En me penchant à ma fenêtre
Je crois entendre dans le noir
Des sons lointains, des voix peut-être ?…
Et mon cœur bat d’un fol espoir.
Sans perdre un instant, j’imagine
Un grand dîner ce soir, chez nous…
J’ai sorti la vaisselle fine
Et débouché un vin blanc doux..
Pour fêter notre anniversaire,
J’ai invité nos souvenirs.
Ils ont accepté sans manières.
Ils sont en route. Ils vont venir…
Le vent s’enroulant aux lilas
Et lissant les troncs gris des hêtres
Portera le bruit de leurs pas
Jusqu’au balcon de ma fenêtre.
Ils auront marché sur la dune
En écrasant quelques œillets,
Et bu de longs rayons de lune
Si bien qu’ils seront un peu gais.
Ils arriveront un par un,
Écartant rideaux et voilages ;
Oublieux de tous les chagrins,
Ils me conteront leurs voyages.
Ils m’offriront des campanules
Et me serreront dans leurs bras
Sous le satin du crépuscule,
M’enveloppant de leur émoi.
Ils cisèleront en silence,
Des mots murmurés tant de fois
Aux vitres froides de l’absence,
Avec les accents de ta voix.
J’aurai déployé sur la table
La longue nappe de lin bleu,
Les sièges seront confortables,
Le couvert sera mis pour deux.
Nos souvenirs auront pris place
Dans la pénombre d’autrefois ;
Nous nous assiérons face à face :
Je dînerai seule… avec toi.
Yvonne Le Meur-Rollet ( 2018)
Ce poème, dans une version légèrement différente, se trouve inséré dans mon dernier recueil de poésie régulière intitulé « Sur es sentiers de la mélancolie » (On peut se procurer ce recueil à la Maison de la Presse de Saint-Jacut de la Mer, ou en s’adressant directement à l’auteur, 02 96 27 70 34)
Rayons de lumière
et vol de poussières
tombent sur mon parquet,
j’avançai,
soleil rond et lune fourchue,
j’avançai ,
l’azur s’emplit de colombes,
j’avançai.
Je ne m’arrêtai que lorsque
je la franchis :
La fenêtre.
A mon tour, merci à vous de maintenir ce lien entre nous grâce à vos textes tous très personnels , écrits avec beaucoup de pudeur et de délicatesse, souvent mélancoliques mais comment réussir à être « primesautier » en ces temps si douloureux à vivre. J’avoue qu’en ce moment personnellement je n’y arrive pas.
Bon après une pause ( Goloso le chat de la maison ayant sauté sur le bureau et fait tomber tous les pots de crayons….peut-être un futur poète félin?), je voudrais remercier plus particulièrement Yvonne qui réussit avec beaucoup de talent je trouve à partager avec nous ce qu’elle a ressenti à la lecture des textes. Elle le fait bien mieux que je ne saurais le faire et ces retours me semblent essentiels à la pérennité de ce projet ( en attendant de se revoir début juillet n’est-ce pas?). Un petit clin d’oeil à Annie qui a écrit un texte sur la Rance qui est Le fleuve de mon enfance lorsque je venais passer mes vacances d’été chez ma grand-mère dans un petit village qui s’appelle…St Samson sur Rance, Annie qui a aussi écrit un texte sur la citadelle de Blaye, ville où j’ai vécu de nombreuses années. La première fois que j’ai entendu ce texte, j’étais étonnée et troublée . Comme des liens invisibles qui se tissent à travers le temps et le hasard des rencontres. Et c’est entre autres pour cette raison que je suis très attachée à « Presqu’île en poésie ».
Bonnes fêtes à vous.
Elisabeth Thomas-loridan
Fenêtre sur Cour
Je t’aime mon Amour
Feu de joie, en folies Douces
Bercée au nord, des frimousses y poussent
Fenêtre sur la vie
En haut, en bas, de jour, de nuit
Mouillée, la mousse est fleur
Rêvée, la reine des coeurs
Fenêtre en Trans
De l’être en pointe de danse
Je vois des gens, ils pensent
Essencés parfois de vie sans sens
Fenêtre exquise en délice
Je vous goutte, pleine de malices
Je babine vos chères bobines
M’inspire, esquisse des roses sans épines
Fenêtre de Vie, sans toi je meurs
Je vis, je traverse ta splendeur
Je suis libre de penser, d’imaginer
Dans la vie toute la beauté
Une toute petite fenêtre
Dans ton coeur, dans ton lit, tes rêves ou ton jardin
Fait jaillir de ton être le pouvoir du magicien
Écrire et contempler la vie de ta fenêtre
Telle une lucarne de tous nos êtres
Bonsoir et Joyeux Noël, quelqu’un m’a parlé du groupe et du thème de ce mois ci. Alors j’ai pris mon stylo et j’ai écrit ces quelques lignes. Peut être que je ne correspond pas à vos critères pour être validée. Y a t il des règles?Belle soirée. Pervenche
Assis à la fenêtre aux larges vitres claires,
Je regarde le ciel très bleu, et je me mens,
Effaçant du passé les cris et les colères
Pour ne me souvenir que des heureux moments.
J’invente des étés aux lentes promenades ,
Des automnes de feu s’enroulant aux sarments ,
De longs soleils d’hiver qui dorent la cascade,
Des printemps de lilas et de rires d’enfants.
J’imagine une femme attentive et fidèle,
Présente à mes côtés, partageant mes repas,
M’encourageant toujours en épouse modèle,
Et toujours prête aussi à m’ouvrir grands ses bras.
Je dévide le fil et retisse la trame
De nos jours délavés et détrempés de pleurs,
Oubliant les regrets, les conflits et les drames
Qui déchiraient nos nuits pesantes de rancœurs.
Je voudrais tant revoir en ouvrant la croisée
Ces amants éperdus que nous fûmes un temps,
Lorsque nous enlaçant pour remonter l’allée,
Le désir bousculait nos deux cœurs trébuchants.
Toute trace de toi, d’ici s’est envolée :
Ton châle, ton parfum et le son de ta voix
Ont quitté comme toi nos saisons naufragées,
Emportant vers un autre une moitié de moi.
Une ombre se dessine, avançant sous les hêtres
Marchant tranquillement jusqu’au bord de l’étang.
Un fol espoir me prend : l’amour pourrait renaître,
Tu lèverais les yeux vers moi, me souriant…
Ma main triste s’égare en caressant la place
Où tu aimais t’asseoir au soleil le matin,
Et croyant voir surgir ton profil dans la glace,
Je lisse sous mes doigts mon lumineux chagrin.
Merci Annie pour ce poème qui donne envie de découvrir Sixt-sur- Aff (que j’ai réussi à localiser grâce à internet). Ta poésie permet de voyager au pays des arbres et des rêves de communion avec la nature.
De ma fenêtre je regarde le ciel
Autour de moi c’est le silence
Le silence d’une nuit apaisée
Juste le souffle léger de DO endormi dans mes bras
Les yeux fermés je le berce doucement
Je ne dors pas, je ne veux pas je ne veux pas dormir
Je veux rester là à la fenêtre
Sentir
Son petit corps chaud contre moi
L’immensité du ciel étoilé au-dessus de ma tête
Et m’y perdre jusqu’au lever du jour
De fines gouttelettes de pluie tombent sur nos visages
On dirait que dans son sommeil DO sourit
Il a fait si chaud aujourd’hui
L’air frais sur ma peau nue me fait frissonner
Comme une légère caresse
Et puis soudain dans le ciel
Une lente vibration
Venue de très loin
Mon coeur bat un peu plus fort
Je resserre mes bras autour de DO
Mon corps tout entier est tendu vers ce grondement lointain
Mes lèvres remuent en silence
Comme une prière muette
Malgré le tumulte que fait mon coeur
J’entends gronder le ciel
De plus en plus près de plus de plus en plus fort
Dans la rue sombre des ombres s’agitent courent dans tous les sens s’enfuient en criant
Et puis soudain…….
Le ciel s’illumine d’une lumière aveuglante
Une immense déflagration déchire la nuit
Les murs autour de moi tremblent
Et dans un fracas assourdissant
L’immeuble d’en face s’embrase et s’écroule
Des ombres sortent en hurlant tombent se relèvent soulèvent des corps inanimés tentent d’échapper au rideau de flammes qui les entoure
DO hurle dans mes bras tremblants
Je passe doucement ma main sur sa joue recouverte de cendre
Il est trop tard pour fuir.
Elisabeth Thomas-Loridan – texte revu et corrigé le 16 / 12 / 2020 –
Le passage de la vision apaisée des premiers vers aux images de tumulte, de guerre et de feu qui se lèvent à partir de « Et puis soudain dans le ciel… » crée une impression de peur croissante et d’impuissance devant le danger. Cette impression est renforcée par le rythme et les sonorités qui sont en adéquation avec ce que ressent et perçoit la narratrice. Ce beau poème chargé d’une grande force évocatrice bouscule le lecteur et le transporte au cœur d’un spectacle assourdissant et cauchemardesque. Bravo pour ce texte que je trouve très réussi.
Au chaud derrière la fenêtre
Je regarde le ciel assombri,
Les nuages passent au ralenti…
Un vol de passereaux gris
Jaillit en contre jour, virevoltant,
Rapide comme la queue d’un cerf volant.
Le grand saule pleureur s’épanche
De toutes les feuilles de ses branches,
Papillons affolés,
elles hésitent et cherchent où se poser.
Au loin les vieux hêtres
Ignorant leurs moignons,
Dressent fièrement la crête
Au – delà des maisons.
Sur la vitre, j’ébauche un personnage,
Je remballe mon envie,
Pas de buée sur le double vitrage….
Le triste vent d’automne
Slame dans les huisseries
Des paroles monotones…..
Je revois mon parcours des saisons;
Mon hiver n’est pas loin,
Alors que le ciel en chagrin,
Pleure sur les joues du pignon,
Ruisselle sur les carreaux
Et trouble mon regard aussitôt
Louisette Montagne
commentaire Yvonne Lemeur-Rollet
Dans ce poème impressionniste, une observatrice » au chaud derrière sa fenêtre » » pose son regard de peintre sur les formes, les couleurs et les mouvements que lui offre la nature en automne. L’impression d’ensemble est fortement teintée de mélancolie car la ronde des saisons fait prendre conscience de la fuite du temps. Merci Louisette de nous faire partager ton regard attentif sur l’univers qui t’entoure et de nous dévoiler ta sensibilité dans cette vision du monde où » le ciel chagrin pleure » et où les larmes retenues avec beaucoup de pudeur, parviennent à faire naître l’émotion chez tes lecteurs.
Ce poème tendre et nostalgique traduit avec délicatesse les émois de l’adolescent fasciné par l’image de « la fille d’en face » à qui la fenêtre sert d’écrin. L’imagination se charge de faire le reste: la fille devient une » princesse emprisonnée », inaccessible, « jalousement gardée ». Et c’est ainsi que le Voyeur devient Poète. Merci Dominique.
La fenêtre est ouverte pour l’air frais du matin
Pour la chaleur du jour, pour éclairer l’amour
Pour le cri des oiseaux, pour le chat effronté
Pour la pluie en chemin, pour le vent essouflé
C’est le lien vers la vie, le risque permanent
Le choix délibéré de l’intranquillité
L’ouverture au présent avec curiosité
La fenêtre est fermée, elle cache les secrets
La cuisine enfumée empeste le grillé
Le poireau, l’oignon frit, l’odeur de chien mouillé
L’enfant est confiné, il pleure ou il se tait
La poussière l’étouffe, lui vole ses idées
J’ai lu et relu ce poème pour m’imprégner de ce mélange de douleur et de douceur que traduit si bien la musique de tes mots. Dans ton poème, la fenêtre permet de percevoir la vie et les mouvements au dehors : la feuille qui s’élance , le vent d’automne, les arbres , le chat qui danse … alors que celle qui regarde, immobile derrière sa vitre, s’enferme dans son chagrin et son silence. . Tant de choses sont dites avec élégance et sobriété comme tu sais si bien le faire. Merci.
Une Fenêtre
Fenêtre ouverte aujourd’hui
Sur des lendemains sereins
Demain sur l’avenir et l’espoir
Fenêtre ouverte sur le soleil
L’hiver sur un ciel étoilé
L’été sur une mer Méditerranée
Fenêtre ouverte sur l’ailleurs
L’ ici, le sourire d’un enfant
Les éclats de rires d’une maman
S’ouvriront-elles ces fenêtres ?
Enfin, sur un monde plus juste, dis ?
Sur une année nouvelle ? Oui !
Fenêtre ouverte sur la ville
Une photo prise au hasard
Sur un trottoir, belles-à-voir
Une fenêtre vue d’la rue jolie
La fille ! À l’envie l’embrasser Comme avant l’confinement…
Une fenêtre s’ouvre? Où ! Là !
Alors, tout espoir est permis
Même les bisous, les câlins ?
Ben oui !
Xavier Pierre
Janvier 2021
Invitation
En me penchant à ma fenêtre
Je crois entendre dans le noir
Des sons lointains, des voix peut-être ?…
Et mon cœur bat d’un fol espoir.
Sans perdre un instant, j’imagine
Un grand dîner ce soir, chez nous…
J’ai sorti la vaisselle fine
Et débouché un vin blanc doux..
Pour fêter notre anniversaire,
J’ai invité nos souvenirs.
Ils ont accepté sans manières.
Ils sont en route. Ils vont venir…
Le vent s’enroulant aux lilas
Et lissant les troncs gris des hêtres
Portera le bruit de leurs pas
Jusqu’au balcon de ma fenêtre.
Ils auront marché sur la dune
En écrasant quelques œillets,
Et bu de longs rayons de lune
Si bien qu’ils seront un peu gais.
Ils arriveront un par un,
Écartant rideaux et voilages ;
Oublieux de tous les chagrins,
Ils me conteront leurs voyages.
Ils m’offriront des campanules
Et me serreront dans leurs bras
Sous le satin du crépuscule,
M’enveloppant de leur émoi.
Ils cisèleront en silence,
Des mots murmurés tant de fois
Aux vitres froides de l’absence,
Avec les accents de ta voix.
J’aurai déployé sur la table
La longue nappe de lin bleu,
Les sièges seront confortables,
Le couvert sera mis pour deux.
Nos souvenirs auront pris place
Dans la pénombre d’autrefois ;
Nous nous assiérons face à face :
Je dînerai seule… avec toi.
Yvonne Le Meur-Rollet ( 2018)
Très beau poème Yvonne.
Gilles
Ce poème, dans une version légèrement différente, se trouve inséré dans mon dernier recueil de poésie régulière intitulé « Sur es sentiers de la mélancolie » (On peut se procurer ce recueil à la Maison de la Presse de Saint-Jacut de la Mer, ou en s’adressant directement à l’auteur, 02 96 27 70 34)
La fenêtre
Rayons de lumière
et vol de poussières
tombent sur mon parquet,
j’avançai,
soleil rond et lune fourchue,
j’avançai ,
l’azur s’emplit de colombes,
j’avançai.
Je ne m’arrêtai que lorsque
je la franchis :
La fenêtre.
Zoé d’Aubuisson , 10 ans
Merci Zoé, et bravo pour ce poème empli d’images mouvantes et lumineuses.
Merci de m’encourager !
A mon tour, merci à vous de maintenir ce lien entre nous grâce à vos textes tous très personnels , écrits avec beaucoup de pudeur et de délicatesse, souvent mélancoliques mais comment réussir à être « primesautier » en ces temps si douloureux à vivre. J’avoue qu’en ce moment personnellement je n’y arrive pas.
Bon après une pause ( Goloso le chat de la maison ayant sauté sur le bureau et fait tomber tous les pots de crayons….peut-être un futur poète félin?), je voudrais remercier plus particulièrement Yvonne qui réussit avec beaucoup de talent je trouve à partager avec nous ce qu’elle a ressenti à la lecture des textes. Elle le fait bien mieux que je ne saurais le faire et ces retours me semblent essentiels à la pérennité de ce projet ( en attendant de se revoir début juillet n’est-ce pas?). Un petit clin d’oeil à Annie qui a écrit un texte sur la Rance qui est Le fleuve de mon enfance lorsque je venais passer mes vacances d’été chez ma grand-mère dans un petit village qui s’appelle…St Samson sur Rance, Annie qui a aussi écrit un texte sur la citadelle de Blaye, ville où j’ai vécu de nombreuses années. La première fois que j’ai entendu ce texte, j’étais étonnée et troublée . Comme des liens invisibles qui se tissent à travers le temps et le hasard des rencontres. Et c’est entre autres pour cette raison que je suis très attachée à « Presqu’île en poésie ».
Bonnes fêtes à vous.
Elisabeth Thomas-loridan
Fenêtre
Fenêtre sur Cour
Je t’aime mon Amour
Feu de joie, en folies Douces
Bercée au nord, des frimousses y poussent
Fenêtre sur la vie
En haut, en bas, de jour, de nuit
Mouillée, la mousse est fleur
Rêvée, la reine des coeurs
Fenêtre en Trans
De l’être en pointe de danse
Je vois des gens, ils pensent
Essencés parfois de vie sans sens
Fenêtre exquise en délice
Je vous goutte, pleine de malices
Je babine vos chères bobines
M’inspire, esquisse des roses sans épines
Fenêtre de Vie, sans toi je meurs
Je vis, je traverse ta splendeur
Je suis libre de penser, d’imaginer
Dans la vie toute la beauté
Une toute petite fenêtre
Dans ton coeur, dans ton lit, tes rêves ou ton jardin
Fait jaillir de ton être le pouvoir du magicien
Écrire et contempler la vie de ta fenêtre
Telle une lucarne de tous nos êtres
Pervenche Mahé .M.
Bonsoir et Joyeux Noël, quelqu’un m’a parlé du groupe et du thème de ce mois ci. Alors j’ai pris mon stylo et j’ai écrit ces quelques lignes. Peut être que je ne correspond pas à vos critères pour être validée. Y a t il des règles?Belle soirée. Pervenche
Bienvenue sur le site , Pervenche, et merci de votre participation qui se concrétise par l’envoi d’un très joli poème.
L’amant triste
Assis à la fenêtre aux larges vitres claires,
Je regarde le ciel très bleu, et je me mens,
Effaçant du passé les cris et les colères
Pour ne me souvenir que des heureux moments.
J’invente des étés aux lentes promenades ,
Des automnes de feu s’enroulant aux sarments ,
De longs soleils d’hiver qui dorent la cascade,
Des printemps de lilas et de rires d’enfants.
J’imagine une femme attentive et fidèle,
Présente à mes côtés, partageant mes repas,
M’encourageant toujours en épouse modèle,
Et toujours prête aussi à m’ouvrir grands ses bras.
Je dévide le fil et retisse la trame
De nos jours délavés et détrempés de pleurs,
Oubliant les regrets, les conflits et les drames
Qui déchiraient nos nuits pesantes de rancœurs.
Je voudrais tant revoir en ouvrant la croisée
Ces amants éperdus que nous fûmes un temps,
Lorsque nous enlaçant pour remonter l’allée,
Le désir bousculait nos deux cœurs trébuchants.
Toute trace de toi, d’ici s’est envolée :
Ton châle, ton parfum et le son de ta voix
Ont quitté comme toi nos saisons naufragées,
Emportant vers un autre une moitié de moi.
Une ombre se dessine, avançant sous les hêtres
Marchant tranquillement jusqu’au bord de l’étang.
Un fol espoir me prend : l’amour pourrait renaître,
Tu lèverais les yeux vers moi, me souriant…
Ma main triste s’égare en caressant la place
Où tu aimais t’asseoir au soleil le matin,
Et croyant voir surgir ton profil dans la glace,
Je lisse sous mes doigts mon lumineux chagrin.
Yvonne Le Meur-Rollet décembre 2020
Sixt sur Aff
Nous sommes venus
habiter les arbres
là où le ciel
entre dans la maison
où les nuages sortent et rentrent
par la fenêtre
Le soir quand la lumière décline
nous dormons dans l’odeur des bêtes
près des chênes centenaires
Ils respirent avec nous, paisiblement
ils montrent des chemins
Près de la rivière
Annie Coll
Merci Annie pour ce poème qui donne envie de découvrir Sixt-sur- Aff (que j’ai réussi à localiser grâce à internet). Ta poésie permet de voyager au pays des arbres et des rêves de communion avec la nature.
La Rance
Ce soir la Rance s’est retirée
il ne reste de ce large bras de mer
qu’un mince filet d’eau
Et les bateaux, si lisses, si beaux
restent penchés, solitaires
quillés stupidement
de travers
Je regarde du haut de ma fenêtre
des formes d’hommes
qui grattent la terre
Le soleil à huit heures ce soir
nous donne une lumière verte
et ces hommes, un peu extra-terrestres
luisent comme des coquillages dans le noir
Annie Coll
Soudain dans le ciel
De ma fenêtre je regarde le ciel
Autour de moi c’est le silence
Le silence d’une nuit apaisée
Juste le souffle léger de DO endormi dans mes bras
Les yeux fermés je le berce doucement
Je ne dors pas, je ne veux pas je ne veux pas dormir
Je veux rester là à la fenêtre
Sentir
Son petit corps chaud contre moi
L’immensité du ciel étoilé au-dessus de ma tête
Et m’y perdre jusqu’au lever du jour
De fines gouttelettes de pluie tombent sur nos visages
On dirait que dans son sommeil DO sourit
Il a fait si chaud aujourd’hui
L’air frais sur ma peau nue me fait frissonner
Comme une légère caresse
Et puis soudain dans le ciel
Une lente vibration
Venue de très loin
Mon coeur bat un peu plus fort
Je resserre mes bras autour de DO
Mon corps tout entier est tendu vers ce grondement lointain
Mes lèvres remuent en silence
Comme une prière muette
Malgré le tumulte que fait mon coeur
J’entends gronder le ciel
De plus en plus près de plus de plus en plus fort
Dans la rue sombre des ombres s’agitent courent dans tous les sens s’enfuient en criant
Et puis soudain…….
Le ciel s’illumine d’une lumière aveuglante
Une immense déflagration déchire la nuit
Les murs autour de moi tremblent
Et dans un fracas assourdissant
L’immeuble d’en face s’embrase et s’écroule
Des ombres sortent en hurlant tombent se relèvent soulèvent des corps inanimés tentent d’échapper au rideau de flammes qui les entoure
DO hurle dans mes bras tremblants
Je passe doucement ma main sur sa joue recouverte de cendre
Il est trop tard pour fuir.
Elisabeth Thomas-Loridan – texte revu et corrigé le 16 / 12 / 2020 –
Le passage de la vision apaisée des premiers vers aux images de tumulte, de guerre et de feu qui se lèvent à partir de « Et puis soudain dans le ciel… » crée une impression de peur croissante et d’impuissance devant le danger. Cette impression est renforcée par le rythme et les sonorités qui sont en adéquation avec ce que ressent et perçoit la narratrice. Ce beau poème chargé d’une grande force évocatrice bouscule le lecteur et le transporte au cœur d’un spectacle assourdissant et cauchemardesque. Bravo pour ce texte que je trouve très réussi.
LA FENETRE
Au chaud derrière la fenêtre
Je regarde le ciel assombri,
Les nuages passent au ralenti…
Un vol de passereaux gris
Jaillit en contre jour, virevoltant,
Rapide comme la queue d’un cerf volant.
Le grand saule pleureur s’épanche
De toutes les feuilles de ses branches,
Papillons affolés,
elles hésitent et cherchent où se poser.
Au loin les vieux hêtres
Ignorant leurs moignons,
Dressent fièrement la crête
Au – delà des maisons.
Sur la vitre, j’ébauche un personnage,
Je remballe mon envie,
Pas de buée sur le double vitrage….
Le triste vent d’automne
Slame dans les huisseries
Des paroles monotones…..
Je revois mon parcours des saisons;
Mon hiver n’est pas loin,
Alors que le ciel en chagrin,
Pleure sur les joues du pignon,
Ruisselle sur les carreaux
Et trouble mon regard aussitôt
Louisette Montagne
commentaire Yvonne Lemeur-Rollet
Dans ce poème impressionniste, une observatrice » au chaud derrière sa fenêtre » » pose son regard de peintre sur les formes, les couleurs et les mouvements que lui offre la nature en automne. L’impression d’ensemble est fortement teintée de mélancolie car la ronde des saisons fait prendre conscience de la fuite du temps. Merci Louisette de nous faire partager ton regard attentif sur l’univers qui t’entoure et de nous dévoiler ta sensibilité dans cette vision du monde où » le ciel chagrin pleure » et où les larmes retenues avec beaucoup de pudeur, parviennent à faire naître l’émotion chez tes lecteurs.
La fille d’en face
La fille d’en face regardait
Toujours par la même vitre
L’univers qui lui était permis
De voir à travers l’ouverture.
Je voyais là une princesse
Que je savais abandonnée
À ne jamais changer de pièce
Fille de roi emprisonnée.
Enfermée dans un châssis
De fenêtre, cadenassée
Une œuvre clouée dans un cadre
Et jalousement gardée.
Ébahi et frivole
J’espérais qu’elle était
Par l’histoire sans parole
Comme moi attirée.
Son regard sans lumière
Se noyait dans la ruche
Agitée et urbaine
D’un monde opposé au nôtre.
Je me souviens de ses cheveux
Coupés au carré, courts et blonds
Et clairs et grands ouverts, ses yeux
Sous la mèche couvrant son front.
Elle se projetait au dessus
Du boulevard qui nous séparait
À la manière d’une bouteille
Désespérément lancée en mer.
Jamais elle ne sortait
Je l’aurais reconnue
Alors que son portrait
Me restait inconnu.
Des jours durant elle venait
Aux rendez-vous que nous
Avions convenus au fil
Des mois à nous guetter.
Je ne lui fis jamais un signe
Le geste m’était indécent
Je me serais trouvé indigne
De mes chimères d’adolescent.
L’inconnue m’est restée inconnue
Même si je m’aventure
Bien des années plus tard
À tirer les rideaux.
Je garde en mes secrets
Et le reflet des glaces
La coiffure argentée
De la fille d’en face.
Dominique Mongodin
Ce poème tendre et nostalgique traduit avec délicatesse les émois de l’adolescent fasciné par l’image de « la fille d’en face » à qui la fenêtre sert d’écrin. L’imagination se charge de faire le reste: la fille devient une » princesse emprisonnée », inaccessible, « jalousement gardée ». Et c’est ainsi que le Voyeur devient Poète. Merci Dominique.
La fenêtre
La fenêtre est ouverte pour l’air frais du matin
Pour la chaleur du jour, pour éclairer l’amour
Pour le cri des oiseaux, pour le chat effronté
Pour la pluie en chemin, pour le vent essouflé
C’est le lien vers la vie, le risque permanent
Le choix délibéré de l’intranquillité
L’ouverture au présent avec curiosité
La fenêtre est fermée, elle cache les secrets
La cuisine enfumée empeste le grillé
Le poireau, l’oignon frit, l’odeur de chien mouillé
L’enfant est confiné, il pleure ou il se tait
La poussière l’étouffe, lui vole ses idées
Ouvre donc la fenêtre pour pouvoir respirer
Dominique Verdé de Lisle
Bel éloge de la liberté, la curiosité et l’ouverture au monde et aux autres!
Par la fenêtre
Cette douleur qui est mienne,
toi la feuille,
emporte-la …
Dans le vent d’automne
qui t’élance
d’arbre en arbre
de terre à trépas.
Cette douleur qui me tance
toi, le chat, emporte-la …
Fais-la rouler
dans ta danse,
déchire-la,
dévore-la.
Cette douleur de l’absence
ô mon cœur,
regarde-la …
Fais-la couler
où bon te semble,
dans tes veines bleues
de silences …
Qu’elle s’y noie,
muette,
comme moi.
Michèle PETTAZZONI
J’ai lu et relu ce poème pour m’imprégner de ce mélange de douleur et de douceur que traduit si bien la musique de tes mots. Dans ton poème, la fenêtre permet de percevoir la vie et les mouvements au dehors : la feuille qui s’élance , le vent d’automne, les arbres , le chat qui danse … alors que celle qui regarde, immobile derrière sa vitre, s’enferme dans son chagrin et son silence. . Tant de choses sont dites avec élégance et sobriété comme tu sais si bien le faire. Merci.