon grand  lit creusé
    De solitude.
    Ta robe de coton rouge a glissé
    Sur la courbe  blonde de ton dos.
    Aussitôt
    Le vent s’est levé
    Il nous a poussés vers le récif brillant de lune.
    Toutes voiles gonflées nous avons franchi la passe
    Et nous avons flotté au-dessus de la houle
    Si longue et si haute
    Que nous avons chaviré
    Eclaboussés d’écume.
    Enroulés dans les algues
    Nos deux corps ont plongé
    Et dans mes bras fermés
    Je tenais la Sirène
    J’enserrais La Joconde
    Je découvrais l’Eden
    Je dominais le Monde.
    J’étais Ulysse
    J’étais l’artiste
    J’étais un dieu
    J’étais un roi
    Tu étais venue pour moi.

    Yvonne Le Meur-Rollet
    Dans le recueil « Saisons de pluie »
     
                     
     

  9. Annie Coll dit :

    Fait divers

    Dans la tiédeur des immondices
    blotti au creux d’une poubelle de Londres
    l’homme était endormi
    bercé par la volupté cruelle
    d’une nuit d’ivresse
    effervescente et douce

    quand le camion benne
    aux mâchoires acérées
    l’a broyé
    une fois
    pour toutes.
    son poing s’est refermé

    sur la symphonie du monde

    Annie Coll

  10. Pervenche Mahé dit :

    Que j’aime ta saveur, toi l’étranger!
    Je mange tes mots si imparfaitement prononcés,
    J’en savoure chaque couleur, chaque sonorité.
    Ils câlinent et réveillent mes oreilles tellement habituées.

    Merci à toi, toi l’étranger,
    De m’ouvrir à toi en venant me visiter,
    De m’ouvrir l’esprit et le coeur,
    Et de m’en faire voir de toutes les couleurs!

    Pervenche

  11. JYB dit :

    Toi,
    qui que tu sois
    je te suis bien plus proche
    qu’étranger

    Andrée Chedid

  12. Dominique Mongodin dit :

    Moi, l’étranger ?

    Et si c’était moi, l’étranger
    Celui qu’on fuit, que l’on refuse
    Celui qu’on soupçonne de tricher
    Mais dont-on profite, on abuse.

    Et si j’étais l’usurpateur
    Facile proie de ceux qui traquent
    Et qui ne portent dans leur cœur
    Que le profit ou bien l’arnaque.

    Si j’étais de ceux qui arborent
    La liberté sur les épaules
    À en quitter ceux qu’ils adorent.
    Si c’étais moi le boat-people.

  13. Michèle PETTAZZONI dit :

    Femme afghane

    Telle une Lacédémonienne
    je souffre en silence
    sans un cri, sans une arme
    j’attends que cesse le mal
    qui me ronge et me tord
    à l’intérieur de moi
    J’attends que cesse le mal
    comme c’est long d’attendre
    comme l’attente me fait mal
    J’implore impuissante
    la fin de tous mes maux
    J’ai un Dieu qui m’ignore
    et me laisse solitaire
    souffrir et puis me taire
    pauvre statue de chair.

    En silence je me terre
    au fond de son absence
    Je regarde les mots
    qu’ils disent en prière
    au dedans des lieux clos
    Ma souffrance désenchante
    les beautés de la terre
    et les joies du passé
    je ne les connais plus
    Je survis emmurée
    dans mon corps mausolée
    Fantôme familier
    j’attends et désespère
    Sous mes voiles de larmes
    … je meurs …
    et personne ne le voit.

    Michèle PETTAZZONI

  14. Annie Coll dit :

    La burqa-aubaine !

    J’exige une loi et je dis
    La burqa ou La République !

    Grand organisateur de la faim et de la mort
    Grand manageur des suicides dans les entreprises
    Grand exploiteur des travailleuses à la chaîne
    Je m’oppose à la burqa des fondamentalistes !

    Moi, mâle, misogyne, tueur d’épouse
    Grand profiteur du travail précaire des femmes
    Asservies, harassées, niées, bafouées, exploitées.
    J’exige une loi contre la burqa.

    Allez donc à St Denis, à la Courneuve
    A la recherche de l’ombre errante
    Vous n’y trouverez pas de burqa
    Ou bien six ou sept, peut-être
    Celles qui ont pris la pose, pour le journaliste !

    Pitié, pour la femme sans visage !
    Voilée, trompée, instrumentalisée
    Pitié pour la femme sans visage, sans corps et sans voix !

    Et vous
    Grands prédateurs rapaces
    Apôtres des bonnes consciences
    Tombez vos masques !

    Annie Coll

  15. Annie Coll dit :

    Printemps arabe 2011

    Je vibre de la vibration de ce vaste monde
    je vis de son brassage

    Je veux le monde en moi et rien d’autre
    en moi les Roms de Paris
    et de Bulgarie

    Les enfants peuls du 93
    insurgés de tous pays

    Je vomis ce monde
    caddies et écrans compris

    Je veux l’amour comme toi
    Souleymane Diamanka

    Que suis-je, moi
    Que suis-je
    si je ne vous aime pas ?

    Toi la blogueuse
    Lina Ben Mhemi

    Toi, ô le calciné, halluciné
    Mohamed Bouazizi

    Annie Coll

  16. Annie Coll dit :

    Fils barbelés

    La mousse le lichen la boue
    détrempent mon cœur
    en grammes de pluie

    la vase n’éblouit plus

    J’ai perdu la saison des mots
    dans le souffle de l’hiver

    Comment saisir la main tendue 
    elle a vendu son amour

    Le désespoir s’agglutine
    aux ronces de nos rêves
    la peine chemine
    elle fait des ronds dans l’eau

    Verrai-je encore tes yeux de givre
    sur le chemin de halage ?

    Pourquoi faisons-nous semblant ?

    Dans les tranchées de la peur et de la haine
    les barbelés des réfugiés hagards
    nous montrent du doigt

    ils ne savent pas
    ils ne veulent plus
    ils ne pleurent pas
    ils ne dorment plus

    Fermerons nous longtemps les yeux 
    pour le pire ?
    Attendrons-nous encore 
    pour le meilleur ?

    Quelque chose est né , un jour, pourtant

    à partir de rien

    L’étincelle

    Annie Coll

  17. Michèle PETTAZZONI dit :

    L’ étrangère

    J’accueille en moi une étrangère,
    j’ignore sa nationalité.
    Elle me ressemble d’étrange manière
    et n’aime pas être regardée.
    Elle parle une langue familière
    que je ne peux pas répéter.
    Souvent elle pleure, l’irrégulière,
    elle n’aura jamais de papiers.

    Je porte en moi une immigrée
    d’un pays où l’on désespère.
    Elle résiste depuis des années
    et moi longtemps, j’ai laissé faire.
    Je l’abrite du bon côté,
    je la voile de ma bannière.
    Elle a très peur d’être expulsée,
    en moi elle tremble, mon étrangère.

    Je vis avec une réfugiée
    qui ne repartira jamais.
    Elle m’habite comme j’habite la terre,
    elle n’a d’autre lieu où aller.
    Parfois en moi on la repère
    à ses yeux tristes d’exilée …
    De poèmes en tapis de prière
    je noue ma vie à ses côtés.

    Michèle PETTAZZONI

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