La vie bien sûr…

La vie bien sûr est belle
Autant qu’elle est rugueuse.
Quand elle n’est cruelle
La vie se fait heureuse.
Tout dépend du moment
Où nous évoquons celle
Qui nous torture un temps
Puis qui nous étincelle.

La vie est belle aux jours
Et s’assombrit la nuit
Elle n’est pas toujours
Celle qui nous séduit.
Qui pourrait se targuer
D’être toujours heureux
Quand pour la naviguer
La vie offre des creux ?

Vous avez vécu pour
Quelques années de rêve
Où chaque heure du jour
N’était qu’un peu de trêve.
Vous avez pu souffrir
Comme moi j’ai souffert
Quand avant de gésir
L’amour vous fut offert.

Mais vous avez peut-être
Quelques temps survolé.
D’un élan de bien être
Vous vous êtes envolé.
Moi aussi je m’envole
Quand le vent m’ébouriffe
De son souffle frivole
Qui me porte et me griffe.

Le vent est beau et fort
Et pourtant il m’assaille
Il m’agresse au beaufort
Et parfois je défaille.
Je me nourris du vent
Et du bourgeon fleuri
Autant qu’auparavant
Quand l’ardeur m’a souri.

Je vois la coccinelle
Symbole du bonheur
Qui part à tire d’aile
En emportant ma peur.
Je respire le sel
De l’estran dénudé
Je me sens immortel
Tel un ange évadé.

Je ne suis qu’un atome
Avec peu de crédit
Et le ciel est un dôme
Qui m’offre son esprit.
Oui, je vole et je plane
Et je vais imitant
Dans mon désir diaphane
Le vol de Jonathan.

Le ciel ne sait m’offrir
Plus que je ne peux voir.
C’est à moi de m’ouvrir
Chaque jour, chaque soir
Pour que la vie soit belle.
Je cesse de vouloir
Voler son escarcelle
De feu et d’encensoir.

Tout est là pour me plaire
Où pour me dévaster.
À moi de savoir faire
Comment bien exister.
Qu’importe mon parcours !
J’ai toujours fait au mieux
Alternant mauvais tours
Et les temps merveilleux.

Dominique Mongodin

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« Volets clos » thème de l’apéro-poétique du vendredi 27 octobre 18h30 à l’Arche Gourmande.

Venez offrir en partage vos poèmes et les poèmes des auteurs que vous aimez sur le thème « volets clos ».

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Lecture à Haute Voix par Henri Noël Mayaud « Alberto Moravia », mercredi 25 octobre à 17h30. Salle de la bibliothèque de Lancieux.

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Flammes de fées

Flammes flamboyantes. Fleurs affleurées.
Flancs affligés des femmes effarées.
Forces flagrantes. Flous affriolants.
Flaques flottantes. Forfaits édifiants.
Affreux farfadets des forêts effacées.
Forçats affolés par les effets des fées.

Dominique Mongodin

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La Torche

Je vous aime, mon corps, qui fûtes son désir,
Son champ de jouissance et son jardin d’extase
Où se retrouve encor le goût de son plaisir
Comme un rare parfum dans un précieux vase.

Je vous aime, mes yeux, qui restiez éblouis
Dans l’émerveillement qu’il traînait à sa suite
Et qui gardez au fond de vous, comme en deux puits,
Le reflet persistant de sa beauté détruite. […]

Je vous aime, mon cœur, qui scandiez à grands coups
Le rythme exaspéré des amoureuses fièvres,
Et mes pieds nus noués aux siens et mes genoux
Rivés à ses genoux et ma peau sous ses lèvres…

Je vous aime ma chair, qui faisiez à sa chair
Un tabernacle ardent de volupté parfaite
Et qui preniez de lui le meilleur, le plus cher,
Toujours rassasiée et jamais satisfaite.

Et je t’aime, ô mon âme avide, toi qui pars
– Nouvelle Isis – tentant la recherche éperdue
Des atomes dissous, des effluves épars
De son être où toi-même as soif d’être perdue.

Je suis le temple vide où tout culte a cessé
Sur l’inutile autel déserté par l’idole ;
Je suis le feu qui danse à l’âtre délaissé,
Le brasier qui n’échauffe rien, la torche folle…

Et ce besoin d’aimer qui n’a plus son emploi
Dans la mort, à présent retombe sur moi-même.
Et puisque, ô mon amour, vous êtes tout en moi
Résorbé, c’est bien vous que j’aime si je m’aime.

Marie Nizet, extrait du recueil posthume Pour Axel (de Missie), paru en 1923.

Passeuse de poésie Michèle Pettazzoni.

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Le feu sous la glace

Il y a maintenant longtemps que je connais
Le bleu de ton regard et le pli de ta bouche,
La chaleur de ta main qui, lorsqu’elle me touche
Me trouble de sa paume; et soudain, je renais…

Je suis alors crinière au dos brun des poneys;
Je suis un chemin creux que le soir effarouche,
Je suis un aubépin refleuri sur sa souche,
Je suis un poitrail nu refusant le harnais.

Tu ne peux pas savoir que mes airs raisonnables
Dissimulent trop bien mes désirs indomptables,
Derrière des regards lointains, indifférents.

Je ne suis pas modeste, et je ne suis pas sage :
Je rêve, chaque nuit, qu’en tes bras tu me prends
Et que tes tendres doigts dégrafent mon corsage.

Yvonne Le Meur Rollet (2006)

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