Sur le thème ‘Insolite’, 1 poème de Michèle Pettazzoni

Jeu d’ossements

Mon corps est un tombeau vivant
s’enchevêtrent depuis longtemps
les vieux os de mes ascendants….
Ils m’accompagnent tout le temps,
c’est usant!

Parfois je leur crie qu’ils s’en aillent
-n’être qu’à moi seule un moment –
mais ils s’unissent, les canailles,
bras de fer, jeu d’ossuaire,
c’est craquant !

Je vis avec, ils sont mon sang
mémoire vive et mon présent,
je les emporte à travers champs,
jamais sous terre, toujours fringants,
mes os blancs!

Sont sensibles à mes tourments,
se raidissent…et je tiens bon,
quand s’effondrera la charpente
ils accueilleront mes os tendres,
chers parents !

Michèle Pettazzoni,
lu lors de l’apéro-poétique du 14 décembre 2018

Publié dans A la Une | Laisser un commentaire

Sur le thème ‘Insolite’, 1 texte d’Yvonne Le Meur-Rollet

L’insolite, qu’est-ce que l’insolite ?
C’est le mot « Liberté » gravé sur le fronton d’une prison, c’est le slogan en fer forgé affirmant que « le travail rend libre » au-dessus de l’entrée du camp de Dachau.

L’insolite, c’est quand l’ouvrier bafoué, exploité, parle soudain à son patron avec mépris, et lui crache au visage.
C’est lorsqu’un bleu de travail taché d’huile et de poussière, devient le symbole de la fierté et du courage.
C’est lorsqu’une femme battue exhibe ses seins couverts de bleus et que le policier enregistre sa plainte sans ricaner et en baissant la tête.

L’insolite, c’est quand un écureuil oblige un lion à entrer dans la cage et à marcher, marcher, pour faire tourner la roue.
L’insolite, c’est quand un général ordonne à ses hommes de rester dans la tranchée, et, qu’oubliant ses étoiles, il court à découvert pour ramener à l’abri, un soldat blessé par un obus.

L’insolite, c’est quand un enfant riche découvre la faim et se jette sur un morceau de pain rassis.
C’est quand un yacht de milliardaire se déroute pour aller secourir des hommes venus de loin et qui ne se sont pas noyés en Méditerranée.
L’insolite, c’est lorsque des cardinaux et des ministres franchissent le Col de l’Echelle,par une nuit d’hiver, et que leurs orteils gèlent dans la neige.

L’insolite, c’est lorsque, dans un musée, le pape , touché par une météorite est couché à terre, vêtu de blanc, et qu’il a perdu l’une de ses chaussures italiennes de cuir fauve.

L’insolite, c’est quand Galilée, qu’on a forcé à se parjurer, s’écrie: «  Et pourtant elle tourne », quand Gavroche chante sur la barricade « Je suis tombé par terre c’est la faute à Voltaire, le nez dans le ruisseau, c’est la faute à Rousseau » avant de tomber sous la mitraille.

Et, c’est aussi quand un gamin lance « Salut Manu » au président en visite officielle dans sa ville.

L’insolite, c’est lorsqu’un homme enchaîné découvre soudain qu’il peut s’envoler.
C’est quand un mur tombe et que les frères encore séparés la veille s’embrassent en pleurant , tandis qu’un grand virtuose joue du violoncelle.

C’est quand des citrouilles deviennent carrosses , que des grenouilles sortent de la bouche des méchantes princesses, que les tapis se mettent à voler, et qu’un enfant perché sur le dos d’une oie sauvage découvre la beauté du monde.

L’insolite, c’est tout ce qui est étrange, inhabituel, bizarre, inattendu, inaccoutumé, surprenant , ou… merveilleux, comme cette soirée où nous sommes réunis ici, dans ce bar chaleureux, chez Virginie, pour partager des verres emplis de rêves et échanger des mots riches d’imaginaire et de poésie.

Yvonne Le Meur-Rollet, décembre 2018

Publié dans A la Une, Mots de grands, Mots en cadeau | Un commentaire

Concert-théâtre « Discours à ma nation » – Cie l’individu – à la Goëlette le 16 décembre 12h30

Concert-théâtre « Discours à ma nation »

Selman Reda (au texte) & Yann Synaeghel (à la musique) – Cie l’individu

Dimanche 16 décembre à 12h30 à la Goëlette, Saint-Jacut de la Mer

« C’est un concert de théâtre, ça dure une heure, c’est autant triste que drôle que profond, ça raconte l’histoire de quelqu’un qui te ressemble, ça raconte que le monde ne change pas mais que seule ta place dans le monde change, (enfin ça, c’est les puissants qui le disent), mais ça raconte aussi tout l’inénarrable de nos vies. Parce que les temps sont durs, mais modernes. » Cie l’individu

 

Publié dans A la Une, Evénements poétiques, Liens poétiques | Un commentaire

Soutien aux projets à vocation humanitaire en Afrique

L’association Back to Africa vous invite à une soirée africaine

organisée le 15 décembre prochain à Saint-Jacut de la Mer.

Les profits obtenus serviront à la réalisation de projets humanitaires en Afrique.

Première publication le 2 décembre 2018

Publié dans A la Une | Laisser un commentaire

Sur le thème ‘Silence’, 1 poème de Stéphane Besnard

Le silence est-il un bruit bâillonné dès l’enfance
Est-il un bruit infirme sourd et muet à sa naissance
Est-il un bruit kidnappé et réduit au silence
Peut-être est-il un bruit si vieux qu-il est devenu taciturne

Le bruit et le silence vont-ils se déclarer la guerre
Quels sons quelles armes le bruit va-t-il produire
Le silence peut-il défier le fracas que font les batailles
Peut-il sans subir de représailles vouloir remporter la victoire

Faut-il imposer lourdement tous les silences
Les taxer d’intolérance envers le moindre bruit
Et si les silences se révoltaient aussi à leur tour
Attention il y a des silences qui font beaucoup de bruit

Sachez que les silences sont quelque part derrière les bruits
Ils se promènent à pas feutrés ont appris à dire chut
Comme de petites bestioles effarouchées se sont tapies
Chacun attend son heure et du courage pour bondir apparaître
Pour engloutir le maximum de bruits et s’en repaître

Parfois un peu plus hardis ils voyagent incognito
Vous pourrez les deviner à l’ombre des pantomimes
Il ont peut-être soudoyé les mimes de Marceau

Alors les bruits vont-ils se taire pour goûter le silence
Et les silences vont-ils négocier des moments de vacarme
les bruits vont-ils s’éteindre dans le silence
et les silences vont-ils être étouffés par les bruits

Stéphane Besnard, novembre 2018

Publié dans A la Une, Mots de grands, Mots en cadeau | Laisser un commentaire

Sur le thème ‘Silence’, 1 poème de Khamylle-Abel Delalande

Le Silence

*
Comme un drap vaporeux
sur la falaise
qui lèche la pierre
et rugit contre l’eau
comme une langue d’incendie
crépitant parmi les buissons du jour
le silence s’appuie
sur l’éphémère
sur la brume des mots
que taisent les abîmes
libérant les non-dits
et le souffle
et l’haleine primordiale
dans laquelle le vent
se mélange à la nuit

le silence s’appuie
et le monde avec lui s’éteint
simple lumière ténébreuse
qui parle avec le goût du temps aux lèvres.

*
le silence meurt en moi
comme une ombre au tain gracile
il meurt sans escorte
et sans nulle trace d’éternité

il meurt et se renouvelle
avec l’automne revenu
dispersant ses essaims de nuit
semant à tout va le calme pâle dont il est fait

aucune soif pour l’irriguer
aucune faim à satisfaire
il meurt comme un écho
sur ma peau orpheline
comme une éclipse
sur la paroi de l’évidence

il meurt en moi
et revit dans ton corps
comme un appel anonyme
pour nous unir en cette estampe
que la nuit a usée.

Khamylle-Abel Delalande, novembre 2018

Publié dans A la Une, Mots de grands, Mots en cadeau | Laisser un commentaire