Le portrait


Parlez-moi sans me la nommer
De la personne que vous aimez
Le plus au monde. Je vous dirais
Sans hésiter : ‘’Je la connais.’’

Votre langage m’est étranger
Mais dans le ton de votre voix
J’entends que les mots sont chargés
Des sentiments qui sont en moi.
Évoquez pour moi le plaisir
Que vous éprouvez à l’idée
De la retrouver. Du désir
Qui va jusqu’à vous obséder.

Racontez-moi ses confidences
Que vous ne voulez pas trahir.
Expliquez-moi que sa présence
Vous manque autant qu’elle vous inspire.
Dites-moi tout de sa douceur
Quand elle vous parle de voyages
Que dans ses yeux sont les couleurs
Des jours heureux et du partage.

Décrivez la moi, traits par traits
Avec les mots qu’elle sait vous dire
Je reconnaîtrais son portrait
Dans sa tendresse et son sourire.
Mimez ses gestes prévenants
Quand elle pose l’un de ses bras
Sur votre épaule doucement
Alors que vous n‘y croyez pas.

Nous n’avons pas la même idylle
Mais nous avons la même chance
L’imaginer nous est facile,
L’amour n’a pas deux apparences.

Dominique Mongodin

Lecture de Murielle Guérin.

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Le Phénix

Je suis le dernier sur ta route
Le dernier printemps la dernière neige
Le dernier combat pour ne pas mourir

Et nous voici plus bas et plus haut que jamais.

Il y a de tout dans notre bûcher
Des pommes de pin des sarments
Mais aussi des fleurs plus fortes que l’eau

De la boue et de la rosée,

La flamme est sous nos pieds la flamme nous couronne
À nos pieds des insectes des oiseaux des hommes
Vont s’envoler

Ceux qui volent vont se poser.

Le ciel est clair la terre est sombre
Mais la fumée s’en va au ciel
Le ciel a perdu tous ces feux.

La flamme est restée sur la terre,

La flamme est la nuée du cœur
Et toutes les branches du sang
Elle chante notre air

Elle dissipe la buée de notre hiver.

Nocturne et en horreur a flambé le chagrin
Les cendres ont fleuri en joie et en beauté
Nous tournons toujours le dos au couchant

Tout a la couleur de l’aurore.

Paul Éluard, extrait du recueil « Le Phénix », paru en 1951

Passeuse de poésie, Yvonne Le Meur-Rollet.

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Enthousiasme

En Grèce ! en Grèce ! adieu, vous tous ! il faut partir !
Qu’enfin, après le sang de ce peuple martyr,
Le sang vil des bourreaux ruisselle !
En Grèce, à mes amis ! vengeance ! liberté !
Ce turban sur mon front ! ce sabre à mon côté !
Allons ! ce cheval, qu’on le selle !

Quand partons-nous ? Ce soir ! demain serait trop long.
Des armes ! des chevaux ! un navire à Toulon !
Un navire, ou plutôt des ailes !
Menons quelques débris de nos vieux régiments,
Et nous verrons soudain ces tigres ottomans
Fuir avec des pieds de gazelles !
…/…
De votre long sommeil éveillez-vous là-bas,
Fusils français ! et vous, musique des combats,
Bombes, canons, grêles cymbales !
Eveillez-vous, chevaux au pied retentissant,
Sabres, auxquels il manque une trempe de sang,
Longs pistolets gorgés de balles!

Je veux voir des combats, toujours au premier rang !
Voir comment les spahis s’épanchent en torrent
Sur l’infanterie inquiète ;
Voir comment leur damas, qu’emporte leur coursier,
Coupe une tête au fil de son croissant d’acier !
Allons !… – mais quoi, pauvre poète,

Où m’emporte moi-même un accès belliqueux ?
Les vieillards, les enfants m’admettent avec eux.
Que suis-je ? – Esprit qu’un souffle enlève.
Comme une feuille morte, échappée aux bouleaux,
Qui sur une onde en pente erre de flots en flots,
Mes jours s’en vont de rêve en rêve.

Tout me fait songer : l’air, les prés, les monts, les bois.
J’en ai pour tout un jour des soupirs d’un hautbois,
D’un bruit de feuilles remuées ;
Quand vient le crépuscule, au fond d’un vallon noir,
J’aime un grand lac d’argent, profond et clair miroir
Où se regardent les nuées.

J’aime une lune, ardente et rouge comme l’or,
Se levant dans la brume épaisse, ou bien encor
Blanche au bord d’un nuage sombre ;
J’aime ces chariots lourds et noirs, qui la nuit,
Passant devant le seuil des fermes avec bruit,
Font aboyer les chiens dans l’ombre.

Victor Hugo, Enthousiasme, extrait du recueil « Les Orientales », publié en 1829.

Texte lu par Yvonne Le Meur-Rollet.

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le Pôle Artistique et Culturel Angèle-Vannier de St Brice en Coglès ouvre le festival « Sentiers Poétiques » mettant à l’honneur la poésie sous toutes ses formes. Vendredi 29 au dimanche 1er octobre.

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« L’enfance » sera le thème de l’apéro-poétique du vendredi 29 septembre -18h30 – à « La Goélette », 31 Grande Rue

C’est la rentrée ! Venez offrir en partage vos poèmes et les poèmes des auteurs que vous aimez sur le thème de « l’enfance ».

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Olivier Guérin en concert : samedi 9 septembre à 20h30. Eglise de St Méloir des Bois.

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