« Lointains », thème du prochain apéro-poétique du vendredi 24 octobre à 18h30 au café-restaurant Le Bretagne.

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7 réponses à « Lointains », thème du prochain apéro-poétique du vendredi 24 octobre à 18h30 au café-restaurant Le Bretagne.

  1. Yvonne Le Meur-Rollet dit :

    Le goût lointain du péché
    (Texte lu par ALINE)

    Ta lente adolescence,
    Violente et secrète
    Sous son armure étroite,
    Enfermait tes désirs.

    Le heaume de la lune
    Ébréchait les nuages
    Prisonniers de l’étang.

    Par ces soirs très lointains
    Pétrifiés dans l’attente,
    Tu espérais entendre
    Venir le souffle rauque
    D’un faune dans les joncs,
    Et tu sentais glisser
    Le clapot d’une main
    Sur l’onde de ta hanche.

    Tes paupières battantes,
    Impatientes fougères,
    Guettaient tous les charrois
    D’étoiles basculant
    Dans l’éboulis des schistes.

    Tu rêvais de connaître
    Le silex du péché
    Au goût de ronce tendre.

    Mais ton corps inutile
    Restait, timide offrande,
    Étendu sous le vide
    Et l’ennui de l’été.
    Yvonne Le Meur-Rollet
    ( dans le recueil »Au creux de ton sourire »

  2. Michèle PETTAZZONI dit :

    Poème non lu faute de temps

    L’Etranger
    Charles Baudelaire

    — Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ? ton père, ta mère, ta sœur ou ton frère ?
    — Je n’ai ni père, ni mère, ni sœur, ni frère.
    — Tes amis ?
    — Vous vous servez là d’une parole dont le sens m’est resté jusqu’à ce jour inconnu.
    — Ta patrie ?
    — J’ignore sous quelle latitude elle est située.
    — La beauté ?
    — Je l’aimerais volontiers, déesse et immortelle.
    — L’or ?
    — Je le hais comme vous haïssez Dieu.
    — Eh ! qu’aimes-tu donc, extraordinaire étranger ?
    — J’aime les nuages… les nuages qui passent… là-bas… là-bas… les merveilleux nuages !
    Charles Baudelaire, Petits poèmes en prose, 1869

  3. montagne dit :

    LOINTAINS SOUVENIRS SUR L’HORIZON LOINTAIN

    Assise au bord de l’eau,
    Le sable mouillé collant sur ses mollets,
    Dans son maillot de bain,trop grand
    Trop lourd, déforme d’être trempé,
    La fillette immobile regarde au loin.
    Ses yeux sont rivés sur le filet indigo,
    Qui surligne le bord de la mer.

    Les questions affluent dans sa petite tête
    Qu’y a t’il au bout,loin là bàs?
    Est ce que la terre s’arrête?
    Où vont ils tous ces bateaux?
    Qu’elle ne distingue presque plus.
    Au bout,vont’ils chuter,vont ils couler?
    Voler comme le Vaisseau Fantôme?…

    Elle imagine des pirates
    Naviguant sur ces eaux sans fond,
    De féroces flibustiers
    Au profil effrayant,borgnes et balafrés,
    Revenants impitoyables
    Condamnés à l’errance éternelle…

    Soudain dans un frisson saisissant
    Elle arrête ses élucubrations
    Et reprend ses esprits…
    Les images lointaines,
    Les vaines réponses,
    Peinent à sortir de sa tête…
    Poussant un gros soupir
    Elle se relève enfin,
    Puis s’en retourne dubitative.

    Louise Montagne -octobre 2025-

  4. Yvonne Le Meur-Rollet dit :

    Prose du Trananssibérien
    Blaise CENDRARSs
    Un extrait de ce texte a été lu par Anne BIHOREAU
    En ce temps-là, j’étais en mon adolescence
    J’avais à peine seize ans et je ne me souvenais déjà plus de mon enfance
    J’étais à 16.000 lieues du lieu de ma naissance
    J’étais à Moscou dans la ville des mille et trois clochers et des sept gares
    Et je n’avais pas assez des sept gares et des mille et trois tours
    Car mon adolescence était si ardente et si folle
    Que mon coeur tour à tour brûlait comme le temple d’Ephèse ou comme la Place Rouge de Moscou quand le soleil se couche.
    Et mes yeux éclairaient des voies anciennes.
    Et j’étais déjà si mauvais poète
    Que je ne savais pas aller jusqu’au bout.
    Le Kremlin était comme un immense gâteau tartare croustillé d’or,
    Avec les grandes amandes des cathédrales, toutes blanches
    Et l’or mielleux des cloches…
    Un vieux moine me lisait la légende de Novgorode
    J’avais soif
    Et je déchiffrais des caractères cunéiformes
    Puis, tout à coup, les pigeons du Saint-Esprit s’envolaient sur la place
    Et mes mains s’envolaient aussi avec des bruissements d’albatros
    Et ceci, c’était les dernières réminiscences
    Du dernier jour
    Du tout dernier voyage
    Et de la mer.
    Blaise Cendrars

  5. Dominique Mongodin dit :

    Voici un texte proposé par Yvonne Le Meur-Rollet,
    que je n’ai pas lu, faute d’avoir été plus concis précédemment.

    Des lointains

    Des lointains, des si lointains j’accours, ami, vers toi, le plus cher. Mes pas ont dépecé l’horrible espace entre nous.

    De longtemps nos pensers n’habitaient plus le même instant du monde : les voici à nouveau sous les mêmes influx, pénétrés des mêmes rayons.

    Tu ne réponds pas. Tu observes. Qu’ai-je déjà commis d’inopportun ? Sommes-nous bien réunis : est-ce bien toi, le plus cher ?

    Nos yeux se sont manqués. Nos gestes n’ont plus de symétrie. Nous nous épions à la dérobée comme des inconnus ou des chiens qui vont mordre.

    Quelque chose nous sépare. Notre vieille amitié se tient entre nous comme un mort étranglé par nous. Nous la portons d’un commun fardeau, lourde et froide.*

    Ha ! Hardiment retuons-la ! Et pour les heures naissantes, prudemment composons une vivace et nouvelle amitié.

    Le voulez-vous, Ô mon nouvel ami, frère de mon âme future ?

    Victor SÉGALIN (1878-1919)
    Extrait du recueil  »Stèles (face au Nord) »

  6. Yvonne Le Meur-Rollet dit :

    Texte non lu, faute de temps
    Le Voyage. Charles Baudelaire
    À Maxime Du Camp
    EXTRAIT

    Pour l’enfant, amoureux de cartes et d’estampes,
    L’univers est égal à son vaste appétit.
    Ah ! que le monde est grand à la clarté des lampes !
    Aux yeux du souvenir que le monde est petit !

    Un matin nous partons, le cerveau plein de flamme,
    Le cœur gros de rancune et de désirs amers,
    Et nous allons, suivant le rythme de la lame,
    Berçant notre infini sur le fini des mers :

    Les uns, joyeux de fuir une patrie infâme ;
    D’autres, l’horreur de leurs berceaux, et quelques-uns,
    Astrologues noyés dans les yeux d’une femme,
    La Circé tyrannique aux dangereux parfums.

    Pour n’être pas changés en bêtes, ils s’enivrent
    D’espace et de lumière et de cieux embrasés ;
    La glace qui les mord, les soleils qui les cuivrent,
    Effacent lentement la marque des baisers.

    Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent
    Pour partir ; cœurs légers, semblables aux ballons,
    De leur fatalité jamais ils ne s’écartent,
    Et sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons !

    Ceux-là, dont les désirs ont la forme des nues,
    Et qui rêvent, ainsi qu’un conscrit le canon,
    De vastes voluptés, changeantes, inconnues,
    Et dont l’esprit humain n’a jamais su le nom !
    /…/

  7. Dominique Mongodin dit :

    Ce texte parle de la poésie. Pas seulement celle que j’essaie d’écrire,
    mais aussi celle que je lis, que j’écoute et qui m’apprend.

    Ivresse des profondeurs

    Je me sens funambule
    Au dessus des grandes vallées nues de la mort.
    Il suffirait parfois d’un peu de vent plus fort
    Afin que je bascule.

    Mais agile, je suis,
    Depuis aussi longtemps que le vide m’invite.
    Je gère mon effort pour n’aller pas trop vite
    Je soigne mes appuis.

    Quelques fois je chancelle
    Quand je me fais tenter par le gouffre en dessous.
    Tremblant de haut en bas, suant de tout mon soûl
    Je me sens haridelle.

    Puis je reprends le fil
    Fragile et dangereux où je tiens l’équilibre.
    J’avance sur le trait qui m’offre d’être libre.
    La corde est mon exil !

    D’autres jours dans mes bras
    Que j’étends comme fait un oiseau de ses ailes
    Je sens le poids des peurs, attirantes, cruelles
    Me happer contrebas.

    Alors je me redresse
    Pour découvrir au loin la ligne d’horizon
    Sur laquelle je saute et vais califourchon
    Ressentir son ivresse.

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