« Songe » thème du prochain apéro-poétique, au bar restaurant la Goélette, vendredi 21 février à 18h30.

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6 réponses à « Songe » thème du prochain apéro-poétique, au bar restaurant la Goélette, vendredi 21 février à 18h30.

  1. Yvonne Le Meur-Rollet dit :

    Paul VERLAINE
    1844 – 1896
    (Texte dit lors de la soirée poétique)

    Mon rêve familier
    Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
    D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime
    Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même
    Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend.

    Car elle me comprend, et mon coeur, transparent
    Pour elle seule, hélas ! cesse d’être un problème
    Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
    Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

    Est-elle brune, blonde ou rousse ? – Je l’ignore.
    Son nom ? Je me souviens qu’il est doux et sonore
    Comme ceux des aimés que la Vie exila.

    Son regard est pareil au regard des statues,
    Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
    L’inflexion des voix chères qui se sont tues.

  2. marie helene hudelist dit :

    Songe,

    C’est un soir d’été,
    allongée sur mon lit,
    la fenêtre ouverte,
    je sens les odeurs de la Provence,
    j’entends les grillons qui stridulent,
    je glisse doucement dans le rêve,
    et je songe que je suis un oiseau,
    qui traverse les nuages
    comme le fait la lumière,
    je ressens la chaleur du soleil,
    il réchauffe mon cœur,
    apaise tous mes tourments.
    Je vois la terre d’en haut,
    avec ses ombres et ses lueurs,
    je rêve d’embrasser tous les peuples,
    et que mes baisers soient des miracles de paix.
    L’enchantement, doucement, n’emmène vers le sommeil.

  3. Yvonne Le Meur-Rollet dit :

    Texte évoqué lors de la présentation du thème:
    UN SONGE

    Le laboureur m’a dit en songe : Fais ton pain,
    Je ne te nourris plus, gratte la terre et sème.
    Le tisserand m’a dit : Fais tes habits toi-même.
    Et le maçon m’a dit : Prends ta truelle en main.

    Et seul, abandonné de tout le genre humain
    Dont je traînais partout l’implacable anathème,
    Quand j’implorais du ciel une pitié suprême,
    Je trouvais des lions debout dans mon chemin.

    J’ouvris les yeux, doutant si l’aube était réelle :
    De hardis compagnons sifflaient sur leur échelle,
    Les métiers bourdonnaient, les champs étaient semés ;

    Je connus mon bonheur et qu’au monde où nous sommes
    Nul ne se peut vanter de se passer des hommes ;
    Et depuis ce jour-là je les ai tous aimés.
    Sully Prudhomme( 1839-1907)
    Premier lauréat du prix Nobel de littérature en 1901

  4. Jo Bzh 22 dit :

    Victor HUGO
    1802 – 1885
    Jeanne songeait ( extraits)

    Jeanne est la petite-fille de Victor Hugo

    Jeanne songeait, sur l’herbe assise, grave et rose;
    Je m’approchai : – Dis-moi si tu veux quelque chose,Jeanne ? /…./
    Jeanne m’a répondu : -je voudrais voir des bêtes.
    Alors je lui montrai dans l’herbe une fourmi.
    Vois !
    – Mais Jeanne ne fut contente qu’à demi.
    – Non, les bêtes, c’est gros, me dit-elle.
    /…. /
    – Je n’ai pas d’éléphant sous la main, répondis-je.
    Veux-tu quelque autre chose ? ô Jeanne, on te le doit !
    Parle. –
    Alors Jeanne au ciel leva son petit doigt.
    – Ça, dit-elle. –
    C’était l’heure où le soir commence.
    Je vis à l’horizon surgir la lune immense.

  5. Dominique Mongodin dit :

    Cet autre que je n’ai pas lu, étant contraint de quitter l’apéro avant son terme.

    Mon rêve absolu

    Une maison paisible loin des bruits parasites
    Où chaque jour s’endort le fils de mon fils
    Puis quand il se réveille s’en va courir au pré
    Pour jouer, cousins, cousines, libres et nus dans l’herbe
    Pendant ce temps, je pêche dans l’eau calme du lac
    L’esprit toujours secret mais enfin libéré
    Je montre aux enfants la lumière du jour
    Et les ronds que, dans l’eau, dessinent les poissons
    Ils me cueillent quelques fleurs de pissenlit et chantent
    Je leur dis de l’histoire et au goûter gourmand
    Ma lecture se fait lente au rythme de leurs rêves
    Et nous imaginons, ensemble, où elle nous mène
    Le frais couvre nos dos, nous rentrons faire le feu
    Puis le bain dans l’eau chaude, tirée de l’âtre jaune
    Le temps est à la science et à l’ébullition
    Puis mes enfants arrivent, les parents des enfants
    Se parlent en douceur aux effluves du diner
    On a posé les craies au pied du tableau noir
    Où sont encor visibles, alphabet, chiffres et cartes
    Les assiettes d’absents posées comme tous les soirs
    Promettent des histoires qu’ils nous diront bientôt
    Dans un discours aussi paisible que nos nuits.

  6. Dominique Mongodin dit :

    Chez toi, je rêve

    Chez toi la porte reste ouverte
    Puisque tu sais attendre
    Et que tes mains expertes
    Préfèrent donner que prendre.

    Chez toi je n’ai pas peur
    D’être l’indésirable nain
    Puisque je suis au cœur
    D’un merveilleux jardin.

    Chez toi les arbres sont fleuris
    Les branches s’entrelacent
    Dans les bouquets d’épis
    Et les herbes fugaces.

    Chez toi les effluves des fleurs
    Caressent mes narines
    Et je passe mes mains sur leurs
    Tiges sans crainte des épines.

    Chez toi j’entends la musique
    De ton cœur métronome
    Qui joue sa chamade pudique
    Son art de vivre, son génome.

    Chez toi la chaleur est au centre
    De toutes les pièces où tu es
    Et quand je pose sur ton ventre
    Mes yeux j’arrive à la caresser.

    Chez toi tout est calme et serein
    L’encens d’Arménie me repose
    Et m’emmène encore plus loin
    Qu’un voyage en over dose.

    Chez toi tout est bon à manger
    Alors je me sers goulument
    Des mets suaves aux goûts sucrés
    Et me ressers et en reprends.

    Chez toi les éclats des tissus
    Ne cachent pas l’envers du décor
    Ils ne voilent que l’aperçu
    D’un balcon, un créneau, un trésor.

    Chez toi les coussins sont emplis
    Du duvet des plumes d’eiders
    Et je pose ma tête dans leurs plis
    Pour me préserver de l’hiver.

    Chez toi je frôle les rideaux
    Pour garder sur mes doigts
    Le parfum de ta peau
    Quand je suis loin de toi.

    Chez toi le lit défait est doux
    Et je voudrais pour un instant
    M’y endormir contre ta joue
    À l’abri de ton corps fumant.

    Chez toi les matins peut-être s’éternisent
    Des vapeurs brûlantes de tisanes, de thé
    Des tartines aux confitures exquises,
    Des plaisirs innocents et de l’oisiveté.

    Chez toi je connais le plaisir
    Du simple et de la gaieté
    Et je rêve toujours de revenir
    Chez toi où je n’ai fait que passer.

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