L’étrangère
J’accueille en moi une étrangère,
j’ignore sa nationalité.
Elle me ressemble d’étrange manière
et n’aime pas être regardée.
Elle parle une langue familière
que je ne peux pas répéter.
Souvent elle pleure, l’irrégulière,
elle n’aura jamais de papiers.
Je porte en moi une immigrée
d’un pays où l’on désespère.
Elle résiste depuis des années
et moi longtemps, j’ai laissé faire.
Je l’abrite du bon côté,
je la voile de ma bannière.
Elle a très peur d’être expulsée,
en moi elle tremble, mon étrangère.
Je vis avec une réfugiée
qui ne repartira jamais.
Elle m’habite comme j’habite la terre,
elle n’a d’autre lieu où aller.
Parfois en moi on la repère
à ses yeux tristes d’exilée …
De poèmes en tapis de prière
je noue ma vie à ses côtés.
Michèle PETTAZZONI, 2002
Superbe texte ! empli de douceur, d’ombre et de lumière. Merci