« L’image » thème de l’apéro poétique du mois de Juin, au Vieux Moulin, vendredi 24 à 18h30

choisir une photographie, l’observer avec soin et produire un texte bref pour exprimer un ressenti en utilisant un vocabulaire de l’émotion.

Une lecture collective des textes sera faite.

merci à tous ceux qui offriront en partage leurs poèmes.
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5 réponses à « L’image » thème de l’apéro poétique du mois de Juin, au Vieux Moulin, vendredi 24 à 18h30

  1. Dominique Mongodin dit :

    Au sujet d’une photo que j’ai prise à l’automne dernier : photo d’une feuille tombée.

    Osez, osez poésies

    Une feuille tombée d’un chêne centenaire
    S’est installée chez moi, glissée sous mon soulier.
    Quand je l’ai aperçue au sol de ma chaumière
    Jaunie et desséchée, l’envie de la broyer

    D’une main vengeresse m’a traversé l’esprit.
    J’ai coupé mon élan avant d’être brutal
    J’ai compris que j’allais pour le plaisir d’un bruit
    Faire du froissement un dommage fatal.

    Je me suis retenu, confondu en pardon
    Avec pour repentir de la laisser entière
    Nue sans décoration et être encor un peu.

    Une feuille est venue trôner dans mon salon.
    Un arbre de noël sans boule et sans lumière
    Un espoir de vieillesse un pari sans enjeu.

  2. Yvonne Le Meur-Rollet dit :

    Le poème qui suit est inspiré par une photographie représentant une mer de nuages recouvrant une vallée dans un paysage montagneux. A cette photographie se superpose, dans la mémoire de l’auteur, l’image d’un célèbre tableau de Caspar-David Friedrich (peintre romantique allemand du XIXème siècle) intitulé « Le voyageur contemplant une mer de nuages ». Le narrateur du poème est ce voyageur.

    Le retour du marcheur solitaire

    Des jours durant, j’avais marché près des rivières,
    Gravi d’étroits sentiers, le bâton à la main,
    Visité des donjons sur des collines fières
    Pour enfin revenir au début du chemin.

    Je parvins un matin sur le haut promontoire
    D’où j’avais si souvent découvert au lointain
    Dans son tranquille écrin, ce lieu chargé d’Histoire,
    Mon village natal au pied d’un vieux fortin.

    Mais à mes pieds roulait une mer de nuages
    Qui laissait voir des rocs sombres et menaçants
    Enveloppés de gris, creusés de dents sauvages,
    Récifs déchiquetés par des flots frémissants.

    Et je crus un instant avoir changé de monde
    Ne voyant devant moi qu’un abyssal ravin
    Où s’affrontaient sans cesse, en un sabbat immonde,
    Des images d’effroi que je chassais en vain.

    J’avais peur, je tremblais, mes mains étaient glacées,
    Je me sentais fragile et près de défaillir…
    Mais soudain dans le ciel, en précises percées,
    Les flèches du soleil se mirent à jaillir.

    La brume devant moi bientôt devint fumée,
    Commençant à rosir, légère, et s’élevant ;
    La montagne reprit, au loin, sa forme aimée,
    Et les nuages bas s’envolèrent au vent.

    Lorsque l’épaisse brume enfin s’en fut allée,
    Défaite par l’ardeur des rayons du printemps,
    Je pus apercevoir ma riante vallée
    Et de longs reflets bleus aux miroirs des étangs.

    Yvonne Le Meur-Rollet- juin 2022

  3. Michèle PETTAZZONI dit :

    Les deux poèmes qui suivent ont été inspirés par deux photos de Jean Pierre BILLOIS postées sur Facebook.
    La premiére photo représentait l’effritement des dunes aux Sables d’or et la deuxième un entassement de coquillages en bord de mer à Saint Cast Le Guildo.

    Dunes fragiles

    Nos vies s’effritent lentement
    telles les dunes sous le vent
    quoiqu’on fasse le sable passe
    évanoui sans laisser trace

    Tant de gens pleurent silencieux
    un passé que rien ne ramène
    une vie aux grains si soyeux
    que seule la mémoire engrène

    Aucun cordon aucun système
    ne fortifie la dune humaine
    tressée de chair et de sang
    pailles dispersées par le vent

    Michèle Pettazzoni 11/05/2021

    Coquilles vides

    J’ai ramassé des coquillages
    serrés les uns contre les autres
    vides de vie et de courage
    balancés d’une vague à l’autre

    La mer, ce curieux sarcophage
    entrouvert sur nos souvenirs,
    souffle aux enfants cet avantage
    de collectionner dans les rires

    Sommes-nous des coquilles pleines
    de mémoire qui nous façonne ?
    Puis nous perdons formes humaines
    et l’océan nous abandonne …

    Michèle Pettazzoni 31/05/2021

  4. Anne Bihoreau St Malo dit :

    Jour d’avant, Jour d’après… l’image, la photo sont souvent là pour fixer un moment, pour faire vibrer notre imaginaire, pour dire l’instant qui passe… Quoi de mieux de s’être retrouvés dans ce vieux moulin de St Jacut datant de 1415 autour d’un bon verre, d’un hémicycle pour échanger nos textes, nos impressions : une photo de famille, un moment intime, un visage, une photo en avant-propos d’une lettre adressée par François Mitterrand à Anne Pingeot, des photos de rivage, de coquilles vides, d’isthme d’eau claire prises par Jean-Pierre, un paysage de Polynésie et une vague qui déferle … avec le talent, les correspondances musicales d’Olivier Guérin à la guitare pour vous remercier de ce moment de convivialité.

    LA VAGUE

    Eployée de vents
    et de sable
    d’où la turbulence
    s’installe

    Brûlure de l’instant
    et du pressentiment

    La vague
    invite à l’espace

    Tornade, bourrasque
    emportent
    les certitudes lointaines
    ramènent sur la plage
    écumes et charrois de sable

    Qui ne saurait
    entendre l’inconnu en soi
    Qui ne saurait
    sonder l’incommensurable ?
    Qui ne saurait tisonner
    l’incandescence du réel ?

    Car si toute mesure
    est à l’aune du savoir
    Comment mesurer
    le ciel et la mer qui s’effacent ?
    Comment mesurer les ténèbres
    qui s’installent
    Comment mesurer
    l’écume éparse ?

    Une brèche se forge dans le réel
    l’attente se noue dans l’intervalle
    Mais qui dira l’éclat de la voix
    où le vent, le feu, la vague
    s’invitent tout à la fois ?

    Anne Bihoreau, St Malo

  5. Y. Le Meur-Rollet dit :

    Le texte ci-dessous peut être illustré par une photo représentant le paysage « paradisiaque » d’une île haute où les cocotiers bordent un lagon, au milieu du Pacifique.
    Le narrateur est un Tahitien vivant dans l’une de ces îles qui font tant rêver

    Ici.

    Mon pays, c’est ici
    Et tous ceux qui en rêvent
    Imaginent souvent
    Que c’est le paradis.
    Je suis né dans cette île
    Posée comme une perle
    Sur un large lit bleu tout festonné d’écume.
    La turquoise et la nacre
    L’émeraude et l’azur
    Eclaboussent le vent qui chante la vanille.
    Les cocotiers se bercent
    Et les filaos dansent
    Au murmure des pas sur la route de sable
    Crissante de corail.

    Parfois un voilier blanc
    Quatre-mâts insolent
    Pénètre dans la baie
    Chassé par l’Océan.
    A son bord, des touristes
    Venus du Missouri, de Tokyo, de Paris
    Plongent leurs yeux ravis
    Dans les eaux d’améthyste.
    Ils passent, s’émerveillent…
    Le tiède vent doré,
    Dans leurs vieux corps réveille
    Des frissons oubliés.
    Mais quand les voiles fuient, gonflées de dollars fiers
    Les hauts manguiers frémissent
    Des désaccords amers
    De ma guitare grêle.
    L’île alors sent la bière et le coprah ranci.

    Mon pays, c’est ici
    Et tous ceux qui en rêvent
    Ne peuvent deviner
    Que je m’y meurs d’ennui.
    Yvonne Le Meur-Rollet

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