Il y a le port mes parents mes frères et moi
pauvres parmi d’autres pauvres
dégoûtés de l’indigence où nous vivons
à côté des riches latifundias
ils ont tout mis dans les billets
mes parents
après on n’a plus d’argent
Mais tout là-bas en Argentine
pays neuf pays de promesses
ils nous emmènent nous
leurs enfants auront une plus belle vie qu’eux
-Ne pleure pas Dino
mais moi je pleure
je pleure ma tortue Emilia
ma confidente de toujours
je l’ai quittée dans un carré d’herbe
je pleure grand-mère qu’on a dû laisser seule ou presque
elle et ses gâteaux au miel
je pleure parce qu’il pleut
et que mon coeur se noie
sous un ciel que je connais
est-il là-bas un ciel
où même les nuages vous sourient
où avec la pluie descendent à vous
des petites tortues ?
Bernard Béreau (2017)
Beau poème qui restitue si bien le sentiment d’arrachement lié au changement de pays, même si c’est pour un avenir meilleur…..