Le Silence
*
Comme un drap vaporeux
sur la falaise
qui lèche la pierre
et rugit contre l’eau
comme une langue d’incendie
crépitant parmi les buissons du jour
le silence s’appuie
sur l’éphémère
sur la brume des mots
que taisent les abîmes
libérant les non-dits
et le souffle
et l’haleine primordiale
dans laquelle le vent
se mélange à la nuit
le silence s’appuie
et le monde avec lui s’éteint
simple lumière ténébreuse
qui parle avec le goût du temps aux lèvres.
*
le silence meurt en moi
comme une ombre au tain gracile
il meurt sans escorte
et sans nulle trace d’éternité
il meurt et se renouvelle
avec l’automne revenu
dispersant ses essaims de nuit
semant à tout va le calme pâle dont il est fait
aucune soif pour l’irriguer
aucune faim à satisfaire
il meurt comme un écho
sur ma peau orpheline
comme une éclipse
sur la paroi de l’évidence
il meurt en moi
et revit dans ton corps
comme un appel anonyme
pour nous unir en cette estampe
que la nuit a usée.
Khamylle-Abel Delalande, novembre 2018