initialement programmé chez Virginie, nous devons renoncer à nous rencontrer dans cette chaleureuse petite salle, trop exiguë pour respecter les gestes barrières.
Tous vos poèmes seront les bienvenus sur le site avec le rêve de se retrouver au mois de janvier.
Le Rêve
Trois saisons
Rêver, rêver, rêver …
Partir …
Fuir la réalité épaisse
Rêver léger
Rêver tendresse
Rêver des forêts et des prés
Rêver collines
Rêver sentiers
Rêver doigts de fée et cueillettes
Rêver féeriques fillettes
sautant par-dessus le ruisseau
le pied baignant dans l’herbe fraîche
Rêver la paille aux dents
la tête sur l’oreiller de plumes
Rêver sous le pommier ardent
Humer le parfum qui descend
du bel été qui fout le camp
Rêver chaleur
Rêver caresse
Rêver d’un doux soleil vivant
sur un corps allongé et de plomb
Rêver égaré sur la couche
Froisser des tonnes d’heures fanées
Rêver l’édredon mordoré
Rêver l’automne
Sentir sa bouche
Rêver la chute d’une pomme
sur des lèvres carminées
Rêver la mordre et la manger.
Michèle PETTAZZONI
Extase
J’enfourche le cheval du rêve
les mouettes quittent la grève
leurs cris accompagnant l’envol
vers les astres qui batifolent.
C’est le ciel entier qui m’aspire
les arbres bruissent de plaisir
ma cuisse enserre l’animal
comme une main les fleurs du mal.
Michèle PETTAZZONI
Bravo! et merci pour tous ces poèmes découverts avec joie comme des cadeaux variés et inattendus au pied d’un sapin de Noël. Ils témoignent tous de la richesse de l’imaginaire qui s’exprime en liberté par le truchement privilégié de la poésie. La musique des mots, les images, l’élan des textes et le rythme des vers s’associent pour nous transporter dans l’atmosphère des rêves qui, même s’ils ne s e réalisent pas, aident à vivre . Continuez à nous faire partager vos rêves, qu’ils soient tendres ou acides, gais ,impertinents, généreux ou intimistes…
Le rêve éveillé
Un humain prétentieux comme bien des humains
Somnolait en forêt à l’ombre d’un grand chêne
Il reçut tout de go une volée de glands
Qui churent sur son nez comme par un fait exprès
Réveillé en sursaut par cette brusque attaque
Il lança vers les cieux ses récriminations
Jurant qu’on ne l’y prendrait plus à confier son sommeil
Aux arbres impertinents, maladroits de surcroît
Qui de son appendice n’avaient aucun respect
Et manquaient gravement à la civilité
Il fut bientôt puni par un vol de corbeaux
Répondant illico à des besoins vitaux
Qui versaient sur son crâne force cacas d’oiseaux
Mêlant la fermeté avec l’humidité
Le laissant aveuglé, inondé, indigné
Il n’avait pas compris tant la chose était neuve
Que la nature boudait, qu’elle se révoltait
Qu’elle chassait désormais l’humain dégénéré
Les feuilles s’entassèrent en un tapis glissant
Les branches le giflèrent griffant ses vêtements
Les herbes s’enlaçaient pour faire des croche pieds
Les champignons sortaient leur nez empoisonné
Les lapins déchaînés crissaient des incisives
Des bandes de renards aiguisaient leurs canines
Et rigolaient entre eux pourléchant leurs babines
Les biches battaient des cils pour mieux ensorceler
Les cloportes couraient agitant leurs antennes
S’apprêtant à piquer le deux-pattes affolé
Dans sa course effrénée, alors qu’il s’effondrait
Il entendit soudain un vacarme infernal
La lampe et le réveil victimes d’un choc brutal
Avaient dégringolé sous la table de nuit
Encore terrorisé il fut à la cuisine
Pour tenter de sortir de ce rêve éveillé
Derrière le carreau une chouette hululait
C’est la cave à liqueurs qui le remit sur pied
Dominique Verdé de Lisle
Une fable plaisante à lire qui traduit bien l’inquiétude de beaucoup de personnes quant au devenir de notre planète. C’est vrai que parfois, un verre d’alcool, ça fait du bien….( à consommer avec modération contrairement aux fables.)
La trêve des rêves
Pas de trêve pour les rêves,
qui vagabondent en heures creuses,
le long de la vie qui sommeille.
Pas de trêve pour les vies,
qui vagabondent en heures pleines,
le long des rêves endormis.
Trop d’envies, pas d’envie, plus d’envie…
Ils, elles….crèvent,
d’échapper, à leur vie…de rêve.
Pas de trêve pour les rêves,
qui somnolent en plein jour,
quand la vie devient sourde
et l’existence bien trop lourde.
Pas de trève….pas de trève,
Pas de trève….pas de trève,
La vie est brève pour les rêves…
Des rêves en kit de l’oubli, kit de survie…
La Vie qui cauchemarde leurs insomnies,
quand elle est transpercée par le glaive.
Pas de trêve pour les vies,
qui s’achèvent dans la nuit.
L’humanité endormie…
engourdie…endormie…par le rêve….
Pas de trêve,
pour ceux qui crèvent,
d’une vie si brève.
Malnutris, dénutris, meurtris, endoloris,
plus de sève, plus de rêve, plus de sève…
pour rêver…en vie.
Et au bord des rêves
Au bord de la vie,
Echoués,
Sur la grève,
ils trêvent…
Entravés,
sans relève,
sans rêve,
ils trêvent….
Dans l’oubli,
endormis,
engourdis,
par leur vie…
en grève.
Plus de trêve, plus de trêve pour leurs rêves…
…Pervenche…M
(Avec plaisir pour l’illustration Yvonne! )
Il se passe quelque chose à la lecture de ce poème, « ça palpite en nous, ça vit, ça remue… » Merci.
Rêve d’îles
Ton vieil atlas et ta boussole
T’ont permis d’explorer le Nord.
Ce matin,
Puisqu’il pleut dehors,
Vers le Sud,
Ton rêve s’envole.
Il s’élance vers les pudiques
Terres de l’Océan Indien,
Où l’eau et le vent musiciens
Caressent le feu des Tropiques.
Les zébus rosis de poussière
Emportent ton rêve au galop.
Egaré sur les hauts-plateaux,
Tu voudrais percer le mystère:
«Où donc es-tu
Forme inconnue,
Ile dormant dans un lagon,
Barque dansant près d’un ponton,
Par un fin sisal
Retenue?»
Ton rêve glisse, et plonge, et plane
Entre Maurice et Rodriguez.
Il repart de Diego-Suarez,
Pour revenir à Antsirane.
Ton rêve fou fuit le jour morne,
Le brouillard sourd, la pluie, l’hiver,
Le rocher gris, le vent qui corne
Dans les lichens et la bruyère.
Ton rêve parle de savane,
De vanille et de poivre vert,
De hauts bambous et de rabane,
De corail noir,
De sable clair…
Ton rêve d’enfance lointaine
Te mène jusqu’à Zanzibar,
Et, longuement,
Tisse une chaîne,
Tout autour de Madagascar.
Yvonne Le Meur-Rollet (dans le recueil » Saisons de pluies »)
La force de ce poème est qu’à la fin de sa lecture , le rêve et le voyage continuent….J’imagine Rimbaud heureux dans la vie aventureuse qu’il a choisie , un peu grâce à toi.
La petite rêveuse
Que les frises étaient belles
dans mes cahiers d’enfant,
les calculs un peu faux,
j’avais peur sur mon banc …
J’aimais la poésie,
je lisais tout le temps ;
la maîtresse punissait,
les maths, c’est important !
Je détestais les chiffres,
les problèmes savants …
Moi j’entendais Verlaine
et Rimbaud … et le vent …
Michèle PETTAZZONI
LE REVE
Autrefois s’étalaient loin devant
Des mers d’azur, des flots généreux
Que chevauchaient des dauphins fougueux
Mêlant leur écume à l’écume des vents.
Dans des rivières claires ,des truites d’argent
Fuyaient sous les pierres des impétueux torrents
Et le jet scintillant
De la flèche des oies sauvages
Perçait le troupeau de nuages
Qui broutait le firmament.
Je batifolais, alors insouciante
Dans des prairies odorantes
Je dansais dans les blés
Bordés de grands genêts
Je m’ enivrais de l’air venu du large
Tandis que les embruns inondaient mon visage.
Je m’endormais au chant de la brise
Quand la fauvette grise
Dans des forêts si belles
Orchestrait l’hirondelle
Pour l’arrivée du printemps.
C’était le rêve
Et je pensais naïvement
Que c’était éternel.
LE CAUCHEMAR
J’ai vu
Des arbres déracinés, des terres brûlées
Devenues stériles, des mers asséchées
Des ruisseaux salis, polluer la nature
Des tortues s’étouffer, des saumons au mercure.
Le chaos est en place, les algues sont vertes
Les abeilles s’affolent dans les champs orangés
Les oiseaux errent déboussolés
Aux quatre coins de la planète.
L’orque est échoué, des larmes pleins les yeux
je hais le tanker qui déverse son poison
Et englue de sa fange entre autres macareux
Enfumés de particules, sous un ciel de charbon.
Je crie, que les peuples se réveillent,
Je pleure ,que sonne le tocsin,
Je hurle à me percer les oreilles
Pour que ce cauchemar cesse enfin.
Je rêve naïvement
que c’est pour demain.
Louise Montagne-juin 2021
modifié décembre 2021-
Que d’images percutantes dans ces deux poèmes qui se répondent. Cet amour d’une nature brut et sans fard je le partage avec toi et tant d’autres….Ta grande sensibilité à la beauté du monde a permis à ces vers de naître…et de nous secouer.
Parfois
Parfois, quand vient le vent souffler sa mélodie
Et me porte jusqu’à sa liberté secrète…
Je vous entends.
Parfois, quand le zénith s’égaie d’un arc-en-ciel
Et me fait découvrir ses étendues saphir…
Je vous revois.
Parfois, quand les parfums des floraisons embaument
Et me bercent dans leurs brumes capiteuses…
Je vous respire.
Parfois, quand les rivières bruissellent dans leurs lits
Et me désaltèrent de leurs transparences…
Je vous savoure.
Parfois, quand les oiseaux laissent choir des duvets
Et m’accueillent délicatement dans leurs nids…
Je vous caresse.
Parfois, quand la paix vient se poser sur le monde
Et m’offre des poussières de sa sérénité…
Je vous espère.
Je vous entends, je vous revois, je vous respire,
Je vous savoure, je vous caresse, je vous espère
Souvent, quand vient mon rêve…
C’est le rêve de toute femme de lire un poème d’une telle subtilité…et se l’approprier !
Rendez-vous dans mes rêves
Rendez-vous dans mes rêves,
rendez-vous dans mes draps,
allongée dans les trêves
clôturant les combats.
Grande ouverte est la porte
qui conduit jusqu’à moi,
qu’accoure la cohorte
des amis d’autrefois.
Les morts, les disparus,
les oubliés cent fois,
qu’ils viennent dans ma rue,
qu’ils vivent sous mon toit.
Leurs visages , leurs cœurs
sont imprimés en moi,
seule la nuit effleure
le film où je les vois.
Je pars les retrouver
tel l’enfant dans les bois
qui cherche ses aimés
tout en tremblant de froid.
Michèle PETTAZZONI
Rêve d’ailleurs
Je voudrais parcourir l’odorante savane
Qui déroule sans fin, dans un souffle épicé,
Au bord d’un marigot d’éphémères froissé,
Un long foulard de miel, flottant pour la pavane.
J’écouterais songeur, m’embrumant de havane,
Des hauts tambours de peau, le rythme balancé.
Je marcherais furtif, dans le soir damassé:
Je serais vagabond, suivant la caravane.
Des tentes brilleraient, aux franges du désert;
Des cigognes d’argent, s’envolant de concert,
Parapheraient le ciel de leur munificence;
Je poserais mon rêve à la porte des dieux,
Et je pourrais enfin, retrouvant l’innocence,
Aux sables de l’exil oublier nos adieux.
Yvonne Le Meur-Rollet
( dans le recueil » Sur les sentiers de la mélancolie »- 2019)
Le baiser
Ton geste fut rapide
Volé mais si douillet
Furtif, un peu avide
Sur ma lippe mouillée.
Dans tes yeux pénétrants
Autant que moi surprise
Et le silence aidant
Tu avais lâché prise.
Étourdie, hors du temps
Étourdis, envolés
Échappés, nous portant
Corps à corps enlacés,
Enserrés tendrement
À ne craindre plus rien.
Que ne soit ce moment
Que ton rêve et le mien.
Puis l’éveil me parvint
Au milieu de la nuit.
Je garde ton parfum
À ma lèvre depuis.
il me semble que Virginie prend là une sage décision avec l’assentiment des organisateurs des apéros poétiques.
Nous sommes évidemment un peu déçus de ne pas pouvoir nous réunir pour partager nos textes sur le thème du Rêve. Mais nous espérons que la rencontre prévue fin janvier au « Grain de café » sera possible.
s
Merci et bravo, Pervenche ,pour cette très belle illustration du thème.
Avec plaisir pour l’illustration Yvonne!
La trêve des rêves
Pas de trêve pour les rêves,
qui vagabondent en heures creuses,
le long de la vie qui sommeille.
Pas de trêve pour les vies,
qui vagabondent en heures pleines,
le long des rêves endormis.
Trop d’envies, pas d’envie, plus d’envie…
Ils, elles….crèvent,
d’échapper, à leur vie…de rêve.
Pas de trêve pour les rêves,
qui somnolent en plein jour,
quand la vie devient sourde
et l’existence bien trop lourde.
Pas de trève….pas de trève,
Pas de trève….pas de trève,
La vie est brève pour les rêves…
Des rêves en kit de l’oubli, kit de survie…
La Vie qui cauchemarde leurs insomnies,
quand elle est transpercée par le glaive.
Pas de trêve pour les vies,
qui s’achèvent dans la nuit.
L’humanité endormie…
engourdie…endormie…par le rêve….
Pas de trêve,
pour ceux qui crèvent,
d’une vie si brève.
Malnutris, dénutris, meurtris, endoloris,
plus de sève, plus de rêve, plus de sève…
pour rêver…en vie.
Et au bord des rêves
Au bord de la vie,
Echoués,
Sur la grève,
ils trêvent…
Entravés,
sans relève,
sans rêve,
ils trêvent….
Dans l’oubli,
endormis,
engourdis,
par leur vie…
en grève.
…Pervenche…M