« Le rêve » thème du dernier apéro poétique de l’année.

initialement programmé chez Virginie, nous devons renoncer à nous rencontrer dans cette chaleureuse petite salle, trop exiguë pour respecter les gestes barrières.

Tous vos poèmes seront les bienvenus sur le site avec le rêve de se retrouver au mois de janvier.

merci à tous ceux qui offriront en partage leurs poèmes.
illustration Pervenche Mahé

Le Rêve

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20 réponses à « Le rêve » thème du dernier apéro poétique de l’année.

  1. Michèle PETTAZZONI dit :

    Trois saisons

    Rêver, rêver, rêver …
    Partir …
    Fuir la réalité épaisse
    Rêver léger
    Rêver tendresse
    Rêver des forêts et des prés
    Rêver collines
    Rêver sentiers
    Rêver doigts de fée et cueillettes
    Rêver féeriques fillettes
    sautant par-dessus le ruisseau
    le pied baignant dans l’herbe fraîche
    Rêver la paille aux dents
    la tête sur l’oreiller de plumes
    Rêver sous le pommier ardent
    Humer le parfum qui descend
    du bel été qui fout le camp
    Rêver chaleur
    Rêver caresse
    Rêver d’un doux soleil vivant
    sur un corps allongé et de plomb
    Rêver égaré sur la couche
    Froisser des tonnes d’heures fanées
    Rêver l’édredon mordoré
    Rêver l’automne
    Sentir sa bouche
    Rêver la chute d’une pomme
    sur des lèvres carminées
    Rêver la mordre et la manger.

    Michèle PETTAZZONI

  2. Michèle PETTAZZONI dit :

    Extase

    J’enfourche le cheval du rêve
    les mouettes quittent la grève
    leurs cris accompagnant l’envol
    vers les astres qui batifolent.

    C’est le ciel entier qui m’aspire
    les arbres bruissent de plaisir
    ma cuisse enserre l’animal
    comme une main les fleurs du mal.

    Michèle PETTAZZONI

  3. Yvonne Le Meur-Rollet dit :

    Bravo! et merci pour tous ces poèmes découverts avec joie comme des cadeaux variés et inattendus au pied d’un sapin de Noël. Ils témoignent tous de la richesse de l’imaginaire qui s’exprime en liberté par le truchement privilégié de la poésie. La musique des mots, les images, l’élan des textes et le rythme des vers s’associent pour nous transporter dans l’atmosphère des rêves qui, même s’ils ne s e réalisent pas, aident à vivre . Continuez à nous faire partager vos rêves, qu’ils soient tendres ou acides, gais ,impertinents, généreux ou intimistes…

  4. Dominique Verdé de Lisle dit :

    Le rêve éveillé

    Un humain prétentieux comme bien des humains
    Somnolait en forêt à l’ombre d’un grand chêne
    Il reçut tout de go une volée de glands
    Qui churent sur son nez comme par un fait exprès
    Réveillé en sursaut par cette brusque attaque
    Il lança vers les cieux ses récriminations
    Jurant qu’on ne l’y prendrait plus à confier son sommeil
    Aux arbres impertinents, maladroits de surcroît
    Qui de son appendice n’avaient aucun respect
    Et manquaient gravement à la civilité

    Il fut bientôt puni par un vol de corbeaux
    Répondant illico à des besoins vitaux
    Qui versaient sur son crâne force cacas d’oiseaux
    Mêlant la fermeté avec l’humidité
    Le laissant aveuglé, inondé, indigné
    Il n’avait pas compris tant la chose était neuve
    Que la nature boudait, qu’elle se révoltait
    Qu’elle chassait désormais l’humain dégénéré

    Les feuilles s’entassèrent en un tapis glissant
    Les branches le giflèrent griffant ses vêtements
    Les herbes s’enlaçaient pour faire des croche pieds
    Les champignons sortaient leur nez empoisonné
    Les lapins déchaînés crissaient des incisives
    Des bandes de renards aiguisaient leurs canines
    Et rigolaient entre eux pourléchant leurs babines
    Les biches battaient des cils pour mieux ensorceler
    Les cloportes couraient agitant leurs antennes
    S’apprêtant à piquer le deux-pattes affolé

    Dans sa course effrénée, alors qu’il s’effondrait
    Il entendit soudain un vacarme infernal
    La lampe et le réveil victimes d’un choc brutal
    Avaient dégringolé sous la table de nuit
    Encore terrorisé il fut à la cuisine
    Pour tenter de sortir de ce rêve éveillé
    Derrière le carreau une chouette hululait
    C’est la cave à liqueurs qui le remit sur pied

    Dominique Verdé de Lisle

    • Pettazzoni Michèle dit :

      Une fable plaisante à lire qui traduit bien l’inquiétude de beaucoup de personnes quant au devenir de notre planète. C’est vrai que parfois, un verre d’alcool, ça fait du bien….( à consommer avec modération contrairement aux fables.)

  5. Pervenche Mahé dit :

    La trêve des rêves

    Pas de trêve pour les rêves,
    qui vagabondent en heures creuses,
    le long de la vie qui sommeille.

    Pas de trêve pour les vies,
    qui vagabondent en heures pleines,
    le long des rêves endormis.

    Trop d’envies, pas d’envie, plus d’envie…
    Ils, elles….crèvent,
    d’échapper, à leur vie…de rêve.

    Pas de trêve pour les rêves,
    qui somnolent en plein jour,
    quand la vie devient sourde
    et l’existence bien trop lourde.

    Pas de trève….pas de trève,
    Pas de trève….pas de trève,

    La vie est brève pour les rêves…

    Des rêves en kit de l’oubli, kit de survie…
    La Vie qui cauchemarde leurs insomnies,
    quand elle est transpercée par le glaive.

    Pas de trêve pour les vies,
    qui s’achèvent dans la nuit.
    L’humanité endormie…
    engourdie…endormie…par le rêve….

    Pas de trêve,
    pour ceux qui crèvent,
    d’une vie si brève.
    Malnutris, dénutris, meurtris, endoloris,
    plus de sève, plus de rêve, plus de sève…
    pour rêver…en vie.

    Et au bord des rêves
    Au bord de la vie,
    Echoués,
    Sur la grève,
    ils trêvent…

    Entravés,
    sans relève,
    sans rêve,
    ils trêvent….

    Dans l’oubli,
    endormis,
    engourdis,
    par leur vie…
    en grève.

    Plus de trêve, plus de trêve pour leurs rêves…

    …Pervenche…M

    (Avec plaisir pour l’illustration Yvonne! )

  6. Yvonne Le Meur-Rollet dit :

    Rêve d’îles
     
                      Ton vieil atlas et ta boussole
                      T’ont permis d’explorer le Nord.
                      Ce matin,
                      Puisqu’il pleut dehors,
                      Vers le Sud,
                      Ton rêve s’envole.
                      Il s’élance vers les pudiques
                      Terres de l’Océan Indien,
                      Où l’eau et le vent musiciens
                      Caressent le feu des Tropiques.
                      Les zébus rosis de poussière
                      Emportent ton rêve au galop.
                      Egaré sur les hauts-plateaux,
                      Tu voudrais percer le mystère:
                      «Où donc es-tu
                      Forme inconnue,
                      Ile dormant dans un lagon,
                      Barque dansant près d’un ponton, 
                      Par un fin sisal
                      Retenue?»
                      Ton rêve glisse, et plonge, et plane
                      Entre Maurice et Rodriguez.
                      Il repart de Diego-Suarez,
                      Pour revenir à Antsirane.
                               Ton rêve fou fuit le jour morne,
                               Le brouillard sourd, la pluie, l’hiver,
                               Le rocher gris, le vent qui corne
                               Dans les lichens et la bruyère.
                               Ton rêve parle de savane,
                               De vanille et de poivre vert,
                               De hauts bambous et de rabane,
                               De corail noir,
                               De sable clair…
                               Ton rêve d’enfance lointaine
                               Te mène jusqu’à Zanzibar,
                               Et, longuement,
                               Tisse une chaîne,
                               Tout autour de Madagascar.
    Yvonne Le Meur-Rollet (dans le recueil » Saisons de pluies »)
     

    • Pettazzoni Michèle dit :

      La force de ce poème est qu’à la fin de sa lecture , le rêve et le voyage continuent….J’imagine Rimbaud heureux dans la vie aventureuse qu’il a choisie , un peu grâce à toi.

  7. Michèle PETTAZZONI dit :

    La petite rêveuse

    Que les frises étaient belles
    dans mes cahiers d’enfant,
    les calculs un peu faux,
    j’avais peur sur mon banc …

    J’aimais la poésie,
    je lisais tout le temps ;
    la maîtresse punissait,
    les maths, c’est important !

    Je détestais les chiffres,
    les problèmes savants …
    Moi j’entendais Verlaine
    et Rimbaud … et le vent …

    Michèle PETTAZZONI

  8. Louisette Montagne dit :

    LE REVE

    Autrefois s’étalaient loin devant
    Des mers d’azur, des flots généreux
    Que chevauchaient des dauphins fougueux
    Mêlant leur écume à l’écume des vents.
    Dans des rivières claires ,des truites d’argent
    Fuyaient sous les pierres des impétueux torrents
    Et le jet scintillant
    De la flèche des oies sauvages
    Perçait le troupeau de nuages
    Qui broutait le firmament.

    Je batifolais, alors insouciante
    Dans des prairies odorantes
    Je dansais dans les blés
    Bordés de grands genêts
    Je m’ enivrais de l’air venu du large
    Tandis que les embruns inondaient mon visage.
    Je m’endormais au chant de la brise
    Quand la fauvette grise
    Dans des forêts si belles
    Orchestrait l’hirondelle
    Pour l’arrivée du printemps.

    C’était le rêve
    Et je pensais naïvement
    Que c’était éternel.

    LE CAUCHEMAR

    J’ai vu
    Des arbres déracinés, des terres brûlées
    Devenues stériles, des mers asséchées
    Des ruisseaux salis, polluer la nature
    Des tortues s’étouffer, des saumons au mercure.

    Le chaos est en place, les algues sont vertes
    Les abeilles s’affolent dans les champs orangés
    Les oiseaux errent déboussolés
    Aux quatre coins de la planète.

    L’orque est échoué, des larmes pleins les yeux
    je hais le tanker qui déverse son poison
    Et englue de sa fange entre autres macareux
    Enfumés de particules, sous un ciel de charbon.

    Je crie, que les peuples se réveillent,
    Je pleure ,que sonne le tocsin,
    Je hurle à me percer les oreilles
    Pour que ce cauchemar cesse enfin.

    Je rêve naïvement
    que c’est pour demain.

    Louise Montagne-juin 2021
    modifié décembre 2021-

    • Pettazzoni Michèle dit :

      Que d’images percutantes dans ces deux poèmes qui se répondent. Cet amour d’une nature brut et sans fard je le partage avec toi et tant d’autres….Ta grande sensibilité à la beauté du monde a permis à ces vers de naître…et de nous secouer.

  9. Dominique Mongodin dit :

    Parfois

    Parfois, quand vient le vent souffler sa mélodie
    Et me porte jusqu’à sa liberté secrète…
    Je vous entends.

    Parfois, quand le zénith s’égaie d’un arc-en-ciel
    Et me fait découvrir ses étendues saphir…
    Je vous revois.

    Parfois, quand les parfums des floraisons embaument
    Et me bercent dans leurs brumes capiteuses…
    Je vous respire.

    Parfois, quand les rivières bruissellent dans leurs lits
    Et me désaltèrent de leurs transparences…
    Je vous savoure.

    Parfois, quand les oiseaux laissent choir des duvets
    Et m’accueillent délicatement dans leurs nids…
    Je vous caresse.

    Parfois, quand la paix vient se poser sur le monde
    Et m’offre des poussières de sa sérénité…
    Je vous espère.

    Je vous entends, je vous revois, je vous respire,
    Je vous savoure, je vous caresse, je vous espère
    Souvent, quand vient mon rêve…

  10. Michèle PETTAZZONI dit :

    Rendez-vous dans mes rêves

    Rendez-vous dans mes rêves,
    rendez-vous dans mes draps,
    allongée dans les trêves
    clôturant les combats.

    Grande ouverte est la porte
    qui conduit jusqu’à moi,
    qu’accoure la cohorte
    des amis d’autrefois.

    Les morts, les disparus,
    les oubliés cent fois,
    qu’ils viennent dans ma rue,
    qu’ils vivent sous mon toit.

    Leurs visages , leurs cœurs
    sont imprimés en moi,
    seule la nuit effleure
    le film où je les vois.

    Je pars les retrouver
    tel l’enfant dans les bois
    qui cherche ses aimés
    tout en tremblant de froid.

    Michèle PETTAZZONI

  11. Yvonne Le Meur-Rollet dit :

    Rêve d’ailleurs

    Je voudrais parcourir l’odorante savane
    Qui déroule sans fin, dans un souffle épicé,
    Au bord d’un marigot d’éphémères froissé,
    Un long foulard de miel, flottant pour la pavane.

    J’écouterais songeur, m’embrumant de havane,
    Des hauts tambours de peau, le rythme balancé.
    Je marcherais furtif, dans le soir damassé:
    Je serais vagabond, suivant la caravane.

    Des tentes brilleraient, aux franges du désert;
    Des cigognes d’argent, s’envolant de concert,
    Parapheraient le ciel de leur munificence;

    Je poserais mon rêve à la porte des dieux,
    Et je pourrais enfin, retrouvant l’innocence,
    Aux sables de l’exil oublier nos adieux.
    Yvonne Le Meur-Rollet
    ( dans le recueil  » Sur les sentiers de la mélancolie »- 2019)

  12. Dominique Mongodin dit :

    Le baiser

    Ton geste fut rapide
    Volé mais si douillet
    Furtif, un peu avide
    Sur ma lippe mouillée.

    Dans tes yeux pénétrants
    Autant que moi surprise
    Et le silence aidant
    Tu avais lâché prise.

    Étourdie, hors du temps
    Étourdis, envolés
    Échappés, nous portant
    Corps à corps enlacés,

    Enserrés tendrement
    À ne craindre plus rien.
    Que ne soit ce moment
    Que ton rêve et le mien.

    Puis l’éveil me parvint
    Au milieu de la nuit.
    Je garde ton parfum
    À ma lèvre depuis.

  13. Yvonne Le Meur-Rollet dit :

    il me semble que Virginie prend là une sage décision avec l’assentiment des organisateurs des apéros poétiques.
    Nous sommes évidemment un peu déçus de ne pas pouvoir nous réunir pour partager nos textes sur le thème du Rêve. Mais nous espérons que la rencontre prévue fin janvier au « Grain de café » sera possible.
    s

  14. Yvonne Le Meur-Rollet dit :

    Merci et bravo, Pervenche ,pour cette très belle illustration du thème.

    • MAHE dit :

      Avec plaisir pour l’illustration Yvonne!

      La trêve des rêves

      Pas de trêve pour les rêves,
      qui vagabondent en heures creuses,
      le long de la vie qui sommeille.

      Pas de trêve pour les vies,
      qui vagabondent en heures pleines,
      le long des rêves endormis.

      Trop d’envies, pas d’envie, plus d’envie…
      Ils, elles….crèvent,
      d’échapper, à leur vie…de rêve.

      Pas de trêve pour les rêves,
      qui somnolent en plein jour,
      quand la vie devient sourde
      et l’existence bien trop lourde.

      Pas de trève….pas de trève,
      Pas de trève….pas de trève,

      La vie est brève pour les rêves…

      Des rêves en kit de l’oubli, kit de survie…
      La Vie qui cauchemarde leurs insomnies,
      quand elle est transpercée par le glaive.

      Pas de trêve pour les vies,
      qui s’achèvent dans la nuit.
      L’humanité endormie…
      engourdie…endormie…par le rêve….

      Pas de trêve,
      pour ceux qui crèvent,
      d’une vie si brève.
      Malnutris, dénutris, meurtris, endoloris,
      plus de sève, plus de rêve, plus de sève…
      pour rêver…en vie.

      Et au bord des rêves
      Au bord de la vie,
      Echoués,
      Sur la grève,
      ils trêvent…

      Entravés,
      sans relève,
      sans rêve,
      ils trêvent….

      Dans l’oubli,
      endormis,
      engourdis,
      par leur vie…
      en grève.

      …Pervenche…M

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