« Tout feu, tout flamme » thème de l’apéro-poétique de la rentrée. Vendredi 27 septembre à 18h30. Bar- restaurant La Goélette.

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8 réponses à « Tout feu, tout flamme » thème de l’apéro-poétique de la rentrée. Vendredi 27 septembre à 18h30. Bar- restaurant La Goélette.

  1. Dominique Mongodin dit :

    Flammes de fées

    Flammes flamboyantes. Fleurs affleurées.
    Flancs affligés des femmes effarées.
    Forces flagrantes. Flous affriolants.
    Flaques flottantes. Forfaits édifiants.
    Affreux farfadets des forêts effacées.
    Forçats affolés par les effets des fées.

  2. Michèle+PETTAZZONI dit :

    Écrit par Marie Nizet (19 janvier 1859 – 10 mai 1922)

    Je vous aime, mon corps, qui fûtes son désir,
    Son champ de jouissance et son jardin d’extase
    Où se retrouve encor le goût de son plaisir
    Comme un rare parfum dans un précieux vase.

    Je vous aime, mes yeux, qui restiez éblouis
    Dans l’émerveillement qu’il traînait à sa suite
    Et qui gardez au fond de vous, comme en deux puits,
    Le reflet persistant de sa beauté détruite. […]

    Je vous aime, mon coeur, qui scandiez à grands coups
    Le rythme exaspéré des amoureuses fièvres,
    Et mes pieds nus noués aux siens et mes genoux
    Rivés à ses genoux et ma peau sous ses lèvres…

    Je vous aime ma chair, qui faisiez à sa chair
    Un tabernacle ardent de volupté parfaite
    Et qui preniez de lui le meilleur, le plus cher,
    Toujours rassasiée et jamais satisfaite.

    Et je t’aime, ô mon âme avide, toi qui pars
    – Nouvelle Isis – tentant la recherche éperdue
    Des atomes dissous, des effluves épars
    De son être où toi-même as soif d’être perdue.

    Je suis le temple vide où tout culte a cessé
    Sur l’inutile autel déserté par l’idole ;
    Je suis le feu qui danse à l’âtre délaissé,
    Le brasier qui n’échauffe rien, la torche folle…

    Et ce besoin d’aimer qui n’a plus son emploi
    Dans la mort, à présent retombe sur moi-même.
    Et puisque, ô mon amour, vous êtes tout en moi
    Résorbé, c’est bien vous que j’aime si je m’aime.

  3. Y. Le Meur-Rollet dit :

    Celles et ceux qui avaient écrit ou choisi des poèmes qu’ils ou elles n’ont pas pu lire faute de temps, sur le thème « Tout feu, tout flamme », peuvent, s’ils ou elles le souhaitent, les publier sur le site , afin de les faire partager à tous, au même titre que ceux qui ont été lus en public.

    (Rappelons, pour « les passeurs », qu’en ce qui concerne les auteurs édités et toujours vivants, nous ne pouvons publier leurs textes sans leur autorisation. Pour ce qui est des auteurs décédés, leurs œuvres tombent dans le domaine public, 70 ans après leur décès. Elles sont alors exemptes de droits d’auteurs et peuvent être publiées librement sur le site.)

  4. Yvonne Le Meur-Rollet dit :

    Le feu sous la glace

    Il y a maintenant longtemps que je connais
    Le bleu de ton regard et le pli de ta bouche,
    La chaleur de ta main qui, lorsqu’elle me touche
    Me trouble de sa paume; et soudain, je renais…

    Je suis alors crinière au dos brun des poneys;
    Je suis un chemin creux que le soir effarouche,
    Je suis un aubépin refleuri sur sa souche,
    Je suis un poitrail nu refusant le harnais.

    Tu ne peux pas savoir que mes airs raisonnables
    Dissimulent trop bien mes désirs indomptables,
    Derrière des regards lointains, indifférents.

    Je ne suis pas modeste, et je ne suis pas sage :
    Je rêve, chaque nuit, qu’en tes bras tu me prends
    Et que tes tendres doigts dégrafent mon corsage.
    Yvonne Le Meur Rollet(2006)

  5. Dominique Mongodin dit :

    Le portrait
    (Merci à Murielle Guérin pour la lecture)

    Parlez-moi sans me la nommer
    De la personne que vous aimez
    Le plus au monde. Je vous dirais
    Sans hésiter : ‘’Je la connais.’’

    Votre langage m’est étranger
    Mais dans le ton de votre voix
    J’entends que les mots sont chargés
    Des sentiments qui sont en moi.
    Évoquez pour moi le plaisir
    Que vous éprouvez à l’idée
    De la retrouver. Du désir
    Qui va jusqu’à vous obséder.

    Racontez-moi ses confidences
    Que vous ne voulez pas trahir.
    Expliquez-moi que sa présence
    Vous manque autant qu’elle vous inspire.
    Dites-moi tout de sa douceur
    Quand elle vous parle de voyages
    Que dans ses yeux sont les couleurs
    Des jours heureux et du partage.

    Décrivez la moi, traits par traits
    Avec les mots qu’elle sait vous dire
    Je reconnaîtrais son portrait
    Dans sa tendresse et son sourire.
    Mimez ses gestes prévenants
    Quand elle pose l’un de ses bras
    Sur votre épaule doucement
    Alors que vous n‘y croyez pas.

    Nous n’avons pas la même idylle
    Mais nous avons la même chance
    L’imaginer nous est facile,
    L’amour n’a pas deux apparences.

  6. Yvonne Le Meur-Rollet dit :

    Le Phénix

    Je suis le dernier sur ta route
    Le dernier printemps la dernière neige
    Le dernier combat pour ne pas mourir

    Et nous voici plus bas et plus haut que jamais.

    Il y a de tout dans notre bûcher
    Des pommes de pin des sarments
    Mais aussi des fleurs plus fortes que l’eau

    De la boue et de la rosée,

    La flamme est sous nos pieds la flamme nous couronne
    A nos pieds des insectes des oiseaux des hommes
    Vont s’envoler

    Ceux qui volent vont se poser.

    Le ciel est clair la terre est sombre
    Mais la fumée s’en va au ciel
    La ciel a perdu tous ces feux.

    La flamme est restée sur la terre

    La flamme est la nuée du cœur
    Et toutes les branches du sang
    Elle chante notre air

    Elle dissipe la buée de notre hiver.

    Nocturne et en horreur a flambé le chagrin
    Les cendres ont fleuri en joie et en beauté
    Nous tournons toujours le dos au couchant

    Tout a la couleur de l’aurore.

    (Paul Eluard)

  7. Yvonne Le Meur-Rollet dit :

    Enthousiasme (texte lu par Yvonne Le Meur-Rollet)

    En Grèce ! en Grèce ! adieu, vous tous ! il faut partir !
    Qu’enfin, après le sang de ce peuple martyr,
    Le sang vil des bourreaux ruisselle !
    En Grèce, à mes amis ! vengeance ! liberté !
    Ce turban sur mon front ! ce sabre à mon côté !
    Allons ! ce cheval, qu’on le selle !

    Quand partons-nous ? Ce soir ! demain serait trop long.
    Des armes ! des chevaux ! un navire à Toulon !
    Un navire, ou plutôt des ailes !
    Menons quelques débris de nos vieux régiments,
    Et nous verrons soudain ces tigres ottomans
    Fuir avec des pieds de gazelles !
    …/…
    De votre long sommeil éveillez-vous là-bas,
    Fusils français ! et vous, musique des combats,
    Bombes, canons, grêles cymbales !
    Eveillez-vous, chevaux au pied retentissant,
    Sabres, auxquels il manque une trempe de sang,
    Longs pistolets gorgés de balles!

    Je veux voir des combats, toujours au premier rang !
    Voir comment les spahis s’épanchent en torrent
    Sur l’infanterie inquiète ;
    Voir comment leur damas, qu’emporte leur coursier,
    Coupe une tête au fil de son croissant d’acier !
    Allons !… – mais quoi, pauvre poète,

    Où m’emporte moi-même un accès belliqueux ?
    Les vieillards, les enfants m’admettent avec eux.
    Que suis-je ? – Esprit qu’un souffle enlève.
    Comme une feuille morte, échappée aux bouleaux,
    Qui sur une onde en pente erre de flots en flots,
    Mes jours s’en vont de rêve en rêve.

    Tout me fait songer : l’air, les prés, les monts, les bois.
    J’en ai pour tout un jour des soupirs d’un hautbois,
    D’un bruit de feuilles remuées ;
    Quand vient le crépuscule, au fond d’un vallon noir,
    J’aime un grand lac d’argent, profond et clair miroir
    Où se regardent les nuées.

    J’aime une lune, ardente et rouge comme l’or,
    Se levant dans la brume épaisse, ou bien encor
    Blanche au bord d’un nuage sombre ;
    J’aime ces chariots lourds et noirs, qui la nuit,
    Passant devant le seuil des fermes avec bruit,
    Font aboyer les chiens dans l’ombre.

    Victor Hugo
    (dans le recueil « Les Orientales », publié en 1829)

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