Par la grâce, d’un mot, au musée imaginaire
Je suis entré, revenu de l’antique ère
Sur de vieux parquets désertés où m’apaisent
Des tableaux mêlés oubliés aux cimaises.
Une « Danseuse » de Degas, vaporeuse,
S’y élance, elle flotte radieuse,
Bondit avec grâce hors son cadre doré,
Aérienne, éperdue, sans gravité.
Légère, elle surfe « la Vague » d’Hokusai,
Éphémère équilibre de la muraille,
Surabondance, puissance de la grâce,
Source infinie de toutes les audaces.
Sur le port brumeux du Havre, elle glisse
Au pied du chevalet de Monet, complice,
Elle entre en « Impression soleil levant »,
En moment de grâce absolu hors du temps.
Quelques entrechats lumineux l’introduisent
Dans l’atelier de Rembrandt que le soir tamise.
Elle assiste au « Retour du fils prodigue »,
Folle rentrée en grâce que tout cœur brigue.
Ultime cabriole à la Tate Britain,
Agenouillée en espérance sereine,
Avec « L’Enfant Samuel » qu’elle embrasse,
Abondamment elle prie… d’avoir la grâce.
Sur la pointe des pieds je me suis retiré
Mais j’ai laissé la porte ouverte, entrez !
Accrochez là vos tableaux, il y a place,
Rêvez, vivez, il est temps de rendre grâce.
Jean-Yves HUET – 17 février 2024