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Festival en poésie "LA HOULE DES MOTS : EXIL, EX-ILE , Je ne suis pas d'ici, je ne suis plus d'ailleurs". 25,26,27,28 juillet 2024 à Saint-Jacut-de-la-Mer.-
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« Rives » thème de l’apéro-poétique du vendredi 24 novembre, 18h30 chez Virginie.
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Baigneuse.
Tu n’as pas retrouvé la sente sur la rive,
Ni le rideau de joncs qui cachait ton trésor
Aux regards indiscrets des pêcheurs en eau vive,
Venus pour la ravir, ta baigneuse aux yeux d’or.
Les socs ont aplani les talus du bocage,
Les haches ont fendu les troncs éparpillés,
Seuls les pins et les houx conservent leur feuillage,
Les saules sont en deuil, par l’hiver dépouillés.
Tu ne peux oublier que la belle nageuse,
Qui s’approcha du bord en tordant ses cheveux,
Te fit croire, au printemps, qu’elle était amoureuse:
Vos deux corps crépitaient embrasés par ses jeux…
Le feu monta si haut, fulgurante étincelle,
Que le clocher voisin s’alarma des brûlots.
Des jouvenceaux ardents découvrirent la belle
Qui partit attiser de nouveaux braseros.
Aujourd’hui, tu vas seul, pleurant sur l’infidèle
Dont le rire perlait aux berges du canal.
Ton regard bleu se perd dans l’onde qui recèle
Vos reflets enlacés, nostalgique fanal.
Yvonne Le Meur-Rollet
LES RIVES DE TON CORPS
Les deux rives de ton corps sont sans limites. J’effleure du bout des doigts l’intangible texture de ta peau, inconcevablement soyeuse. J’en explore les contours sans que mes mains n’en décèlent ni le commencement ni la fin.
Je longe sans discontinuer tes rives avec l’attention extrême d’un explorateur découvrant
un nouveau continent, devinant entre les roches des reliefs abruptes un possible port d’échouage, recherchant la passe salutaire lui ouvrant la voie vers de nouvelles terres. Terra incognita. Liberté nouvelle et nouvelles peurs aussi.
Rivé à toi, je m’échoue sur ton rivage à chaque marée de mon corps. Plus aucune frontière n’existe entre nous. Nous coulons l’un dans l’autre comme le fleuve rencontrant
la mer et la mer accueillant les eaux trop douces pour elle.
Les bords de l’eau du fleuve et la ligne de côte salée se rejoignent, sans que nul ne puisse dire où débute l’une et où finit l’autre.
Ayant franchi les eaux mouvantes de l’estuaire, je remonte avec une lenteur extrême
le fleuve que seul retient ta peau.
Mais soudain les rives disparaissent. Nous dérivons inconscients comme deux bateaux ivres, dansant, tournoyant, saisis par les remous, par les tourments, par l’émotion irrépressible.
Nous avons rendu les armes, perdu les rames. Les rives du temps ont disparu.
Jean-Bernard Vivet
Saint-Suliac, 20 novembre 2023
VACILLEMENT
Sur les rives de tes baisers
un goût salé, une petite amertume
Sur les rives de tes caresses
une distance, un effort perceptible
Sur les rives de tes regards
une fuite, légère, comme un pas de côté
Sur les rives de ton écoute
une absence, une distraction
Je te perds, tu ne le sais pas encore
Ame vacillante
Contrées indicibles où tu t’éloignes
Toi soudain l’étranger
EXIL
Je longe le fleuve, l’effroi me saisit
L’eau charrie des lambeaux de vie,
De mémoire individuelle et collective
Des ombres menaçantes s’élèvent sur l’autre rive
Un mur interdit tout passage, tout regard sur l’autre monde
Ma colère monte, j’ai envie de crier, de frapper
Ma vie, ma liberté, mon avenir
Tout dépend de la rive sur laquelle je suis né
L’injustice me tord le ventre
La vie tient à un fil
Ma vie tient à une rive
Françoise Sartorio
Entre deux rives
Ma vie navigue entre deux rives,
le rêve et la réalité,
bateau balloté par les brises,
hanté par la peur de sombrer.
L’astre impavide éclaire un monde,
un autre dort dessous nos pieds,
l’éclat d’onyx des eaux profondes
ne cesse pas de m’attirer.
La proue frôle tant de secrets,
ignorante dans ses aguets,
et la calle est pleine à craquer
de souvenirs entremêlés.
L’esquif continue ses rondes
quelle main viendra l’arrimer ?
Tous les noirs nuages du monde
ne l’empêchent pas d’avancer.
Michèle PETTAZZONI
Accroché à la rive
Je vais me promener sur le large canal
Qui s’étend lentement en caressant ses rives.
Je me laisse emporter par les eaux du chenal
Plus douces que mes peurs, affligeantes dérives.
Puis je m’attarde au soir près des berges herbeuses.
Mes amarres tendues, lorsque la brune arrive,
Protègent mon esprit des nuits aventureuses
Alors que j’aperçois les ébats de la grive.
L’oiseau sait respecter ce que j’ai négligé
Quand j’étais arrogant face à la mer houleuse
Et toujours plus fougueux à me croire obligé
De provoquer le vent sous ma rage pilleuse.
Je retrouve ce que j’avais tant oublié
Qui m’était superflu, que j’avais interdit.
J’entends prendre le temps, celui que j’ai trié
Depuis que toute urgence a perdu mon crédit.
Je dois prendre le temps, il est temps que j’écrive
Que la flore m’embaume et la faune me dit
Qu’il faut goûter chaque heure accroché sur la rive
Avant de découvrir ce qui nous est prédit.
Quand j’attends à l’écluse aucun retard ne prive
Mon œil de s’échapper avant de repartir
Vers le prochain estuaire où je dirai : ‘’J’arrive !’’
Conquérant et comblé de pouvoir l’investir.
Merci Dominique pour ce poème riche d’images et de sagesse. La musique des mots et le rythme des vers évoquent avec bonheur la longue et lente promenade d’une embarcation sur un canal. Très belle métaphore du cheminement de la vie avec ses craintes, ses attentes, ses désirs et ses impatiences contenues entre les rives du temps…