Aux creux d’embranchements la mousse moelleuse
Réserve au vagabond et au vieux migrateur
De quoi se reposer sur la tendre berceuse
À l’écorce gercée et aux rameaux sans fleur.
C’est la terre d’accueil de cet oiseau perdu
Quand vient souffler le vent elle est un instrument
Et ses branches flétries s’offrent au bienvenu
Qu’elle aime à protéger dans son balancement.
L’apatride planeur séduit par la ramure
Vient alors se poser sur la fourche attirante
Puis il siffle pour eux le chant de l’aventure
Qui les lie désormais, ultime mais brillante.
La femme afghane court, son noir niqab l’étouffe.
Son enfant dans ses bras meurt de balle perdue.
Résiste femme afghane et pleure ton chagrin
Fuis ton pays chéri pour un autre étranger.
La femme exilée court pour son garçon Malouf
Elle crie ses foulées dans sa course éperdue.
Tiens bon ton marathon pour ton fils utérin
Dans ton nouveau pays où tout n’est que danger.
Cours vers la liberté, toi qui connus le gouffre
Montre à l’humanité que le voile tendu
N’est autre que prison du regard féminin
Et hurle ta douleur et fais la partager.
Libérée de ton joug, cours sans céder et souffre
Pour souvenir ton fils, lardé de tir perdu.
Tu le portes toujours. Ta course est le refrain
Où claquent les bruits sourds dont tu veux le venger.
Les yeux regardent
et ne comprennent pas
Les paroles flottent dans l’air
et ne le touchent pas
La nourriture fuse
et ne le nourrit pas
Il dessine parfois
dans sa bulle de verre
des signes sans importance
hiéroglyphes de l’absence
tout au bout de ses doigts
Limité par un corps
qui enferme et déplume
un être aérien
un génie dans la lampe
qu’aucune main n’allume,
il endure l’attente …
Le temps ne l’atteint pas
Seul dans un monde sans terre
transparent et désert
il geint et se débat
Que le flacon se brise
et que fusionnent enfin
le vide de la lampe
et l’espace qui l’étreint.
… Plus rien à faire ?
Il me restera les mots
je connais les plus beaux
des mots trop chauds pour être faux
je livrerai tous ceux que j’aime
je les sortirai du chapeau
les mots surprises les mots sanglots
les mots qu’on suit à demi-mot
et quand il n’y aura
plus rien à dire
il me restera mon sourire
mes yeux ma bouche
et mon désir …
Sur les croisées de ma poitrine
mes mains fermeront le chemin …
Et mon cœur,
ce petit oiseau de passage
l’oiseau trublion dans sa cage
cognera de toutes ses ailes
et les portes s’ouvriront … Sans fin.
Ultime migration
Aux creux d’embranchements la mousse moelleuse
Réserve au vagabond et au vieux migrateur
De quoi se reposer sur la tendre berceuse
À l’écorce gercée et aux rameaux sans fleur.
C’est la terre d’accueil de cet oiseau perdu
Quand vient souffler le vent elle est un instrument
Et ses branches flétries s’offrent au bienvenu
Qu’elle aime à protéger dans son balancement.
L’apatride planeur séduit par la ramure
Vient alors se poser sur la fourche attirante
Puis il siffle pour eux le chant de l’aventure
Qui les lie désormais, ultime mais brillante.
Marathonienne afghane
La femme afghane court, son noir niqab l’étouffe.
Son enfant dans ses bras meurt de balle perdue.
Résiste femme afghane et pleure ton chagrin
Fuis ton pays chéri pour un autre étranger.
La femme exilée court pour son garçon Malouf
Elle crie ses foulées dans sa course éperdue.
Tiens bon ton marathon pour ton fils utérin
Dans ton nouveau pays où tout n’est que danger.
Cours vers la liberté, toi qui connus le gouffre
Montre à l’humanité que le voile tendu
N’est autre que prison du regard féminin
Et hurle ta douleur et fais la partager.
Libérée de ton joug, cours sans céder et souffre
Pour souvenir ton fils, lardé de tir perdu.
Tu le portes toujours. Ta course est le refrain
Où claquent les bruits sourds dont tu veux le venger.
L’autiste
Les yeux regardent
et ne comprennent pas
Les paroles flottent dans l’air
et ne le touchent pas
La nourriture fuse
et ne le nourrit pas
Il dessine parfois
dans sa bulle de verre
des signes sans importance
hiéroglyphes de l’absence
tout au bout de ses doigts
Limité par un corps
qui enferme et déplume
un être aérien
un génie dans la lampe
qu’aucune main n’allume,
il endure l’attente …
Le temps ne l’atteint pas
Seul dans un monde sans terre
transparent et désert
il geint et se débat
Que le flacon se brise
et que fusionnent enfin
le vide de la lampe
et l’espace qui l’étreint.
Michèle PETTAZZONI
Les portes
… Plus rien à faire ?
Il me restera les mots
je connais les plus beaux
des mots trop chauds pour être faux
je livrerai tous ceux que j’aime
je les sortirai du chapeau
les mots surprises les mots sanglots
les mots qu’on suit à demi-mot
et quand il n’y aura
plus rien à dire
il me restera mon sourire
mes yeux ma bouche
et mon désir …
Sur les croisées de ma poitrine
mes mains fermeront le chemin …
Et mon cœur,
ce petit oiseau de passage
l’oiseau trublion dans sa cage
cognera de toutes ses ailes
et les portes s’ouvriront … Sans fin.
Michèle PETTAZZONI