Il y a des chemins qui éclaboussent
Et qui par leurs natures, débordent de vie.
Herbes folles, on vous cajole, on aime vos frimousses,
Vous toucher, vous caresser du bout de nos envies.
Il y a des chemins qui transpercent,
Le fond du coeur, touché en flèche.
Des souffles et murmures qui bercent et bouleversent,
Les racines de nos brèches.
Il y a des chemins qui éblouissent,
Qui transpirent, culminent et dépassent les limites.
Ils débordent en hors piste,
Et abritent naufragés, rêveurs, fous et passionnés.
Il y a des chemins qui finissent,
Là où d’autres commencent,
Comme une vie sans fin qui glisse,
D’éphémère en éphémère, en cadence ils dansent.
Qui a vu le chemin
A pu y avancer C
Sans crainte, sans hâte H
Et en marchant sur des E
Forts fragiles on donne et M
L’autre comme une âme I
Est sans possession sans j’ai N
Est-il nôtre ce monde
Prisonniers que nous sommes dans les clôtures du présent
Et reclus dans l’ici maussade de nos vies ?
Si nous partions, mes amis inconnus,
Sur les grands vents spacieux
Et sur la mer émeraude qui danse,
Ecume et crie son désir de lumière ?
Allons-nous en nomades
Et les comètes reviendront
Au bout de siècles très lointains
Nous faire signe et verser sur nos songes
La nostalgie de nos premiers jardins
Et de ces terres anciennes
Qui nous furent en vain promises !
Plus loin que les entraves de l’oubli
Et que les horizons barbelés de nos rêves,
Allons guetter les astres qui se lèvent
Et ces être muets attendant d’être vus
Par nous, espèce folle exilée de tout lieu
Qui sème sur ses pas le sel de la détresse
Mais qui parfois sait dire au monde sa splendeur !
C’était un petit chemin de terre
De mousse et de fougère
Un tout petit chemin gardé secret au fond de ma mémoire
Nostalgique d’un temps passé où tout m’était insouciance
C’était un écrin de verdure
Jouant à cache-cache avec le soleil
C’étaient quelques secondes d’éternité
Un ailleurs où régnait un si grand et fragile silence
Que j’aurais voulu ne jamais le quitter
Mais déjà la lumière se faisait plus vive
Des rires résonnaient dans la vallée
Je m’approchais lentement sans me presser
Au bord de l’étang les peupliers s’agitaient doucement
J’écoutais le doux bruissement de leurs feuilles
Un peu plus loin coulait en cascade un petit ruisseau
Un peu plus loin encore c’était le grincement strident de la scierie
Longtemps abandonnée et qui reprenait vie
J’étais arrivée à l’étang de Coutances
Où depuis toujours petits et grands
Se retrouvaient pour un instant d’insouciance.
Merci Jean-Yves pour ce beau poème philosophique du poète espagnol A.Machado mort en France.
Et pour clore ces chemins :
» Et quand viendra le jour du dernier voyage,
Quand partira la nef qui jamais ne revient,
Vous me verrez à bord, et mon maigre bagage,
Quasiment nu, comme les enfants de la mer. »
Le soleil est si bas en ces frileux dimanches
Que chaque ombre s’allonge aux jardins des voisins
Et les feuilles tombant de frissonnants fusains
Eteignent l’éclair bleu des dernières pervenches ;
Je marche vers la pointe, au vent gris de décembre.
Tous les volets sont clos. Le village est désert.
Sternes et goélands s’envolent de concert
Et filent au lointain, du côté de Cézembre.
J’embrasse du regard l’île des Ebihens
Où nous allions en bande, à bord de lourds vauriens,
Et nous plongions, rieurs, dans les gerbes d’écume.
Nos corps, si fiers alors, se doraient sous juillet.
Aujourd’hui, l’horizon s’estompe dans la brume
Et mes pas, lentement, me mènent au Chevet.
Chemin de fuite, chemin perdu
Chemin du saut dans l’inconnu
Chemin sauvage ou chemin sage
Qui ouvre le passage
Et invite au retour
Dans le grand livre des chemins
C’est le tien qui m’appelle
Celui de ce gros chien
Tout fou de liberté
Il gambade et m’attend
Avec l’œil impatient
Regarde les brebis
Regarde les oiseaux
Avec la tentation
D’aller leur dire un mot
On grignote un quignon
Je cache le chocolat
Tu bois dans le ruisseau
Il fait bon il fait chaud
L’heure d’un petit repos
On repart dans la pente
Ivres de la descente
Je glisse, tu me suis
Accroché à mon dos
Comme un bébé très gros
Quand on sera rentrés
Tous deux bien fatigués
On fermera nos yeux
Sur nos joies partagées
Le temps s’est prolongé
A éteint les ardeurs
Aujourd’hui le chemin
Est devenu patient
Il sait que maintenant
L’heure n’est plus de courir
Mais d’aller doucement
De flairer les brins d’herbe
D’observer les fourmis
De regarder tout près
En oubliant le temps
Où s’ouvraient devant nous
Les chemins fous
Ils se sont retrouvés dans une plaine grise
aux chaumes pourrissants.
Les flaques du chemin reflétaient les nuages.
Il a touché sa main
et parlé de la vie
ravinée par la pluie
de trente ans de dérive.
Ils étaient tout tremblants
d’impatience et de doute.
Les brasiers triomphants
n’éclairaient plus la route
qui les avait conduits
aux plages du désir.
Des ornières de boue
coulaient dans leurs mémoires.
De grands troncs entassés
par la décrue des fièvres
barraient leur avenir.
Au-dessus de leurs fronts, a volé la colombe…
Ils se sont promenés sur le sentier des songes.
Ils ont vite oublié que trente ans avaient fui…
Puis ils se sont aimés comme de jeunes ours
Gourmands de tous les miels, goûtant toutes les sources.
Et ils ont reconnu
en dévorant septembre
au soleil revenu
toutes les saveurs tendres
des festins du printemps.
Yvonne Le Meur-Rollet
J’ai mal au cœur
J’ai mal à la tête
J’ai le ventre en tenaille
J’ai les yeux pleins de pleurs
Ma bouche est amère
Mes bras tombent
Mes jambes glissent sur mes genoux
Je suis malvenu parmi vous
J’ai la peur au ventre
Les bras pliés sur mon cœur
Mon regard implore des ombres
Je voudrai prendre mes jambes à mon cou
Retourner au creux de l’attente
Reboire le liquide clair
Dans le nid étroit de ma mère
Je vis sur terre comme en enfer
Je suis l’enfant dans la pénombre
Je suis la folle sur son lit
Je suis le vieillard qui faiblit
Je suis le banni, le proscrit
L’homme torturé aux aurores
Le déporté du dernier train
Je suis le bébé solitaire
Je suis souffrance et chagrin
Ulysse téméraire
Survivant errant sur l’océan létal
Abandonné de tous sur terre
Je scrute un ciel sans étoiles
J’ai pour dernière escale un arrêt sur le sol natal
Qui me couvrira généreusement de glaise
La route tourne, vire, je suis secouée,
une montée, une descente, un ravin,
il faut reculer, tourner,
pour ne pas tomber,
je suis fatiguée, mais j’ai du courage
pour continuer au-delà des embûches.
Au détour je le vois !, enfin il est là !,
magnifique ! Mon aimé tant désiré,
j’ouvre les bras,
mais il file dans la brume par le sentier escarpé
il bondit sur les rochers et je n’arrive pas a le suivre,
mon cœur se serre, les larmes arrivent,
qu’il est difficile de l’atteindre :
je suis au bout du chemin il n’est plus là.
Je me suis arrêté et parfois j’ai cueilli
Des fleurs au croisement puis j’ai perdu l’esprit
M’enivrant du présent oubliant le parcours
À suivre sous les bois après le carrefour.
J’ai cherché à sortir du dédale boisé
Sans jamais repasser par les mêmes sentiers
Pourtant je m’aperçois quand je vois les asters
Que je suis revenu encor à la clairière.
Parmi les floraisons d’autres odeurs m’attirent
Me consolent un temps avant de repartir
Mais je suis dépourvu en recherchant ailleurs
Où je dois m’engager pour retrouver des fleurs.
Désormais je suis seul à sillonner en vain
N’ayant que mes regrets dans le creux de ma main
Et ma route se perd autant que ma raison
Quand dans mon corps fourbu résonnent leurs prénoms.
Mes allées et venues jamais ne m’ont servi
Alors pour le bonheur des cœurs inassouvis
Je vais hanter l’orée des forêts et leur dire :
‘’Préférez arroser plutôt que de cueillir.’’
Le moment est venu de prendre le chemin
Rocailleux qui guidera tes pas,
Demain, dès le soleil levant, tu partiras
Servir ta patrie, accomplir ton destin.
Tu as fait ce libre choix,
Tu as mis dans tes bagages,
Ton objectif, le dépassement de toi,
A chaque minute à chaque instant
Nous serons à tes côtés
Nous errerons dans ton sillage,
T’encouragerons en chuchotant,
Te relèverons parfois.
Et quand certains soirs dans ta chambrée
Tu seras fatiguée, rompue, brisée,
Mais gardant toujours ta volonté,
Pense à tous ceux qui t’aiment
Et là-bas te soutiennent.
Alors d’un sursaut triomphant,
Tu remonteras sur ton destrier
Et brandiras à nouveau, fièrement ton épée
Il fallait quitter les rivages paisibles de l’enfance,
S’éloigner du chemin tracé, prendre la tangente, s’égarer et revenir.
La mer referme le sillage, pas moyen d’être sûr de suivre la même route,
peu importe c’est l’escale qui nous attend.
Une île…à la frontière des hommes et du rêve.
Le rocher au profil de guetteur, l’Indien…
le regard porte loin , très loin, figé, inquiet d’une armée fixée dans la vase,
jamais défaite, marée après marée.
Laisser le quotidien dans nos pas, traverser,
prendre le chemin creux et faire le ménage dans ses méninges,
laver les bruits parasites et mettre au plafond ces araignées en tendant un piège aux idées.
Même si parfois la douleur, comme un coquillage porté à l’oreille, laisse entendre l’amère.
Au bout du sentier, le large,
le parfum de tiaré déposé par les ajoncs laisse place aux odeurs d’iode et de sel
du varech luisant sur les rochers.
Une ample respiration, emplie de plénitude, amorce la grande lessive.
Lavé, nourri, l’esprit s’ouvre, tout devient évident, simple…
Pas de temps à perdre pour le BEAU, s’en saisir au plus vite, comme une urgence.
Il est temps de reprendre le chemin, la crête des vagues dégage à reculons
des gerbes étincelantes d’une myriade de gouttelettes,
formant çà et là les irisations d’un arc en ciel fugace.
Combien de temps encore à nous embraser,
des feux couvent sous les braises de tes yeux.
Tous les jours,
Tous les instants,
Jusqu’au bout, pour ce qui a été,
Jusqu’au bout, pour ce qui est à venir.
Il y a des chemins qui éclaboussent
Et qui par leurs natures, débordent de vie.
Herbes folles, on vous cajole, on aime vos frimousses,
Vous toucher, vous caresser du bout de nos envies.
Il y a des chemins qui transpercent,
Le fond du coeur, touché en flèche.
Des souffles et murmures qui bercent et bouleversent,
Les racines de nos brèches.
Il y a des chemins qui éblouissent,
Qui transpirent, culminent et dépassent les limites.
Ils débordent en hors piste,
Et abritent naufragés, rêveurs, fous et passionnés.
Il y a des chemins qui finissent,
Là où d’autres commencent,
Comme une vie sans fin qui glisse,
D’éphémère en éphémère, en cadence ils dansent.
Pervenche
Accompagnement
Qui a vu le chemin
A pu y avancer C
Sans crainte, sans hâte H
Et en marchant sur des E
Forts fragiles on donne et M
L’autre comme une âme I
Est sans possession sans j’ai N
Est-il nôtre ce monde
Prisonniers que nous sommes dans les clôtures du présent
Et reclus dans l’ici maussade de nos vies ?
Si nous partions, mes amis inconnus,
Sur les grands vents spacieux
Et sur la mer émeraude qui danse,
Ecume et crie son désir de lumière ?
Allons-nous en nomades
Et les comètes reviendront
Au bout de siècles très lointains
Nous faire signe et verser sur nos songes
La nostalgie de nos premiers jardins
Et de ces terres anciennes
Qui nous furent en vain promises !
Plus loin que les entraves de l’oubli
Et que les horizons barbelés de nos rêves,
Allons guetter les astres qui se lèvent
Et ces être muets attendant d’être vus
Par nous, espèce folle exilée de tout lieu
Qui sème sur ses pas le sel de la détresse
Mais qui parfois sait dire au monde sa splendeur !
La tête dans les nuages
Les beaux ballons qui se promènent
tenus en laisse dans nos mains
tirent la corde, se démènent
pour quitter le sol quotidien.
A tue-tête dans les nuages
serait-ce enchaînés au parpaing
se dégonflent prenant de l’âge
comme vidés de leur instinct.
C’est avec fougue qu’ils s’éprennent
du moindre vent, même marin
partir où le souffle les mène
flotter dans le grand air divin.
Il paraîtrait qu’au loin ils crèvent
lâchés par les mains des gamins
et de grands yeux ronds plein de rêves
tracent au ciel comme un chemin.
Michèle PETTAZZONI
De mousse et de fougère
C’était un petit chemin de terre
De mousse et de fougère
Un tout petit chemin gardé secret au fond de ma mémoire
Nostalgique d’un temps passé où tout m’était insouciance
C’était un écrin de verdure
Jouant à cache-cache avec le soleil
C’étaient quelques secondes d’éternité
Un ailleurs où régnait un si grand et fragile silence
Que j’aurais voulu ne jamais le quitter
Mais déjà la lumière se faisait plus vive
Des rires résonnaient dans la vallée
Je m’approchais lentement sans me presser
Au bord de l’étang les peupliers s’agitaient doucement
J’écoutais le doux bruissement de leurs feuilles
Un peu plus loin coulait en cascade un petit ruisseau
Un peu plus loin encore c’était le grincement strident de la scierie
Longtemps abandonnée et qui reprenait vie
J’étais arrivée à l’étang de Coutances
Où depuis toujours petits et grands
Se retrouvaient pour un instant d’insouciance.
Quand la vie se fait chagrin
L’envie parfois me vient
de me perdre en chemin.
Promenons-nous dans les bois…
Nous suivons des chemins
inconnus de nous-mêmes,
des signes et des croix
balisent toute voie…
Nous chantons des rengaines,
les mêmes chaque fois,
tous nos pas nous entrainent
où le loup y sera.
Michèle PETTAZZONI
Balade bretonne
Rappelle-toi les Ebihens
tous les quatre sur les chemins,
la vieille tour Vauban veillait …
sous le soleil qui pavoisait!
Les pieds nus sur le sable frais
l’été indien nous enivrait,
les flots, le ciel ,unis , jouaient
à faire émerger les galets
Nous ne pensions plus à demain
qu’importaient l’âge et ses chagrins,
gratifiés d’ yeux de grands gamins
c’est fou comme nous étions bien!
Michèle Pettazzoni
MONOLOGUE EN MÉMOIRE
Le bruit de mes pas lourds
Sur les graves du jardin
À l’esprit me revient.
Je refais le parcours.
J’avais monologué
Au sujet des anciens,
De quelques amitiés
Passées entre mes mains.
Il ne me reste rien
De ma péroraison.
Mais je me sentais bien.
Un bien être profond.
Extrait de «Caminante in: Chant XXIX Proverbios y Cantares» campos de Castilla, 1917
Antonio Machado
Marcheur, ce sont tes traces
ce chemin, et rien de plus ;
Marcheur, il n’y a pas de chemin
le chemin se fait en marchant.
En marchant se fait le chemin
et quand tu regardes en arrière
tu vois le sentier sur lequel plus jamais tu ne marcheras.
Marcheur il n’y a pas de chemin
Seulement des sillages sur la mer.
Tout passe et tout demeure
mais notre sort est de passer
de passer en traçant des chemins
des chemins sur la mer.
Caminante, son tus huellas
el camino, y nada mas ;
caminante, no hay camino,
se hace camino al andar.
Al andar se hace camino,
y al volver la vista atras
se ve la senda que nunca
se ha de volver a pisar.
Caminante, no hay camino,
sino estelas en la mar.
Todo pasa y todo queda,
pero lo nuestro es pasar,
pasar haciendo caminos,
caminos sobre el mar
Antonio Machado
Merci Jean-Yves pour ce beau poème philosophique du poète espagnol A.Machado mort en France.
Et pour clore ces chemins :
» Et quand viendra le jour du dernier voyage,
Quand partira la nef qui jamais ne revient,
Vous me verrez à bord, et mon maigre bagage,
Quasiment nu, comme les enfants de la mer. »
A. Machado
Merci pour ce choix. J’aime le dire en français mais aussi en espagnol. Et c’est très bien de l’avoir proposé dans les deux langues.
L’avancée
Chacun sa place auprès de moi
dans mes pensées, dans mes émois
une chanson, un air, un rien,
c’est tout un passé qui revient.
D’un parfum la senteur subtile
crée des images qui défilent,
une allure, un certain maintien,
je crois reconnaître quelqu’un …
Où êtes-vous tous mes amis,
la vie vous a-t-elle engloutis ?
Serait-ce moi seule partie
sans me retourner, sans merci ?
Je continue ma traversée
vous plantant là sur la jetée.
Toujours ailleurs, toujours plus loin
un nouveau rivage au lointain.
Nous nous sommes sans doute aimés,
je n’ai ni remords ni regrets.
Tant de routes, tant de chemins,
l’absence est la main qui m’étreint.
Michèle Pettazzoni
Vers la Pointe du Chevet
Le soleil est si bas en ces frileux dimanches
Que chaque ombre s’allonge aux jardins des voisins
Et les feuilles tombant de frissonnants fusains
Eteignent l’éclair bleu des dernières pervenches ;
Je marche vers la pointe, au vent gris de décembre.
Tous les volets sont clos. Le village est désert.
Sternes et goélands s’envolent de concert
Et filent au lointain, du côté de Cézembre.
J’embrasse du regard l’île des Ebihens
Où nous allions en bande, à bord de lourds vauriens,
Et nous plongions, rieurs, dans les gerbes d’écume.
Nos corps, si fiers alors, se doraient sous juillet.
Aujourd’hui, l’horizon s’estompe dans la brume
Et mes pas, lentement, me mènent au Chevet.
Yvonne Le Meur-Rollet
Blaye
Il est une heure cette nuit
à Blaye
La citadelle
écoute nos pas
Combien faudra-t-il de jours encore
pour que le monde coule comme le fleuve
une brasse indolente ?
Enfants de la rivière
rêves éveillés
Rilke avait raison
Il existe des lieux très secrets
que le poème trouve
en foulant l’odeur fraîche de la menthe
sur le chemin
Annie Coll
Vence
Est-ce le bruit de la pluie
ou bien celui des fontaines
que nous entendons cette nuit ?
Est-ce le commencement ou la fin
que nous effleurons aujourd’hui
ou bien la transparence ?
Est-ce l’ombre qui balbutie
ou le soleil naissant
dans la brise des arbres ?
L’acacia, le platane, le chêne
ont fui le chemin
Un souffle de vent
a soulevé le miroir
qui tremblait dans la nuit
Il n’y aura pas de trêve
à la souffrance
Mais nous nous faufilerons
dans les herbes et les branches
au premier jour d’été
dès l’aurore
Annie Coll
Le chemin de Bebop
Chemin de fuite, chemin perdu
Chemin du saut dans l’inconnu
Chemin sauvage ou chemin sage
Qui ouvre le passage
Et invite au retour
Dans le grand livre des chemins
C’est le tien qui m’appelle
Celui de ce gros chien
Tout fou de liberté
Il gambade et m’attend
Avec l’œil impatient
Regarde les brebis
Regarde les oiseaux
Avec la tentation
D’aller leur dire un mot
On grignote un quignon
Je cache le chocolat
Tu bois dans le ruisseau
Il fait bon il fait chaud
L’heure d’un petit repos
On repart dans la pente
Ivres de la descente
Je glisse, tu me suis
Accroché à mon dos
Comme un bébé très gros
Quand on sera rentrés
Tous deux bien fatigués
On fermera nos yeux
Sur nos joies partagées
Le temps s’est prolongé
A éteint les ardeurs
Aujourd’hui le chemin
Est devenu patient
Il sait que maintenant
L’heure n’est plus de courir
Mais d’aller doucement
De flairer les brins d’herbe
D’observer les fourmis
De regarder tout près
En oubliant le temps
Où s’ouvraient devant nous
Les chemins fous
Dominique Verdé de Lisle
Après le déluge…
Ils se sont retrouvés dans une plaine grise
aux chaumes pourrissants.
Les flaques du chemin reflétaient les nuages.
Il a touché sa main
et parlé de la vie
ravinée par la pluie
de trente ans de dérive.
Ils étaient tout tremblants
d’impatience et de doute.
Les brasiers triomphants
n’éclairaient plus la route
qui les avait conduits
aux plages du désir.
Des ornières de boue
coulaient dans leurs mémoires.
De grands troncs entassés
par la décrue des fièvres
barraient leur avenir.
Au-dessus de leurs fronts, a volé la colombe…
Ils se sont promenés sur le sentier des songes.
Ils ont vite oublié que trente ans avaient fui…
Puis ils se sont aimés comme de jeunes ours
Gourmands de tous les miels, goûtant toutes les sources.
Et ils ont reconnu
en dévorant septembre
au soleil revenu
toutes les saveurs tendres
des festins du printemps.
Yvonne Le Meur-Rollet
Errance
J’ai mal au cœur
J’ai mal à la tête
J’ai le ventre en tenaille
J’ai les yeux pleins de pleurs
Ma bouche est amère
Mes bras tombent
Mes jambes glissent sur mes genoux
Je suis malvenu parmi vous
J’ai la peur au ventre
Les bras pliés sur mon cœur
Mon regard implore des ombres
Je voudrai prendre mes jambes à mon cou
Retourner au creux de l’attente
Reboire le liquide clair
Dans le nid étroit de ma mère
Je vis sur terre comme en enfer
Je suis l’enfant dans la pénombre
Je suis la folle sur son lit
Je suis le vieillard qui faiblit
Je suis le banni, le proscrit
L’homme torturé aux aurores
Le déporté du dernier train
Je suis le bébé solitaire
Je suis souffrance et chagrin
Ulysse téméraire
Survivant errant sur l’océan létal
Abandonné de tous sur terre
Je scrute un ciel sans étoiles
J’ai pour dernière escale un arrêt sur le sol natal
Qui me couvrira généreusement de glaise
Je suis le voyageur qui a trouvé son chemin.
Michèle PETTAZZONI
Au bout du chemin
La route tourne, vire, je suis secouée,
une montée, une descente, un ravin,
il faut reculer, tourner,
pour ne pas tomber,
je suis fatiguée, mais j’ai du courage
pour continuer au-delà des embûches.
Au détour je le vois !, enfin il est là !,
magnifique ! Mon aimé tant désiré,
j’ouvre les bras,
mais il file dans la brume par le sentier escarpé
il bondit sur les rochers et je n’arrive pas a le suivre,
mon cœur se serre, les larmes arrivent,
qu’il est difficile de l’atteindre :
je suis au bout du chemin il n’est plus là.
Milou le 5 mai 2021
Le chemin
Un seul chemin mène à la rime,
je monte ce sentier intime,
je m’use les pieds et je trime
pour accrocher la rime ultime.
L’étroit chemin lorgne l’abîme,
qu’importe, mon layon m’arrime,
je persévère, magnanime,
cherchant le passage sublime.
Une pépite, même infime
et mon ciel brille , bellissime,
tant de joie encrée à la cime,
je suis le chemin et la rime …
Michèle Pettazzoni
Sur les chemins, les fleurs
Je me suis arrêté et parfois j’ai cueilli
Des fleurs au croisement puis j’ai perdu l’esprit
M’enivrant du présent oubliant le parcours
À suivre sous les bois après le carrefour.
J’ai cherché à sortir du dédale boisé
Sans jamais repasser par les mêmes sentiers
Pourtant je m’aperçois quand je vois les asters
Que je suis revenu encor à la clairière.
Parmi les floraisons d’autres odeurs m’attirent
Me consolent un temps avant de repartir
Mais je suis dépourvu en recherchant ailleurs
Où je dois m’engager pour retrouver des fleurs.
Désormais je suis seul à sillonner en vain
N’ayant que mes regrets dans le creux de ma main
Et ma route se perd autant que ma raison
Quand dans mon corps fourbu résonnent leurs prénoms.
Mes allées et venues jamais ne m’ont servi
Alors pour le bonheur des cœurs inassouvis
Je vais hanter l’orée des forêts et leur dire :
‘’Préférez arroser plutôt que de cueillir.’’
A MAËLANNE
Le moment est venu de prendre le chemin
Rocailleux qui guidera tes pas,
Demain, dès le soleil levant, tu partiras
Servir ta patrie, accomplir ton destin.
Tu as fait ce libre choix,
Tu as mis dans tes bagages,
Ton objectif, le dépassement de toi,
A chaque minute à chaque instant
Nous serons à tes côtés
Nous errerons dans ton sillage,
T’encouragerons en chuchotant,
Te relèverons parfois.
Et quand certains soirs dans ta chambrée
Tu seras fatiguée, rompue, brisée,
Mais gardant toujours ta volonté,
Pense à tous ceux qui t’aiment
Et là-bas te soutiennent.
Alors d’un sursaut triomphant,
Tu remonteras sur ton destrier
Et brandiras à nouveau, fièrement ton épée
Louise Montagne -3 Mai 2021-
Sur le Chemin. (balade aux Ebihens)
Mes yeux n’y pouvaient rien: Tu les avais cernés.
Il fallait quitter les rivages paisibles de l’enfance,
S’éloigner du chemin tracé, prendre la tangente, s’égarer et revenir.
La mer referme le sillage, pas moyen d’être sûr de suivre la même route,
peu importe c’est l’escale qui nous attend.
Une île…à la frontière des hommes et du rêve.
Le rocher au profil de guetteur, l’Indien…
le regard porte loin , très loin, figé, inquiet d’une armée fixée dans la vase,
jamais défaite, marée après marée.
Laisser le quotidien dans nos pas, traverser,
prendre le chemin creux et faire le ménage dans ses méninges,
laver les bruits parasites et mettre au plafond ces araignées en tendant un piège aux idées.
Même si parfois la douleur, comme un coquillage porté à l’oreille, laisse entendre l’amère.
Au bout du sentier, le large,
le parfum de tiaré déposé par les ajoncs laisse place aux odeurs d’iode et de sel
du varech luisant sur les rochers.
Une ample respiration, emplie de plénitude, amorce la grande lessive.
Lavé, nourri, l’esprit s’ouvre, tout devient évident, simple…
Pas de temps à perdre pour le BEAU, s’en saisir au plus vite, comme une urgence.
Il est temps de reprendre le chemin, la crête des vagues dégage à reculons
des gerbes étincelantes d’une myriade de gouttelettes,
formant çà et là les irisations d’un arc en ciel fugace.
Combien de temps encore à nous embraser,
des feux couvent sous les braises de tes yeux.
Tous les jours,
Tous les instants,
Jusqu’au bout, pour ce qui a été,
Jusqu’au bout, pour ce qui est à venir.
JYB
St Jacut de la Mer Juillet 2018
Je veux
Je veux
inscrire mes pas sur les chemins du monde
comme des mots sur une page ronde
Michèle Pettazzoni