L’illustration est de Simone Massi, extrait du recueil « Les mains de ma mère » d’Yvon Le Men édité chez Bruno Doucey
et pour commencer cette série un poème du 8ème siècle !
Un songe de printemps
Durant la nuit, un air de printemps est entré par la fenêtre.
Il sut gagner rapidement les profondeurs de ma chambre.
Il sut trouver mon âme et la fit convoler sur les bords du Yangzi.
Elle se tenait sur la rive, la belle que le printemps m’amène.
Il dura bien peu ce songe de printemps ;
Le temps d’un mouvement sur l’oreiller.
Mais cet instant si court me fit voyager cent lieues.
Chine Jin Zan VIIIème siècle
Gentils coquillages
courant sur les algues
sautant sur le sable
agrippés aux rocs
ou volant peut-être
évitez les plages
où le lourd bipède
recherche avec rage
vos formes parfaites
pour y écouter
le bruit de la mer
si vous êtes là
il vous mangera
pour laisser la place
à un peu d’espace
pour donner le la
du long chant des vagues
gentils coquillages
évitez les plages
RAYMOND QUENEAU
En ce jour tempétueux « Les chevaux du vent » sont d’actualité.
Les chevaux du vent
Souffle le vent, souffle,
souffle sur la plaine
souffle sur l’estran,
piétine ma peine
la crinière au vent!
Souffle le vent, souffle…
Tes naseaux puissants
renversent le chêne
plissent l’océan.
Souffle le vent, souffle,
tes sabots battants
bourradent mes veines
transpercent mon sang.
Que la nuit prochaine,
sur mes bourrèlements,
galopent sans peine
les chevaux du vent!
Michèle PETTAZZONI