« Volets clos » thème de l’apéro-poétique du vendredi 27 octobre 18h30 à l’Arche Gourmande.

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10 réponses à « Volets clos » thème de l’apéro-poétique du vendredi 27 octobre 18h30 à l’Arche Gourmande.

  1. Catherine Coppalle dit :

    Les volets clos.

    Fin de journée.
    L’homme s’est assis sur son siège préféré
    Sur l’accoudoir, le courrier du jour récupéré
    La cigarette allumée.
    Comme tous les soirs son regard va errer
    De l’une à l’autre des fenêtres
    D’en face, cherchant à percer le mystère
    Des êtres qui s’agitent à portée

    Mazette ! Ce soir les volets sont clos.
    Ceux de Madame Louise et de son jumeau.
    Hier, ils s’activaient préparant des cadeaux.
    Aura-t-elle fini le gâteau qu’elle destine à ses petiots ?
    « – Trop gâtés les sales marmots ! »

    Volet clos chez Arthur, le punk musicien
    Toujours torse nu, les cheveux sur les yeux
    La guitare à la main
    L’air conquérant et joyeux.
    « –  De quoi qu’il mange, l’maudit morveux ? »

    Volet clos chez la belle du troisième.
    Jeune femme élancée, bien balancée.
    On n’est pourtant pas jeudi
    Le jour ou après minuit
    Un amoureux déguerpi en catimini.
    «-  Pourquoi pas le lundi, le vendredi ou le samedi ? »
    Cela lui ferait presque envie…

    Nerveusement il se saisit de l’enveloppe délaissée qu’il ouvre
    Et voici ce qu’il découvre :
    «  C’est moche. T’es moche
    Pauvre James Steward, ferme tes yeux
    Tu ne nous reverras pas de sitôt
    Fenêtre sur cour, c’est fini
    Aujourd’hui les volets sont clos. »

    Catherine Coppalle

  2. Jean-Bernard Vivet dit :

    VOLÉE ENAMOURÉE

    La voix tantôt aimée, au bout du répondeur,
    Surgie du passé, dans toute sa candeur,
    Et voilà le monde qui soudain chavire
    Les souvenirs fous de celle qu’on admire
    Se pressant aux portes des pensées
    Au portillon de mon imagination
    Réveillant tous mes rêves insensés

    Dans la tête en proie aux tourments ce cri indicible :
    La revoir, l’apercevoir seulement même,
    Et murmurer ne serait qu’en moi-même un unique je t’aime

    Savoir quelle est sa vie, comment se porte-t-elle, à quoi songe-t-elle
    Depuis toutes ces longues années écoulées sans nouvelles ?

    Faire le guet dans la nuit noire
    Dans la pénombre du grand chêne,
    Où l’on se donnait rendez-vous,
    Juste devant la maison aux persiennes
    Aujourd’hui closes, belle et bien fermées
    Habite-t-elle toujours cette ville aux reflets dorés
    Qui, dans sa lumière douce, blanche,
    Va du jaune coquille d’œuf au gris perle ?

    L’attente, patiente, se fait baume
    Aux blessures, aux douleurs endurées.

    Minuit vient à sonner, elle n’est pas rentrée,
    Peu m’importe, j’attendrai, reviendrai, guetterai
    Mille fois s’il le faut, en transe, transi, apeuré,
    Mais vivant, mille fois vivant dans la joie de l’émotion retrouvée

    Aurais-je manqué son retour, est-elle alitée,
    A-t-elle changé d’existence, de résidence, de boulot ?
    Comment savoir ? Jeter quelques menus cailloux aux volets clos
    Comme aux premiers temps de nos primes amours
    Défi aux remontrances de l’autorité parentale
    Au temps où s’aimait tendrement pouvait encore faire scandale

    J’ose enfin, rassemble à l’aveuglette
    Quelques petites pierres qui crissent sous mes doigts
    Et me lance avec elles, franchit l’espace, vole jusques aux volets
    Dans ce lancé du semeur plein d’espoir,
    De confiance dans les graines qu’il a semées
    Et qui vont germer, grandir, s’épanouir

    Je heurte le bois du volet qui émet un son mat,
    Retombe au pied de la façade, m’éparpille en petits cris aigus sur le goudron

    Seul le silence répond à cette volée de cailloutis, avoinée à mon cœur embrasé
    Qu’importe : demain je reviendrai.

    Jean-Bernard Vivet Saint-Suliac, 18 octobre 2023

  3. montagne dit :

    LA MAISON DU CORSAIRE

    Barrée d’une vilaine lézarde
    Arborée comme une blessure de guerre
    Sa façade blafarde
    Figure le portrait d’un corsaire.

    Les volets sont fermés,
    Le ciel pleure sur les joues de pierre,
    Larmoie sur les yeux baissés
    En ruisselant sur leur mystère…….

    Perchée sur la falaise
    La lugubre bâtissem’interpelle,
    Me met mal à l’aise,
    Et si c’était l’hotel
    De marins téméraires
    S’abreuvant de naufrage,
    De sinistres corsaires………
    Mon esprit voyage………….

    La grande maison est en pause
    Tutrice des secrets de rivages
    Gardienne aussi des récits d’abordages
    Sous ses étranges paupières closes.

    Les rires des flibustiers ,
    Les palabres des timoniers,
    Se sont tus.
    Les plaintes des gabiers,
    Les ribotes des cambusiers
    Ne sont plus……….
    Les secrets de flotille
    Dans le tombeau sommeillent,
    Mais peut être qu’un soir
    Revenant d’autres monde
    A l’abri des regards
    S’animeront dans la tombe.

    Louise Montagne octobre 2023

  4. Yvonne Le Meur-Rollet dit :

    Derrière mes volets
    ( Poème lu par Dominique Mongodin)

    Me réveiller très tard un matin de septembre
    En retenant captifs des rêves indolents
    Qui, tels des papillons égarés dans la chambre,
    Palpitent, prisonniers des rideaux transparents,

    Me laisser longuement aller à la paresse
    Sur un lit encombré de coussins désuets,
    Dévorer des romans, partager la détresse
    D’une héroïne en pleurs que rongent les regrets,
    .
    Ecouter un pianiste aux mains tristes et lentes
    Sur un clavier tragique où meurent les saisons,
    Tandis que de sa voix aux notes déchirantes
    La Callas fait rimer amour et trahisons.

    Je vis tous ces instants, à l’abri des tourmentes
    Derrière les vieux murs de ma grande maison,
    Quand mes volets sont clos et qu’à travers les fentes
    Des éclats de soleil se glissent sur mon front.

    D’aucuns pourraient penser que c’est l’indifférence
    Qui m’empêche d’ouvrir les yeux sur l’extérieur.
    Mais je m’enferme ainsi, dans l’ombre et le silence,
    Lorsque j’entends tonner les fracas de mon cœur.

    Yvonne Le Meur-Rollet. Octobre 2023

  5. Yvonne Le Meur-Rollet dit :

    Après la chute
    (Poème lu par Michèle Pettazzoni)

    Le lierre se glisse
    entre les lames disjointes
    des lourds volets qu’on n’ouvre plus.

    On ne voit plus la silhouette familièe,
    de la pensive jardinière,
    tête grise coiffée d’un grand chapeau de paille,
    penchée sur ses rosiers

    Une nuit  d’alarme,
    de douleurs et de larmes
    on l’a transportée ailleurs, pour la sauver.

    On lui a fait comprendre
    qu’elle ne peut plus rester
    dans sa maison trop grande et pleine de dangers.
    Elle n’a pas protesté.
    Dans le silence du chagrin, elle a tout accepté.

    Le lierre a résisté
    et continue à se glisser
    entre les lames disjointes
    des lourds volets de bois qu’elle n’ouvrira plus.

    Yvonne Le Meur-Rollet. Octobre 2023

  6. Françoise SARTORIO dit :

    ROAD MOVIE

    Fini l’été, les rues désertes, partout des volets clos
    Dans la ville fantôme le vent impétueux s’engouffre
    Le sable vole fin et léger
    Surgit au milieu de la rue un trio débridé
    Deux garçons encadrent une fille
    Le petit fluet, nerveux
    Le grand traîne une jambe, sur son pantalon une tâche sombre
    La fille en mouvement, libre de son corps
    Sa robe rouge très courte
    Les garçons parlent trop vite, trop fort
    La fille rit aux éclats
    Les voix résonnent dans le vide
    Soudain un volet tape, le bruit sec fait sursauter
    Une main vite portée sur l’arme de poing
    Silence. Rassurés, ils chantent à tue-tête
    « On n’est pas bien là  » ? répète le grand
    Valse improvisée dans ce décor qui leur appartient
    Trouver enfin une place au milieu de nulle part
    Mais comment tuer le temps ?
    Question prémonitoire d’une cavale picaresque

    Françoise Sartorio

  7. Françoise SARTORIO dit :

    VOLETS MI CLOS
    Les mains de ma mère tirent fermement les volets
    J’enrage contre cet isolement forcé
    Dormir en pleine journée!
    Je tente de négocier, pas le noir complet
    Ma mère entrouve les volets désormais mi-clos
    La fente de lumière me relie à la vie
    je devine la chaleur du soleil
    Le vent bruisse dans le figuier
    libérant toute sa fragrance
    La lumière tombe puis rejaillit, le soleil a gagné
    Je distingue le matou
    Il se prélasse sur le rebord de la fenêtre
    Il me nargue, en liberté et moi en cage
    La poussière de lumière entre dans la chambre
    Mes yeux s’écarquillent de toutes leurs forces
    Rester éveillé en fixant un point lumineux
    Résister tant bien que mal à la torpeur
    Soudain une main fraîche caresse mon front
    Un doux baiser et une odeur de lilas
    Debout tu as assez dormi

    Françoise Sartorio

  8. Dominique Mongodin dit :

    Dans la lumière matinale

    Je veux rester, matins,
    À trainer dans le lit
    Douillettement niché
    Entre satin des draps
    Et la soie de ta peau.

    Et ne sentir sur moi
    Que tes mains explorer
    Chaudes inquisitrices,
    Sur mon corps dénudé.

    Et ta bouche endormie
    Me caresser d’un souffle
    Une épaule et le dos.

    Je sens que tu t’étires
    Sans vouloir te lever
    Avant le jour qui naît.

    Comme nous dans le ciel
    Les couleurs paressent.
    Tu te loves d’amour
    Contre moi qui t’accueille.

    Tu t’étreins dans mes bras
    Et plonges à nouveau
    Dans un sommeil léger.

    Si léger qu’un seul geste,
    Juste un doigt qui frémit
    Et tu expires un
    Gémissement lascif.

    Il n’y a plus de temps
    Il n’y a que l’espace
    Dans ses cent dimensions.

    Et les premiers rayons
    Du timide soleil
    Traversent le volet,
    T’éclairent obscurément
    Et m’offrent de te voir.

  9. Michèle PETTAZZONI dit :

    Lassitude

    Je me suis si souvent forcée
    à poser mes mains
    sur vos ferrures …
    Froides mes mains
    sur vos parois
    de métal
    rouges mes paumes retournées
    pour cacher
    toujours cacher
    le sang
    la limaille
    les traces …

    Je me suis si souvent
    forcée
    à chercher des serrures
    à la porte de vos faces …
    Le temps a rouillé
    les volets
    les gonds, comme avachis,
    se tassent …
    Toutes les clefs
    que j’avais amassées
    je les ai jetées
    à la volée
    envolées
    à la casse …
    J’ai perdu le goût du secret
    et la connaissance me lasse.

    Michèle PETTAZZONI

  10. Michèle PETTAZZONI dit :

    La maison de vacances

    Elle est là, droite et fière,
    de l’ombre à la lumière
    avec ses hauts murs blancs
    et ses roses trémières

    Un chaud soleil l’éveille
    aux parfums de l’été,
    la vague au loin faseye
    sans jamais la blesser

    Son volet bleu plastronne,
    gardien de mes secrets
    ma mémoire y braconne
    souvenirs et regrets.

    Michèle Pettazzoni

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