« Racine » thème de l’apéro poétique du vendredi 28 octobre – Les poèmes lus sont offerts en commentaires …

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10 réponses à « Racine » thème de l’apéro poétique du vendredi 28 octobre – Les poèmes lus sont offerts en commentaires …

  1. Jean-Bernard Vivet dit :

    LIANE

    – TES MAINS QUI NOUS LIENT –

    Mon papier confident
    Eclaire ma pensée :
    Cette ultime légèreté de l’être
    Quand il est en amour

    Quel est ce lien mystérieux
    Qui nous unit ainsi qu’une liane ?

    Nous attache, nous enserre,
    Nous deux immobiles,
    Dans l’attente,
    Comme les murs sculptés
    D’un temple d’Angkor
    Enchâssé de racines,
    Oublié du temps

    Quelle est cette force qui nous lie
    En dehors de tout serment ?

    Cette force qui me fait vibrer
    Quand je prends tes mains dans les miennes ?

    Nous sommes beaux, tout simplement beaux
    Et ne voulons pas croire que la beauté existe

    Les deux branches du diapason
    Vibrent-elles vraiment à l’unisson ?
    Je crois les entendre dans le concert de tes mains

    Elles me parlent sincèrement
    Dans leur mouvement incessant
    Te reverrai-je demain ?

    Instants sacrés, délicats
    Qui ne se décrètent pas,
    Divin accord de nos peaux douces
    Je te désire dans mes bras
    Sans savoir pourquoi

    Être aimé, être aimé

    Jean-Bernard Vivet

    Saint-Suliac, automne 2019

  2. MONGODIN Dominique dit :

    Ceux-là

    Ceux-là nous racontaient des histoires de chat
    Botté, de princesses, d’épines de roses
    Ou de destins de rois, de nababs, de pachas.
    Et nous buvions sans soif la magie de leur prose.

    Ceux-là de leur enfance nous parlaient rarement
    Emplis de leur pudeur, empreints de modestie.
    Leurs maux étaient sans mot. Leurs peurs évidemment
    Ne devaient être nôtres. Ils étaient investis.

    Ceux-là rentraient le soir fourbus et mains calleuses
    Crevassées par le gel. Éreintés par l’effort,
    Ils se montraient à nous valeureux et heureuse,
    Convaincus que cela les rende encor’ plus forts.

    Ceux-là étaient pour nous avant d’être pour eux
    Jamais un sacrifice, c’est un mot qu’ils ignorent.
    Mais ils n’ignoraient pas qu’ils avaient le même vœu,
    C’était pour eux après, c’était pour nous d’abord.

    Ceux-là offraient souvent leurs plus jolis sourires
    Donnant sans recevoir leurs valeurs éternelles.
    C’était ça leur crédo, c’était là leur plaisir,
    De nous sentir heureux au halo maternel.

    Qu’avons-nous mérité, qu’avons-nous commencé ?
    Avons-nous retenu un peu de tout cela ?
    Sommes-nous parvenus, avons-nous avancé
    Ne serait-ce d’un pas ? Serons-nous de ceux-là ?

  3. Michèle PETTAZZONI dit :

    Attention, fragile

    Elle est si peu ancrée dans la vie …

    Ses racines effleurent le sable
    et le vent impudent la dénude chaque nuit

    Elle prend si peu de place dans la vie …

    Si peu d’air soulève sa poitrine
    qu’elle bleuit au vent quand il fait gris

    Elle a si peu confiance dans la vie …

    Amis, elle vous tend les mains
    serrez-la fort, fixez sa vie

    Que le Grand Vent du Nord qui chasse
    ne l’emporte pas avec lui …

    Michèle PETTAZZONI

  4. Michèle PETTAZZONI dit :

    Espace clos

    Les fleurs ont chaud !
    Abandonnées sur la terrasse
    dans de grands pots de terre grasse
    quêtent de l’eau …
    Un ciel si beau !
    De ce doux bleu qui nous terrasse
    quand notre œil se perd ou se glace
    près d’un ruisseau …

    L’espace est clos !
    Je compatis à ce marasme,
    Cruel enclos !
    Pleurent-elles, les belles vivaces,
    lorsque la main qui les enlace
    fane au tombeau ?

    Dessous de sombres dalles grasses
    quelque longue racine lasse
    attend son eau …
    Pluie de sanglots.

    Michèle PETTAZZONI

  5. MONGODIN Dominique dit :

    L’appartement

    De ces murs défraichis de la salle à manger
    Les couleurs sont encor de notre tendre enfance
    À bien y regarder rien n’est à déranger
    Des tableaux aux cloisons et des plats en faïence.

    Les couleurs sont encor de notre tendre enfance
    Les odeurs des rôtis et des fruits d’oranger
    Des tableaux aux cloisons et des plats en faïence
    Où se lovaient nos nuits à l’abri du danger.

    Les odeurs des rôtis et des fruits d’oranger
    Flattant nos appétits d’innocente jouvence
    Où se lovaient nos nuits à l’abri du danger
    Nous nous évadions bercés par l’insouciance.

    Flattant nos appétits d’innocente jouvence
    Le pick-up grésillait un tempo étranger
    Nous nous évadions bercés par l’insouciance
    De ces murs défraichis de la salle à manger.

  6. MONGODIN Dominique dit :

    Fougères

    Partout dans le jardin,
    Les cris d’enfants fusaient
    Des mercredis matin
    Aux dimanches de Mai.

    Les mères papotaient
    Entre deux remontrances.
    Les soupirants osaient
    Leurs premières avances.

    En contrebas je vois
    S’étendre la vallée,
    La même qu’autrefois,
    Avant mon envolée.

    Sous le vent mon passé
    Frissonne de moiteur
    Comme il fut caressé
    Au temps de ma candeur.

    Je perçois les couleurs
    De ma prime jeunesse
    Et leurs douces odeurs
    Face à la forteresse.

    Les arrondis des pierres
    Du château cuirassé
    Déploient ses meurtrières
    À l’aplomb du fossé.

    Mélusine et Raoul,
    Saint-Hilaire et Coigny,
    Seront toujours debout
    Quand je serai parti.

    Et devant Saint-Sulpice,
    Coulent dans le Nançon
    Les larmes du supplice
    Et le sang des bretons.

    Doyenne sentinelle
    Des marches de l’Armor
    Tu es, ma citadelle,
    Mon meilleur réconfort.

    Dans le jardin public
    Où je jouais naguère
    Mon cœur est nostalgique
    Face au fort de Fougères.

    • Pettazzoni Michèle dit :

      Regret de n’avoir pas pu entendre ta belle voix lire ces deux poèmes magnifiant la nostalgie de nos racines communes , l’enfance !

  7. Yvonne Le Meur-Rollet dit :

    Les racines du « blues »
    Moi je viens d’un pays où sur les eaux du fleuve
    glissent des crocodiles et des fûts d’okoumés.
    Dans les arbres des rives, des singes se poursuivent
    et des perroquets gris profèrent des insultes
    qu’aucun Blanc ne comprend.

    Des guerriers sont venus m’arracher à l’Afrique
    pour me vendre sans honte à d’avides marchands.
    Homme déraciné jeté dans une cale,
    j’ai vu pleurer mes frères, enchaînés et tremblants
    sans savoir que les vents nous menaient vers l’enfer.

    Nous avons survécu malgré les coups, les chaînes,
    et nos enfants sont nés , esclaves comme nous.
    Nos pieds d’ébène lisse ont planté leurs racines
    entre les marigots et les champs de coton.
    Enveloppés d’écorce, nous avons contenu
    la sève des colères.
    Nos espoirs étouffés ont coulé dans nos voix
    et le « blues » a couru, entre les rangs de cannes
    tandis que sur nos bras se creusaient des entailles
    et que nos troncs saignaient sous les marques des fouets.

    Nos racines ont puisé des énergies secrètes
    dans les terres fécondes, teintées de notre sang,.
    Et nos chants ont porté nos désirs et nos peines,
    avant que la révolte n’embrase nos douleurs.

    Alors nos sombres voix ont ébranlé ce monde
    où l’homme blanc, toujours, a imposé ses lois.

    Et le « blues » a vibré comme un chant de combat.

    Yvonne Le Meur-Rollet. Octobre 2022

    • Pettazzoni Michèle dit :

      Merci pour ce poème beau et troublant qui plonge jusqu’aux racines du mal pour en sortir de l’or…

      • Yvonne Le Meur-Rollet dit :

        Un grand merci à Dominique pour avoir fait passer magnifiquement ce texte grâce à sa lecture pleined’émotion maîtrisée.

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